Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) révèle, dans un nouveau rapport publié récemment, qu’un tiers des élèves dans le monde, soit 463 millions d’enfants, n’ont pas eu accès à l’enseignement à distance suite à la fermeture des écoles, en raison de la pandémie du Covid-19.

” Au vu du simple nombre d’enfants dont l’enseignement a été complètement perturbé pendant des mois, nous sommes face à une urgence éducative mondiale qui pourrait avoir des répercussions sur les économies et les sociétés pendant plusieurs décennies “, a indiqué Henrietta Fore, directrice générale de l’UNICEF.

L’UNICEF souligne que ce rapport souligne les inégalités importantes en matière d’accès à l’enseignement à distance et décrit ses limites pendant la période de fermeture des écoles.

Il s’appuie sur une analyse représentative à l’échelle mondiale de la présence de technologies et d’outils nécessaires à l’enseignement à distance au sein des foyers pour les élèves du préscolaire, du primaire, du premier cycle du secondaire et du deuxième cycle du secondaire.

Selon ce rapport, même lorsque les enfants disposent de la technologie et des outils nécessaires chez eux, l’apprentissage à distance n’est pas toujours possible en raison d’autres facteurs : la pression pour effectuer les tâches domestiques, l’obligation de travailler, un environnement non favorable à l’apprentissage et l’absence d’aide pour suivre le programme mis à disposition sur les différentes plateformes.

“Les élèves issus des foyers les plus pauvres et ceux qui vivent en zone rurale sont les plus lésés par les fermetures d’écoles”, indique ce rapport, soulignant que 72 % des élèves n’ayant pas accès à l’enseignement à distance appartiennent aux familles les plus pauvres de leur pays.

L’UNICEF a par ailleurs exhorté les pouvoirs publics à privilégier la réouverture des écoles lorsqu’ils assouplissent les mesures de confinement. Lorsque la réouverture n’est pas possible, l’UNICEF a appelé à l’intégration des apprentissages destinés à compenser les heures d’enseignement perdues dans les plans de continuité scolaire et de réouverture des écoles, lit-on dans le même communiqué

Les politiques et les pratiques d’ouverture des écoles doivent s’efforcer d’élargir l’accès à l’éducation, notamment à l’enseignement à distance, en particulier pour les groupes marginalisés. Les systèmes éducatifs doivent également être adaptés et conçus pour faire face à de futures crises, selon le rapport.

L’expert en éducation pédagogique, Noureddine Ben Hmida, a déclaré, lundi, à l’agence TAP que “l’expérience d’apprentissage à distance durant la pandémie du Coronavirus en Tunisie a échoué “, déplorant l’absence d’une réelle volonté de l’autorité de tutelle, à mettre en place un système adapté à la situation de crise.

Il a expliqué que la chaîne éducative télévisée et les plateformes éducatives mises en place par le ministère de l’Education dans le but de fournir un soutien et des cours de rattrapage aux classes terminales de l’enseignement de base et secondaire, reposant sur “l’inculcation et les discours rébarbatifs”, ne permettaient pas à l’apprenant d’interagir avec les cours dispensés.

L’expert a également expliqué que l’enseignement à distance repose sur des normes et des méthodes scientifiques précises et nécessite une présence physique efficace ainsi qu’une bonne formation dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, estimant que ces prérequis “ne sont pas disponibles chez les enseignants ayant dispensé ces cours”.

Ben Hmida a dans ce contexte passé en revue l’expérience réussie de certaines écoles privées qui ont réussi à exploiter les technologies de l’information et de la communication pour la création de plates-formes interactives, riches et attrayantes au niveau de la forme et du contenu ayant permit de parachever les programmes scolaires.

Il a considéré que cet état de fait a confronté le ministère de l’Education à un véritable dilemme, dans la mesure où le principe de l’égalité des chances dans l’apprentissage n’a pu être réalisé.

L’expert a dans ce sens dénoncé le “mutisme du ministère de l’Education face à la stratégie adoptée pour éviter le fossé éducatif suite à l’annulation du troisième trimestre de l’année scolaire écoulée, à la veille de la rentrée scolaire 2020-2021”.

Il a estimé que le ministère de l’Education n’a pas encore tiré les leçons de cette expérience, au regard de l’absence, jusqu’à ce jour, d’un plan bien défini pour la mise en oeuvre d’un système d’apprentissage à distance, qui ne peut réussir qu’à travers la formation des enseignants dans le domaine des technologies numériques, de l’apprentissage à distance, outre la nécessiter de doter les établissements scolaires des moyens techniques appropriés.