En ce mercredi 3 novembre 2021, tout est réuni à Tozeur pour le plaisir des touristes. Mais à l’heure des bilans, à Tozeur comme partout à travers le territoire national, l’humeur est morose: la saison 2021 n’a fait que redonner un peu d’oxygène à un secteur ravagé par la pandémie.

Dans la vieille ville de Tozeur ou la Medina qui est entourée d’un magnifique mur de pierres, les poteries, les vanneries, les objets de décoration en fer forgé s’entassent dans les échoppes désertes du centre artisanal du “Ouled el Hadef “, situé en plein cœur de Tozeur.

Sans revenus depuis des mois à cause de la pandémie de Covid-19, les artisans dépriment. “Le coronavirus, c’est le KO final: sans aide, sans soutien, notre métier va disparaître”, déplore Mohamed Said Ghada, un artisan de plus de 60 ans qui vient de rouvrir le local où il expose le fruit d’un “savoir-faire transmis depuis des générations”.

Dans l’atelier familial, l’argile se dessèche, le four est éteint, les employés ne viennent plus. La dernière commande destinée à une cliente qui a annulé son séjour à cause de l’épidémie prend la poussière dans un recoin. “On avait déjà du mal à survivre parce que les modes de vie ont changé, les métiers traditionnels se perdent parce que les jeunes ne veulent pas prendre la relève”, renchérit un autre artisan de gebs – plâtre sculpté utilisé pour la décoration. Ce sexagénaire a dû baisser le rideau pour manque de clientèles et touristes.

Les touristes étrangers ont disparu, la pandémie a paralysé la vie économique et la clientèle locale, engluée dans la crise, “a d’autres priorités que d’acheter des tapis”, se désole Lamine dans son grand magasin encombré de lampes en cuivre, céramiques, poignards, coffres en marqueterie et tapis.

Pour le directeur de l’hôtel 4 étoiles où séjournent les journalistes de la Tap, “2021 est mieux que 2020 (…) Mais ça reste deux fois moins bien que 2019, à cause des contraintes” liées au Covid-19, a-t-il expliqué.

Après une flambée épidémique, en juin 2021, l’hôtel a dû réduire de moitié sa capacité et la Tunisie s’est retrouvée en zone rouge pour toute l’Europe, d’où proviennent ses touristes habituels, surtout Français, Allemands et Italiens.

Une poignée de touristes rencontrée dans cet hôtel a dit choisir la Tunisie pour le “très bon prix payé” pour ce “superbe endroit”.

Une famille tunisienne en vacances a aussi opté pour la région de Tozeur “pour une question de prix”. Mais pas seulement. “On vient tous les ans. On ne peut pas trouver meilleur en cette basse de saison”, souligne une jeune fille.

Avec un hôtel rempli à 20%, dont quelques touristes, “on parle de survie, on n’est pas du tout dans un contexte de rentabilité”, déplore le maître d’hôtel.

La saison 2021 a connu “une légère amélioration. Mais, par rapport à 2020 – année catastrophique avec une régression de 80%, on est très loin de l’activité normale avec une augmentation de 11% cette année”, comme l’a annoncé Dora Milad, présidente de la Fédération hôtelière FTH.

Pour les bonnes années comme 2019, avec plus de 9 millions de nuitées, le tourisme a représenté jusqu’à 14% du PIB, faisant vivre 2 millions de Tunisiens.