La pandémie du coronavirus a boosté le recours, en Tunisie, aux équipements et matériels électroniques, que ce soit pour le télétravail ou l’éducation à distance (e-learning).

Mais cette alternative d’enseignement à distance n’est pas à la portée de tout le monde. Car, selon une étude du ministère de l’Education (octobre 2020), 70% des élèves du primaire et 51% du collège et du lycée ne disposent pas d’ordinateurs ou d’autres moyens leur permettant de suivre des études à distance.

Pour cette raison, le collectif ” Sharek “, qui compte aujourd’hui plus de 10 000 abonnés et la société ” Tunisie Recyclage “, spécialisée dans la valorisation des déchets, viennent de signer une convention dans l’objectif de distribuer, prochainement, 650 ordinateurs à des élèves et étudiants ayant besoin de ce matériel pour suivre leurs cours à distance.

En vertu de cette convention, ils ont lancé une campagne de collecte des déchets électroniques dans le cadre d’une approche d’économie circulaire qui joint l’utile à l’agréable : réduire l’impact de ces déchets sur l’environnement et réparer les appareils réparables pour les remettre ensuite, à des élèves et étudiants qui en ont besoin.

” Nous avons entamé notre action depuis le premier confinement, quand nous nous sommes aperçus que le besoin en ordinateurs et appareils électroniques pour étudier à distance s’est accru “, a déclaré Youssef Ben Mahmoud, coordinateur de la campagne Sharek.

En effet, la finalité des adhérents à cette initiative est de donner aux élèves et étudiants n’ayant pas les moyens d’acheter des PC, la possibilité de continuer à suivre leurs cours à distance. Le 17 novembre 2020, le collectif a distribué 70 ordinateurs à des élèves et étudiants dans le gouvernorat de Kairouan, dont 50 ordinateurs fixes et 20 PC portables.

Ceci porte le nombre des appareils distribués depuis le début de l’action, à environ 260 ordinateurs, selon Ben Mahmoud.

Interrogé sur les critères de choix des bénéficiaires , Youssef Ben Mahmoud a précisé que c’est en coordination avec le ministère des Affaires sociales et l’UNICEF, qui soutiennent l’action, que ce choix est effectué. “Ce sont eux qui nous remettent des listes d’élèves et étudiants avec leurs adresses. Nous recevons aussi, des demandes de la part des Universités, pour certains étudiants dans le besoin”.

Réparer, le 4ème concept ajouté aux 3R

En Tunisie, les déchets électriques et électroniques qui continuent de représenter un réel problème environnemental et de santé publique dans plusieurs pays africains, sont relativement bien gérés et leur collecte et valorisation sont régis par des lois. Pour le réseau Sharek et Tunisie Recyclage, il existe une opportunité de valorisation de ces déchets à travers la réparation du matériel électronique pour lui donner une seconde vie et en faire bénéficier davantage de personnes.

“En se lançant dans la récupération et dans la réparation du matériel et composants électroniques, nous avons ajouté un 4ème “R” celui de “Réparer” au principe des trois R, en l’occurrence: Réduire, Recycler et Réutiliser, lance, avec satisfaction, Ben Mahmoud.

La cible de l’action Sharek concernant la collecte et la récupération des déchets électroniques, n’est pas seulement les écoles et universités, mais aussi les hôpitaux, les ministères et les administrations, a-t-il fait savoir. L’action permettra, à long terme, d’inscrire la filière des déchets électroniques dans le cadre d’une chaîne d’économie circulaire.

” Les appareils électroniques envahissent nos intérieurs. Ils ont une durée de vie. Lorsqu’ils arrivent en fin de vie, il faut les récupérer et bien les gérer, tout simplement “, conclut-il.