Ô je te pleure, mon beau pays ! Un pays dans lequel, à l’instar de tous les pays arabes, vivotent des habitants qui se complaisent à croupir encore sous le joug du tribalisme, du fanatisme, des croyances mythiques remontées du fond des âges et qui peinent à se transcender de ces concepts primaires, anachroniques et réducteurs vers l’intuition d’appartenance à une patrie, à se vêtir de ce sentiment et à s’imprégner de la fierté qu’il dégage.

Un pays ravit et dépecé sans scrupules par une horde d’affamés, avides et insatiables tel, une gazelle agonisante, livrée en proie à une meute de fauves et de hyènes puantes ou une jeune et belle mariée, enlevée le jour de son mariage pour essuyer les pires avanies d’une bande d’assassins et de violeurs, devant une assistance figée et drapée de déshonneur.

Je ne vois aucun intérêt de s’appesantir sur l’histoire abracadabrante colportée sur la toile, d’une tentative de destitution de force, du vaillant locataire de Carthage et débattre de la véracité d’une opération rocambolesque diligentée de l’étranger et exécutée par des agents de renseignements infiltrés qui, au demeurant, frétillent gaiement dans nos eaux marécageuses, au vu et au su de tous. Toujours est-il que, loin des histoires qu’on raconte aux petits enfants au lit, en attendant le passage du marchand de sable, on est en droit de se demander, quel niveau de crédibilité pourrait-on accorder à une telle information ? mais moi, au vu des déplacements du Président, du revirement brusque et perceptible dans ses positions juste après son bref passage à l’Elysée, de ses dernières escapades nocturnes, de ses déclarations tant ténébreuses que tonitruantes et intempestives, de sa bouderie maussade puis ses coups de boutoirs francs à la confrérie ; j’ai acquis la certitude que  quelque chose, de pas ordinaire et net, se joue dans le pays …

Les prémisses d’un tournant ? 

A t-il enfin pris conscience, du caractère froid, calculateur, offensant et prédateur des islamistes et du fait qu’on ne peut pas, politiquement et même moralement, les créditer de beaucoup de confiance, eux qui ont débarqué le couteau entre les dents et ont toujours fait prévaloir indécemment et effrontément leurs intérêts propres sur ceux de la nation ?

Les prochains jours nous apporteront probablement plus d’éléments de réponse …

La fin du commencement de la fin. Ô que oui ! J’ai annoncé depuis quelque temps la fin inéluctable et imminente du règne de la confrérie, me basant sur une analyse de faits avérés dont les plus importants sont, la conjoncture internationale marquée par la volonté irréversible des occidentaux de tourner le dos aux mouvements islamistes qu’ils ont encouragés et nourris, dont le point d’orgue est l’action bien engagée par le congrès américain pour les classer définitivement comme organisation terroriste, puis  l’alignement aveugle, obséquieux et mal perçu derrière les ottomans dont les intentions belliqueuses et visées belligérantes en Libye sont révélées au grand jour et ne sont pas vues d’un bon oeil. Enfin, sur le plan intérieur, on observe un début de réveil massif et spontané des petites gens, marqué par l’attitude de relever le museau de la gamelle qu’ils leur ont tendue avec mépris et calcul, pour s’en détourner, la découvrant asservissante et répugnante. C’est un pas dans la démarche  de se conscientiser et s’affranchir du statut de simple outil dans lequel, ils les ont confinés, retrouver un regain de dignité et se désolidariser de leurs projets sociétaux scabreux.

Il appert que les tunisiens dans leur majorité n’adhèrent pas à un islam politique ou rigoriste venu d’ailleurs, mais restent attachés à leur islam maghrébin et berbère, simple, aisé, beau et éclairé, marqué plus par des valeurs humaines, de noblesse et de générosité, portées dans le cœur et au fond de l’âme, que par une apparence hirsute, une tâche sombre sur le front en étant habillé comme un sac et devançant de quelques mètres un objet qui sert de femme.

Certes, le vote pour chasser le corbeau de malheur du perchoir est arithmétiquement perdu, un spectacle comique et répugnant qui tient plus d’une bouffonnerie que d’un exercice démocratique, mais les signes de tressaillement et de soubresauts convulsifs qui agitent le corps de la confrérie sont nettement perceptibles. Il n’a pas l’étoffe et l’honneur d’un seigneur pour saisir le message, tirer dignement sa révérence et partir la tête haute par la grande porte. La grandeur d’âme n’est pas synonyme de goujaterie et perfidie !

La logique de ne pas reproduire la même erreur que dans le passé

Le choix opéré par le Président d’un chef de gouvernement, porté sur une personnalité en dehors du sérail habituel, est-il un coup magistral de maître comme je le pense ou un coup de Jarnac, comme veulent le faire passer les islamistes ?

Ni déloyal, ni pernicieux, il a seulement répondu à la logique de ne pas reproduire la même erreur que dans le passé, produisant la léthargie vécue, en s’astreignant à suivre les choix des partis lesquels, on proposé des candidats traînant des casseroles ou d’autres fantaisistes et de pacotille et aussi d’écarter définitivement ce concept vaporeux et, ô combien stérile de gouvernement d’union nationale.

L’élu du Président pour le poste de chef de gouvernement, le choix de la dernière chance avant la banqueroute, est un pur produit de l’administration tunisienne, ce qui est de bon aloi ! Son passage dans divers cabinets ministériels a permis de déceler en lui des signes avant-coureurs d’autonomie  et de fermeté, conditions indispensables et préalables du succès, inspirant à la fois respect et sympathie. Gageons, qu’il s’entoure d’une équipe réduite, battante et harmonieuse d’experts de haute volée avec chacun, une feuille de route cadrée et des objectifs bien définis, pour aller droit au but sans se perdre dans des explications inutiles, ni s’encombrer de détails fastidieux et qu’il reconnaisse l’impossibilité, certes, d’expliquer toutes les problématiques en temps réel à tout le monde en même temps !

Continuer à dénigrer l’action de Moussi et ressortir à chaque fois son engagement politique passé, relève pour moi d’une fixation névrotique.

Tant s’en faut, il n’est pas question de faire d’elle une icône, un symbole ou encore une pasionaria, ou une quelconque dépositaire ou héritière d’un courant mais simplement, une chef de parti qui s’est trouvée seule à dénuder et affronter avec ses propres moyens, même contestables parfois avec ce jeu d’empêcheur de tourner en rond mais de bonne guerre, les projets macabres et les desseins hautement machiavéliques de la confrérie.

Loin de moi l’idée de l’encenser outre mesure, mais force est de constater qu’actuellement, avec le flux réactionnaire qui s’étale et l’évanescence de la gauche, qui a fort à faire pour se dépêtrer de ses contradictions internes et refonder ses thèses et se rassembler, elle constitue avec quelques autres particules libres, l’unique force d’opposition aux élus de la confrérie et leurs acolytes dans l’Assemblée et ceci est indéniable et une réalité objective !

Elle est bien dans son rôle, alors de grâce, il ne faut pas cracher dans la soupe et il ne faut pas se montrer pénible dans ses exigences, se montrer dédaigneux, en somme faire la fine bouche !

Par Lotfi Farhane, Pr des Universités