Dès l’annonce de sa formation, le 11 octobre 2021, le nouveau gouvernement a été traité de tous les noms réducteurs par ses détracteurs : «instance putschiste», «gouvernement illégal», «gouvernement inconstitutionnel»… A la tête de ce gouvernement, Najla Bouden a eu droit à des qualificatifs peu glorieux : «simple vitrine cachant les agissements de Kaïs Saïed», «un décor de façade», «écran de fumée».

Abou SARRA

Et pourtant, à peine un mois après sa nomination, le nouveau gouvernement commence à gagner en visibilité et à se distinguer de ses prédécesseurs par son style de gouvernance et par sa volonté de sortir de la crise – qui est sa mission principale.

Il se démarque par son homogénéisation, par l’esprit d’équipe qui anime ses membres et par son optimisme. C’est désormais un nouveau style de gouvernance.

Esprit d’équipe

Ainsi, depuis un mois, les ministres, en plus de la gestion quotidienne de leur département, se rencontrent, se concertent et concluent des conventions de coopération visant à résoudre des problèmes d’intérêt commun.

A titre indicatif, la ministre de l’Equipement et de l’Habitat, Sarra Zaafrani Zenzeri, et son homologue des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mohamed Rekik, se sont rencontrés, le 20 octobre 2021, en présence de leurs hauts cadres. Pour « examiner les mécanismes à mettre en place pour une plus grande dynamique au niveau de la coordination entre les services concernés des deux ministères dans le but d’accélérer le traitement des dossiers en priorité pour débloquer les problématiques foncières en rapport avec les projets publics et de faire face à tout retard au niveau de leur réalisation ».

Le 26 octobre 2021, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi, et le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, ont tenu une réunion pour conclure un mémorandum d’entente portant sur l’échange de données et la coopération technique dans le domaine des statistiques.

Objectif : harmoniser les données statistiques, coordonner à cette fin avec l’Institut national de la statistique et de mettre fin à la contradiction des chiffres officiels.

Monétaristes et budgétistes en harmonie

Mention spéciale pour le nouvel esprit de coordination qui anime les monétaristes et budgétistes du pays.

Les premiers, représentés essentiellement par la Banque centrale, ont pour mission d’agir sur l’offre de la monnaie dans le but de remplir son objectif de triple stabilité : stabilité des taux d’intérêt, stabilité des taux de change et stabilité des prix.

Quant aux budgétistes, c’est-à-dire le gouvernement, ils se soucient de réaliser les meilleurs scores en matière de croissance, d’emploi et d’équilibre des échanges extérieurs.

Ainsi, contrairement au manque (ou peu) de coopération entre la Banque centrale et le gouvernement, au temps des précédents gouvernements, aujourd’hui l’Institut d’émission travaille la main dans la main avec la Primature.

La cheffe du gouvernement, Najla Bouden, et son équipe coopèrent en parfaite harmonie avec Marouane Abassi, gouverneur de la BCT. On les voit souvent ensemble pour examiner et négocier tel ou tel grand dossier.

L’optimisme supplante les discours sinistres

Autre qualité du nouveau gouvernement, la tenue de discours optimistes qui viennent supplanter les informations sinistres des anciens ministres d’avant 25 juillet 2021 sur les déficits et les situations catastrophiques des secteurs et des entreprises publiques.

Même le gouverneur de la Banque centrale commence à prendre goût à cet élan optimiste. En effet, dans une déclaration faite le 7 octobre 2021 à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’Etat, El Abassi faisait état « d’une reprise de l’activité économique dans le pays au cours de la dernière période, après l’épisode difficile de la Covid-19 ».

La reprise concerne les exportations, et les mines, avait-il souligné, se voulant rassurant quant à « l’évolution du tourisme, d’autant qu’on est à un taux de vaccination élevé ». Une embellie serait ainsi attendue pendant la fin de la saison touristique et au cours de l’année 2021–2022, a-t-il pronostiqué.

Le chef de l’Institut d’émission a également été rassurant quant au financement extérieur de l’économie du pays. Il a déclaré que de nombreux amis de la Tunisie seraient à ses côtés dans cette période difficile.

S’agissant des relations de la Tunisie avec les institutions financières internationales, Banque mondiale et Fonds monétaire international principalement, les nouvelles s’annoncent bonnes. Pour preuve, la Tunisie et le FMI ont officiellement repris, le 4 novembre 2021, les négociations, du moins au niveau technique.

Les deux parties « se sont accordées sur l’importance des orientations stratégiques arrêtées par le gouvernement tunisien qui seront traduites, en partie, au niveau de la loi de finances 2022, à même de donner un signal fort tant aux bailleurs de fonds ainsi qu’aux investisseurs tunisiens et étrangers ».

Cela pour dire que ce gouvernement n’a pas chômé en dépit de la difficile crise multiforme dans laquelle se débat le pays. Il est en quelque sorte sur une bonne trajectoire, et ce pour le grand bien du pays. Bon vent !