Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) 2020 ont démarré, vendredi soir 18 décembre 2020, à Tunis, dans une édition rétrospective qui coïncide avec une année exceptionnelle dominée par la pandémie de la Covid-19.

Pour la 3ème année consécutive, les JCC se tiennent à la Cité de la Culture qui abrite la majeure partie des manifestations et des projections qui se déroulent également dans d’autres salles et espaces culturels de la capitale.

La cérémonie d’ouverture, organisée au Théâtre de l’Opéra, est présentée cette année par le duo Sami Bannour, animateur, et Samia Maghroun, actrice. Le démarrage a eu lieu en présence de Ridha Béhi et Brahim Letaief, respectivement directeur général et directeur artistique des JCC.

C’est Youssef Ben Brahim, chef du Cabinet du ministre des Affaires culturelles, qui a prononcé le mot d’ouverture de cette édition 2020 des JCC.

Rappelons que les Journées sont placées sous l’égide du ministère des Affaires culturelles avec un comité directeur désigné par le ministre de tutelle. Actuellement le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar, assure l’intérim à la tête du ministère des Affaires culturelles.

Un hommage posthume a été rendu à Chedli Klibi (6 septembre 1925 – 13 mai 2020), en guise de reconnaissance à sa carrière et à sa grande contribution dans le secteur de la culture. Cet ancien et premier ministre de la Culture est l’un des pionniers dans le secteur. Son nom a été récemment inscrit à l’entrée de la Cité de la Culture baptisée ” Cité de la Culture, Chedli Klibi “.

Le Tanit d’Or honorifique des JCC a été remis aux membres de sa famille, Monia Klibi et Hédi Jallouli, des mains du chef de cabinet du ministre des Affaires culturelles. Ce dernier a parlé d’un hommage à une grande icône de la culture et l’un des pionniers qui ont contribué à la création des JCC.

Un hommage a également été rendu à l’artiste égyptien Abdelaziz Makhyoun pour l’ensemble de son Å“uvre cinématographique et ses Å“uvres ayant marqué l’histoire des JCC.

Recevant le Tanit d’Or honorifique des JCC, Makhyoun a exprimé sa joie pour cet hommage que lui rend l’un des prestigieux festivals dans la région arabe et africaine. “La Tunisie d’où s’était déclenché la flamme du printemps arabe, la Tunisie Abou el Kacim Chebbi, le poète de la vie et de la liberté. Nous y sommes en cette édition en train d’essayer de combattre l’ignorance et la maladie par l’art”, a-t-il encore déclaré.

La cérémonie a également été marquée par l’annonce des gagnants des ateliers Chabaka et Takmil, du programme Carthage Pro, organisés du 16 au 18 décembre.

A la suite de la cérémonie, il y a eu la projection de 6 courts-métrages autour du thème “Remake coup de cÅ“ur JCC 1966-2019 : “Baber House ” au pays du Tararani de Tarak Khalladi, “Le Temps qui passe ” de Sonia Chamkhi, ” Sur les Traces de Saida ” de Faouzi Chelbi, ” Manda ” de Heifel Ben Youssef, “Noir 2 ” de Habib Mestiri et ” La Noce ” de Alaeddin Abou Taleb.

Ces courts sont inspirés de films cultes dont 4 de réalisateurs tunisiens et 2 du réalisateur sénégalais Ousmane Sembene, lauréat du premier Tanit d’Or dans l’histoire des JCC. Sélectionnés dans le cadre d’un appel à projets lancé par le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI), les 6 films sont produits moyennant des financements de l’ordre de 200.000 dinars.

Cette édition rétrospective des JCC offre un bouquet de films africains et arabes sortis entre 1966 et 2019, ayant ont marqué l’histoire des JCC depuis sa création en 1966. Des oeuvres cultes et autres qui ont été moins vues, sont à l’affiche de cette mini édition des Journées, organisées du 18 au 23 décembre, qui habituellement se tiennent sur une semaine.

Dans la section Best of, il y aura la projection de 34 longs-métrages, 66 courts-métrages et 7 films coup de cœur. Tanits tunisiens est une section dédiée aux films tunisiens Tanités depuis la création du festival en 1966 (12 longs métrages et 12 courts métrages). Une Carte blanche sera aussi donnée à 4 cinéastes du Continent africain.

Les JCC gardent leur vocation de manifestation cinématographique d’envergure africaine et arabe même si la pandémie a fait que la présence des hôtes étrangers soit limitée. Une cinquantaine de personnes comme l’avait indiqué Ridha Béhi dans une interview avec l’agence TAP, au mois de juillet dernier.

Le fameux tapis rouge a pu s’imposer comme une tradition instaurée depuis déjà quelques années. Le défilé des artistes sur le tapis rouge est un rituel ne fait pourtant pas l’unanimité auprès des professionnels du cinéma en Tunisie. Certains craignent surtout une déviation des JCC de leurs fondamentaux comme étant un festival militant pour un cinéma d’auteur.

Après deux reports, la date du festival des JCC, habituellement organisé au mois de novembre, a été fixé au mois de décembre. L’évolution de la situation sanitaire et la nouvelle vague de la Covid-19, n’ont finalement pas privé les cinéphiles de leur rendez-vous annuel.

Cependant, les JCC 2020 se tiennent sans la Compétition officielle. Cinq films produits en 2020 (4 fictions et un documentaire) seront présentés en avant-première: “L’Homme qui a vendu sa peau” de Khaouther Ben Hania, “Harba” de Ghazi Zaghbani, “Disqualifié” de Hamza Ouni (Tunisie), “200 Mètres” d’Ameen Nayfeh (Palestine) et “La Nuit des Rois” de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire).

Pour assurer la sécurité de tous en cette période de pandémie, la tenue du festival a été décidée en coordination entre les parties officielles, notamment le ministère des Affaires Culturelles et le ministère de la Santé publique.

Cette journée inaugurale de l’édition 2020 marque la réouverture des salles obscures après une interruption de plus de neuf mois. Un protocole sanitaire strict a été élaboré à cette occasion qui commence par la billetterie, exclusivement en ligne, jusqu’à les salles avec un nombre sièges limité à 30 pc de la capacité d’accueil habituelle.

Afin de maintenir les salles désinfectées, les projections sont au nombre de 2 séances par jour, au lieu des 4 durant les précédentes éditions des JCC.