Des associations de la société civile, des sociétés savantes et des médecins des secteurs public et privé estiment qu’une approche plus globale mobilisant l’ensemble du système de soins conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avec une décentralisation effective s’impose aujourd’hui pour lutter efficacement contre la pandémie du COVID-19.

Renforcer la contribution de la première ligne publique

C’est ce cadre que Dr. Moez Chérif, président de l’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant, parmi les signataires d’un communiqué publié sur la page facebook “Initiative de la société civile pour sauver le Secteur Public de la Santé”, souligne l’importance de renforcer la contribution de la première ligne publique de santé à la continuité des services et à la lutte contre l’épidémie de Covid-19.

“La première ligne, jusqu’ici peu ou pas mobilisée, peut et doit nécessairement jouer un rôle important dans le contrôle de l’épidémie dans le cadre bien défini et dynamique de la stratégie nationale”, souligne Dr. Chérif.

Selon lui, “elle apportera alors l’importance de sa couverture géographique et la grande expérience acquise dans le cadre des soins de santé de base”.

Veiller à la continuité des services offerts…

Selon le texte du communiqué, la mission de lutte contre le Covid-19 doit être accomplie tout en veillant à ce que la première ligne et le système de soins en général, continue à assurer la continuité des services offerts à ses usagers, conformément au communiqué du 22 mars 2020 du ministère de la santé.

Dans ce contexte, les signataires soulignent l’importance d’assurer la continuité des services pendant et après la période de confinement généralisé indiquant que toute rupture dans la continuité des services peut avoir de graves conséquences sur la santé de la population.

Nécessité d’identifier les personnes vulnérables

Pour ce faire, il convient d’identifier les personnes les plus vulnérables aux complications du Covid pour bien cibler les réponses à leurs besoins spécifiques et pour réduire l’incidence des cas graves et de la mortalité.

Il s’agit, en outre, d’assurer la fourniture des médicaments aux patients ayant des maladies chroniques et qui sont des sujets à risque pour le Covid-19.

1 million de malades chroniques à surveiller…

Le communiqué précise que plus d’un million de malades chroniques s’approvisionnent en médicaments dans les centres de santé de base et les hôpitaux de circonscription. Un arrêt du traitement les expose à des complications et les fragilise davantage vis-à-vis du virus.

A cet effet, il faut s’organiser et solliciter l’aide des volontaires de la société civile, des étudiants en médecine, des services sociaux et éventuellement de la poste pour faire parvenir ces médicaments aux domiciles des malades et leur éviter de se déplacer et de s’exposer aux risques.

Assurer la protection des professionnels

Les activités considérées comme essentielles ou urgentes, comme la vaccination, les consultations de santé reproductive, les consultations des populations vulnérables (enfants, femmes, personnes âgées etc.), les consultations de nutrition et les soins dentaires urgents doivent aussi continuer, selon le communiqué signalant l’importance d’assurer les moyens nécessaires à la continuité de ces services.

Il convient aussi, d’après la même source, de prendre les dispositions adéquates pour assurer la protection des professionnels et celle des patients conformément aux dispositions recommandées par les différents guides du ministère de la santé.

Dans ce même sens, des formations Covid-19 doivent être assurées, au niveau de chaque structure, pour l’ensemble des personnels de la première ligne.

La détermination des contacts des cas Covid-19+, et leur isolement est aussi essentielle dans la stratégie de lutte contre l’épidémie.

Des équipes peuvent être constituées dans chaque circonscription, sous la supervision d’un médecin et composées en particulier d’infirmiers hygiénistes et d’infirmiers scolaires pour établir la liste des contacts et en faire le suivi. Il est également important d’identifier un centre par circonscription comme premier maillon de la chaîne Covid-19.

La mise en place de ces centres doit se faire rapidement dans les régions les plus touchées, puis généralisée. La consultation pour suspicion de Covid-19 doit être gratuite.

Mettre en place des tests rapides

En attendant les tests rapides, les prélèvements pour les patients suspects peuvent être faits sur place par des professionnels formés et acheminés vers les laboratoires agréés.

La circonscription sanitaire est appelée à jouer un rôle essentiel dans l’organisation et le bon déroulement de ces activités. Un plan d’action avec une répartition claire des tâches, et une gestion optimale des ressources humaines doivent être établis.

Il est aussi important de mettre en place un système de communication transparent et accessible à tous, aussi bien sur les activités entreprises que sur les évaluations réalisées et les résultats obtenus.

A noter que la première liste des signataires comporte la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, l’Association tunisienne de défense du droit à la santé, l’Association tunisienne de défense du secteur public de la santé et du droit de ses usagers, l’Association tunisienne de défense des droits de l’enfant, la Société tunisienne des maladies respiratoires et d’allergie, l’Observatoire national des inégalités sociales de santé, ainsi que nombre de médecins du secteur public et du secteur privé.