L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisation internationale d’études économiques, a publié, au début du mois de mars 2020, un rapport sur les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus sur l’activité économique dans le monde.

Les principales conclusions de cette étude confirment que l’économie mondiale est en danger, révisent à la baisse le taux de croissance dans le monde et esquissent deux scénarios sur l’évolution de la situation.

Le premier scénario, une hypothèse soft, considère que l’épidémie atteindra un pic au premier trimestre 2020 avant de baisser en Chine le trimestre suivant, et que sa diffusion dans le reste du monde sera relativement contenue.

Révision à la baisse du taux de croissance dans le monde

Dans ces circonstances, la croissance globale sera limitée de 0,5 point de pourcentage cette année, par rapport aux dernières prévisions datées de novembre 2019 : elle atteindrait alors 2,4% au lieu des 2,9% envisagés jusqu’alors.

Parallèlement, le commerce mondial baisserait de 1,4% au premier semestre et de 0,9% sur l’ensemble de l’année.

Le second scénario plus alarmiste met en exergue « une contagion domino, largement diffusée et difficilement contrôlée ». Dans ce cas, l’effet sur le PIB mondial pourrait monter à 1,5%.

Selon l’étude, la Chine porterait la majeure partie du ralentissement, celui-ci serait ensuite ressenti en Asie, en Europe ainsi qu’en Amérique du Nord.

Les échanges commerciaux, qui seraient également impactés et  «sensiblement plus faibles», diminueraient d’environ 3% sur toute l’année et toucheraient les exportations de toutes les économies.

Pis, certaines nations dans la zone euro pourraient également entrer en récession, au cas où la pandémie ne serait pas gérée au mieux.

Les pays qui jouxtent la Chine, en l’occurrence le Japon, la Corée du Sud et l’Australie, devraient, en principe, ressentir de plein fouet le ralentissement économique de l’Empire du Milieu.

Toujours d’après cette étude, à l’inverse, d’autres régions, comme l’Amérique du Nord, seront relativement moins touchées.

En Europe dont dépendent étroitement les échanges extérieurs de la Tunisie (+70%), la situation est encore incertaine et dépend notamment de la conclusion ou non d’un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Union européenne d’ici fin 2020.

Les secteurs qui seront les plus touchés

Au niveau des secteurs, l’étude signale que l’impact sera ressenti au plan des échanges mondiaux. En affectant la Chine, l’usine du monde, le Covid-19 a perturbé, sérieusement, les chaînes d’approvisionnement à travers le globe.

Les nombreuses entreprises tunisiennes qui s’approvisionnent de Chine en matières premières et biens d’équipement commencent déjà à être impactées.

Le deuxième secteur qui sera affecté sera la consommation un des trois moteurs de la croissance. Les restrictions imposées aux voyages et aux importations ont touché, de manière significative, ce secteur.

Le troisième secteur n’est autre que le tourisme. «Les touristes chinois représentent environ un dixième de tous les visiteurs transfrontaliers», explique l’étude. Dans l’ensemble, si l’épidémie continue de se répandre, «les coûts seront considérables» et leurs répercussions nombreuses, le tourisme représentant un peu plus de 4,25% -et 7% des emplois– des pays membres de l’OCDE.

En Europe, la baisse du nombre de visiteurs venus de Chine est durement ressentie par les professionnels. Le commissaire européen Thierry Breton, cité par l’étude, a chiffré les pertes à «un milliard d’euros de manque à gagner par mois pour le secteur», soit environ deux millions de nuitées en moins en Europe pour l’industrie.

Face à la pandémie, l’OCDE appelle les États à rester vigilantssur l’évolution de la situation et leur conseille de se tenir prêts à agir, le cas échéant, pour renforcer leurs dispositifs sanitaires, dynamiser l’activité économique et instituer des mesures spéciales en faveur des personnes morales et physiques impactées.

Que faut-il faire face à la pandémie ?

Le contexte est favorable, note l’étude qui suggère, à titre indicatif, l’institution de taux d’intérêt exceptionnellement bas pour relancer l’investissement. De tels taux, lit-on dans l’étude, «offrent la possibilité d’utiliser la politique budgétaire plus activement pour renforcer la demande à court terme, y compris des dépenses temporaires pour amortir l’impact de l’épidémie de coronavirus sur les groupes sociaux et les entreprises vulnérables».

Concrètement, il s’agit d’appuyer l’économie, pour un coût limité, y compris dans les pays plus vulnérables, comme la Tunisie, l’Inde, le Brésil, le Mexique ou la Turquie.

Le rapport suggère aux autorités de ces pays d’investir dans leurs systèmes de santé pour être prêtes à affronter l’épidémie.

L’OCDE voit dans cette pandémie une opportunité pour investir suffisamment dans « les infrastructures publiques comme les services de santé ou d’éducation ».

Le rapport propose également de mettre en place des mesures spécifiques pour soutenir les travailleurs, comme le recours accru au chômage partiel, l’assurance chômage ou la prise en charge par les pouvoirs publics de l’ensemble des frais de santé liés au virus, pour tous les citoyens.

En parallèle, les entreprises aussi pourraient bénéficier de mesures spéciales, comme une réduction ou un retardement du «paiement des impôts ou de la dette».

Malheureusement  ces dernières mesures ont été tout simplement occultées dans les actions annoncées par le chef du gouvernement pour contenir la pandémie laquelle rappelons le n’a pas uniquement une dimension sanitaire mais également une dimension sociale et économique.

En parallèle, d’autres mesures plus profondes peuvent être méditées, comme des mesures fiscales, afin de renforcer la consommation et la confiance des citoyens. Et si le scénario du pire se confirme, «des actions politiques coordonnées dans toutes les grandes économies seraient nécessaires pour assurer une offre de soins de santé efficace dans le monde et fournir le stimulus le plus efficace à l’économie mondiale», prévient le document. Dans ce cas, des «réformes structurelles» ainsi qu’un «soutien supplémentaire de la politique budgétaire et monétaire devront être envisagés ».

Dont acte.