Quelle proportion de leurs salaires devraient recevoir les travailleurs pendant leur période de chômage forcé pour cause de confinement?

C’est une question qu’on évite mais qu’on ferait mieux de poser. En Tunisie, sans hésiter, nous sommes allés vers un 100%. Des pays riches comme le Danemark et la Grande-Bretagne ont opté pour 90% et 80% respectivement, et aux États-Unis ce sera encore moins généreux malgré le vote hier au Congrès d’un soutien à l’économie de l’ordre d’un dixième de leur PIB (pour mémoire le paquet de mesures annoncées par le CDG tunisien est de l’ordre de 2,5%).

La question n’est pas du tout futile. Il faut faire durer les ressources le plus possible car on ne sait pas combien de temps durera le confinement. En temps de guerre, il n’est pas sage de brûler ses cartouches dès les premières batailles.

Par ailleurs, il faut éviter qu’on se mette collectivement en danger en forçant le gouvernement à stopper prématurément notre confinement pour cause d’épuisement des ressources.

Personne d’entre nous n’accueillera une ponction de ses revenus avec un large sourire. Donner une journée de salaire nous a laissé un goût amer, alors que dire de 10% ou 20%.

Pourtant, si on veut être rationnel, pendant le confinement on dépensera moins que d’habitude, parce que les enfants n’iront pas à l’école, on se déplacera moins, on ne mangera pas dehors, on n’ira pas voir un événement culturel, ni même son médecin si ce n’est pas une urgence.

D’autre part, sur un plan éthique, pourquoi quelqu’un qui est confiné chez lui devrait-il recevoir le même pourcentage de son salaire qu’un autre qui non seulement continue à travailler mais dont le travail devient subitement 10 fois plus dangereux, comme c’est le cas pour le personnel de santé, de l’ordre public, de la propreté de la ville, etc.

Nous savons aussi que certaines professions libérales perdront tout revenu pendant cette période.

Le fait qu’aucune voix ne s’élève pour dénoncer cette anomalie est sidérant et difficile à expliquer. Derrière une façade socialisante, sommes-nous en réalité aussi individualistes que certains peuples que nous critiquons constamment? Sommes-nous tellement habitués à l’Etat providence que nous n’avons pas encore intégré le fait que cet État est dorénavant affaibli et pourrait faillir à tout moment?

Désolé pour le ton de ce message, mais j’ai l’impression qu’on est en train de trop tirer sur la corde.

Quelle proportion de leurs salaires devraient recevoir les travailleurs pendant leur période de chômage forcé pour cause…

Publiée par Mourad Ezzine sur Mercredi 25 mars 2020