L’une des mesures urgente que la BCT doit encourager, pour évider la propagation du COVID 19, consiste à limiter le contact avec l’argent en espèces dans les commerces, et ce en développant le E-paiement et le mobile money.

La Tunisie doit profiter de cette aubaine du Conona pour déployer et accélérer sa stratégie de digitalisation de ses transactions monétaires et limiter l’utilisation du cash, et ce dans 3 objectifs majeurs.

L’inclusion financière de la majorité de la population tunisienne, ce qui est loin d’être le cas, car le taux de bancarisation ne dépasse pas les 45%.

Digitaliser les transactions financières pour un but fiscal et de transparence, mais aussi de limitation des opérations de blanchiment d’argent.

Enfin, c’est l’un des meilleurs moyens pour limiter le commerce parallèle qui gangrène l’économie de la Tunisie.

Plusieurs astuces peuvent être déployées pour inciter les Tunisiens à opter pour la monnaie électronique. On peut énumérer quelques pistes, dont la réduction des frais sur le transfert d’argent entre particuliers, la gratuité des cartes bancaires prépayées, la limitation de la délivrance des espèces dans les agences bancaires au profit des GAB et DAB.

Il pourrait s’agir également du développement par les banques de nouvelles solutions monétiques et particulièrement le E-banking et le SMS banking.

Il faut rappeler que le gouverneur de la BCT a récemment lancé le débat par 3 grandes initiatives dans cette direction.

La suppression des frais sur toutes les transactions de paiement par cartes bancaires via des TPE.

La suppression des frais bancaires sur les retraits en espèces de tous les GAB indépendamment de la banque émettrice de la carte bancaire.

Enfin -et c’est une petite révolution- l’octroi de 2 licences bancaires pour 2 organismes de paiement dont on ne connaît pour le moment ni les noms ni la date de lancement.. et ce à l’instar de la majorité des pays africains du Sud du Sahara où plusieurs solutions ont été déployées depuis une dizaine d’années, comme Joni Joni ou Wario au Sénégal. Ou Orange Money dans plusieurs pays (Guinée-Conakry par exemple) ou encore Flouss à Madagascar.

A ce titre, la BCT devra vérifier si le terme “Flouss” utilisé à Madagascar est un nom commercial déposé puisqu’elle compte utiliser le même terme pour sa future monnaie virtuelle.

Reste que dans la pratique et vu le confinement, le déploiement de toutes ces solutions est freiné.

En effet, il faudra au moins 15 jours pour se faire délivrer une carte bancaire suite à sa demande. A moins que toutes les banques aillent délivrer gratuitement des cartes à tous leurs clients.

Il n’existe pas actuellement sur le marché tunisien de cartes bancaires prépayées. Ce qui freine la bancarisation de 55% de la population tunisienne.

Enfin, les commerçants et particulièrement les grandes enseignes de supermarché en Tunisie ne semblent pas inciter à l’utilisation des cartes bancaires malgré le risque de contamination auquel sont exposés leurs personnels.

Il est curieux de constater pour un secteur bancaire privé que c’est la Banque Centrale qui montre la voix. Et heureusement que la Tunisie dispose, en la personne de Marouane Abassi, d’un féru des nouvelles technologies et un convaincu du bien-fondé de la digitalisation.

Ce Coronavirus aura donc provoqué au moins un frémissement parmi les acteurs bancaires frappés dans le passé par une léthargie et dormant sur leurs lauriers.

Il était temps.

Maarouf