Tunisie- Qatar : Le projet des Maproc n’est pas un “marché de légumes“

Des chroniqueurs de radios privées, apparemment mal inspirés et sous-informés, se sont donnés, ce mardi 25 février, à cœur joie pour ridiculiser et minimiser la décision de l’Emir de Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, d’avoir accepté au terme de sa visite de deux jours en Tunisie (24 et 25 février 2020) de financer «l’aménagement, à Sidi Bouzid, d’un marché de légumes».

Présentée ainsi, le projet ne peut, normalement, que faire rire les auditeurs. Et pourtant !

Ces mêmes chroniqueurs ont fait porter la responsabilité de ce qu’ils ont appelé «un tout petit geste humiliant» au président Kaïs Saïed qui aurait dû négocier, d’après eux, avec le richissime émir qatari de mégaprojets, du genre “un port en eau profondes, un aéroport, un tronçon autoroutier…“.

Pourtant, abstraction faite des ha ha ha et hi hi hi qui ont transformé ces plateaux de radios en cafés populaires, si l’on regarder de près ledit projet que va financer ou cofinancer l’Etat de Qatar, il ne s’agit pas d’un vulgaire projet de «marché de légumes».

Les Maproc vont révolutionner le milieu agricole du centre du pays

Il s’agit, indéniablement, d’un des meilleurs projets structurants de la Tunisie, en l’occurrence le fameux projet des «Marchés de Production du Centre (MAPROC)».

L’idée de ce projet a été enclenchée en 2012, c’est-à-dire en pleine période d’effervescence révolutionnaire, dans le cadre de la coopération italo-tunisienne, «Fonds d’étude et d’expertise». A la faveur de cette marque d’attention et de la possibilité de mobiliser des fonds pour son financement, toujours au niveau des études de faisabilité technico-économiques, ce projet sera enfin dépoussiéré au grand bonheur de tous les agriculteurs et éleveurs du centre du pays.

Qualifié par des experts internationaux de «premier projet de développement durable du genre en Afrique et dans le monde arabe, ce projet intégré dont le coût est estimé à 70 millions de dinars (ce qui n’est pas négligeable) se propose de diversifier l’activité économique au centre du pays, d’organiser les circuits de distribution des produits agricoles dans la région et de leur assurer une valeur ajoutée à travers la recherche et développement».

Les Maproc au financement duquel va contribuer la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) s’étendront sur une superficie totale de 20 hectares. Le projet aura pour composantes des espaces de ventes du producteur aux commerçants de gros, une aire de vente de cucurbitacées, des entrepôts pour emballage et réfrigération.

Dans le détail, il y a aura six unités : un marché pour les produits agricoles, un marché pour le bétail, une centrale pour les viandes rouges, des locaux dédiés à l’agro-industrie, un centre logistique et une unité de recherche et développement.

Les Maproc, une Bourse moderne de légumes et de bétail

Aux dernières nouvelles, les autorités régionales, dont la Société gérante (Somaproc), ont mis à profit la célébration du neuvième anniversaire du déclenchement de la «révolution du jasmin», le 17 décembre 2019, pour révéler une petite avancée, mais de taille.

Au cours d’une réunion tenue, le 19 décembre 2019, à Sidi Bouzid, en présence de l’ambassadeur d’Italie à Tunis et des représentants des départements ministériels concernés (Commerce, Agriculture entre autres), le gouverneur de Sidi Bouzid, Mohamed Sedki Bouaoun, avait annoncé le règlement de la situation foncière du site sur lequel sera aménagé ce grand marché régional.

Cela pour dire que le projet des Maproc est loin d’être un futur souk pour étalagistes comme le prétendent ces chroniqueurs de radio mais bien un marché moderne, voire une véritable Bourse de légumes et de bétail digne des plus grandes Bourses du monde.