Un projet qui vise le transfert technologique pour transformer les déchets de construction et de démolition en ressources pour la construction et l’entretien des routes dans des pays méditerranéens a été lancé, mardi, lors d’une visioconférence, à laquelle ont pris part des responsables chargés du projet et des représentants de médias méditerranéens et européens.

Il s’agit du projet RE-MED ” Application de l’innovation pour le développement de l’économie circulaire pour une construction durable en Méditerranée “, qui implique 4 pays: la Tunisie, la France, l’Italie et le Liban.

Ce projet qui fait partie du plus grand programme européen de coopération transfrontalière avec les pays méditerranéens, est piloté par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), pour une durée de 30 mois, d’octobre 2020 au mois de mars 2023.

” Le projet RE-MED, doté d’un de 3,1 M€, dont 90% financé par l’UE, est né de la nécessité de réduire les impacts environnementaux et sanitaires dus aux défaillances de la gestion des déchets de construction et de démolition. Le projet prévoit de transférer et d’expérimenter des technologies permettant de transformer ces déchets de construction et de démolition en ressources pour la construction et l’entretien des routes “, ont indiqué les partenaires du projet.

L’enjeu de ce transfert technologique, a-t-on encore précisé, est d’amorcer la construction d’une filière de recyclage des déchets de construction et de démolition et d’en faire un levier pour la transition sociétale, environnementale et digitale des territoires méditerranéens.

Utiliser au moins 20% de granulats recyclés dans la construction routière

Le projet entend notamment, soutenir les ministères de l’environnement tunisien et libanais de manière à faire évoluer la réglementation pour faciliter l’utilisation d’au moins 20% de granulats recyclés dans la construction routière.

Sous la coordination du Cerema, le projet mettra en œuvre des formations structurées, des outils d’aide à la décision (guides méthodologiques, business models, plateforme de partage de données, calcul d’impact environnemental, projets de normes) et des tests de technologies nouvelles (BIM, modélisation 3D des relevés de dégradations des routes). Il mettra galement, en relation les acteurs de la recherche (universités, centres techniques) et les PME et industriels (entreprises du BTP, carrières…), intervenant dans la chaîne d’activité liée au déchets de construction et de démolition (production, tri, traitement, et valorisation).

L’objectif recherché est d’ accompagner le transfert de technologie dans les territoires méditerranéens pour valoriser les déchets de construction et booster leur utilisation dans la construction routière, en intégrant au moins 30% de matériaux recyclés, tout en transférant et diffusant les pratiques de recyclage, accélérant ainsi le développement d’un nouveau marché.

Selon Oumaya Marzouk, coordinatrice du projet, le projet va permettre la construction de trois installations de production de granulats recyclés issus des déchets de construction et de démolition (DC et D), dont deux en Tunisie et une au Liban et des emplois locaux seront créés.

” Ces installations pourraient être des constructions durables et devraient être réalisés par des carrières qui veulent transiter vers un mode de production durable et circulaire, des collectivités locales ou des entreprises de gestion de déchets “, a-t-elle encore dit.

Le projet prévoit aussi, la construction d’un km de route pilote innovante, la création d’une plateforme en ligne communautaire RE-MED Community pour le partage des connaissances, la proposition de 4 projets de loi / décret et le dépôt d’un brevet déposé. Plusieurs établissements et départements dans les pays ciblés collaborent pour la réalisation de ce projet.

Il s’agit de l’Université de Palerme (Italie), le Ministère tunisien des Affaires Locales et de l’Environnement, Centre d’Essais et des Techniques de construction, Afrique Travaux, le Ministère libanais de l’Environnement, le Syndicat Libanais des entrepreneurs des Travaux Publics et American University of Beirut.

L’Institut Supérieur des Sciences et Techniques des eaux de Gabès, l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Tunisie et l’Institut National de Normalisation et de la Propriété Industrielle sont aussi des partenaires associés à ce projet.

En Tunisie, les déchets de construction et de démolition accumulés dans le pays depuis l’an 2000, ont atteint environ 8 millions de m3, dont 70% se trouve dans les grandes villes cotières de Tunis, Sousse et Sfax. Ces déchets, jetés en milieu naturel et dans des décharges anarchiques, constituent un grand potentiel qui pourrait être exploité dans le cadre d’une stratégie d’économie circulaire.

D’après Oumaya Marzouk ” Les routes ont besoin de ces matériaux. La finalité de Re-Med est de réutiliser cette matière de la bonne manière pour une bonne raison et créer un marché de recyclage des gravats structuré”.