Nécessité d’adapter la réglementation tunisienne de change au référentiel international

La nécessité d’adapter la réglementation tunisienne de change au référentiel international et aux nouvelles exigences des marchés a été encore une fois soulevée par les participants à un webinaire sur les “Moyens de paiement internationaux et risque de change”, organisé  jeudi 3 décembre par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI).

Ainsi, dans son intervention, Abdessamad Abouti, directeur associé à la BERD (Banque européenne de la reconstruction et le développement), a qualifié de ” restrictive ” la réglementation tunisienne de change, même par rapport à des pays similaires et voisins. “Cette réglementation entrave le développement du marché des instruments de couverture contre les risques de change (produits dérivés) et, partant, la gestion opérationnelle de ces risques”.

Dans ce cadre, il rappellera cependant que la Banque centrale de Tunisie a entamé le chantier de la révision de la réglementation nationale de change, estimant qu’il faut accélérer la cadence pour libéraliser et développer le marché national de change.

Abouti a aussi souligné la nécessité pour la Tunisie de développer un indice monétaire, à l’instar de ce qui a été fait au Maroc et en Egypte, afin de garantir une meilleure transparence au marché et de favoriser le développement de produits pour les acteurs du secteur financier.

De son côté, la responsable “Salle des Marchés” à l’UIB, Imen Saibi, dira que la réglementation de change actuelle ne laisse pas de marges de manœuvre aux banques pour développer des produits de couverture. Elle dénonce au passage le déphasage énorme entre les marchés de change internationaux -qui se développent à une vitesse faramineuse- et le marché national -accablé par une réglementation très complexe.

Saibi ajoutera que l’incompatibilité entre la réglementation nationale de change et les dispositions de la documentation ISDA (International Swaps and Derivatives Association) régissant les produits dérivés à l’échelle internationale et visant à garantir la sécurité des contractants entrave toujours le développement du marché des produits dérivés en Tunisie.

Pour sa part, Ahmad El Karm, président du Directoire d’Amen Bank, estime qu’il n’est plus acceptable d’avoir une réglementation qui entrave le libre fonctionnement du marché et expose les opérateurs économiques aux aléas du marché. Dans ce cadre, il invitera les opérateurs économiques et financiers à maintenir la pression en faveur d’un assouplissement de la réglementation tunisienne de change.