La plateforme dénommée “Hannibal” dédiée aux échanges d’informations en temps réel à des fins de contrôle des flux physiques de billets de banque étrangers, à travers le territoire tunisien, a été inaugurée jeudi à Tunis.

Cette plateforme élaborée, en utilisant la technique de Blockchain, est le fruit d’une coordination et d’une coopération entre la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les services du ministère de l’Intérieur, la Douane Tunisienne, les banques de la place, la poste tunisienne ainsi que les bureaux de change, a indiqué le Gouverneur de la BCT Marouane El Abbassi, lors d’une réunion tenue jeudi à Tunis.

Le gouverneur de la BCT a souligné l’importance des résultats attendus de l’utilisation de cette plateforme, faisant remarquer que ce type d’instruments ne peut fonctionner que s’il y a un partage d’informations entre les différents intervenants.

De son côté l’Ambassadeur de l’UE en Tunisie, Marcus Cornaro s’est dit réjoui de voir les résultats de coopération conjointe pour lutter contre le blanchiment d’argent, pour laquelle l’UE a accordé un soutien financier par le biais du programme d’appui dans le domaine de la sécurité, menée ensemble entre l’UE et la Tunisie.

Il a souligné que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont des menaces mondiales que l’UE est déterminée à combattre avec ses partenaires internationaux, exprimant, à cet égard, sa fierté de voir un partenariat renforcé avec la Tunisie en la matière.

Les intervenants à cette réunion ont souligné l’importance de cette solution, qui constitue une première expérience dans le réseau de blockchain, notamment pour améliorer la situation aussi bien économique que sociale du pays, en faisant face à la fuite des liquidités vers le marché informel, ainsi qu’au blanchiment d’argents et à la contrebande.

Selon le dernier rapport d’activité de la CTAF (2018/2019), les investigations sur les fonds non apurés par une intégration dans le système bancaire ou par une réexportation révéleront leur utilisation dans le financement des activités illicites. Enfin, l’origine des fonds, l’identité des déclarants en douane ainsi que les destinations privilégiées desdits fonds seront également déterminés par cette plateforme.

Parallèlement, la plateforme Hannibal devrait permettre d’estimer le risque global lié au transport transfrontalier du cash en se basant sur le principe de l’approche basée sur les risques, ce qui permettra de proposer des mesures pour atténuer davantage les risques BA/FT (blanchiment d’argent et financement du terrorisme) et affiner la coopération en la matière avec les autorités chargées de l’application de la loi et le secteur privé.

A l’origine de ce projet, une enquête de terrain, dénommée opération Hannibal, menée par la CTAF, durant l’année 2014, a fait ressortir que 42% des devises ne sont pas intégrées dans le circuit financier formel. L’objectif recherché est d’identifier les menaces et d’évaluer les vulnérabilités en relation avec le transport physique frontalier du cash.