L’Institut tunisiens des études stratégiques (ITES) a récemment publié une étude ayant pour titre “Quel avenir pour les retraités en Tunisie?”, en collaboration avec la fondation allemande Konrad Adenauer.

Objectif: saisir la place des retraités dans la société tunisienne actuelle et élaborer une typologie des comportements de cette frange de la population pendant la retraite.

L’étude en question part du constat que le phénomène de vieillissement s’est progressivement élargi depuis quelques années pour toucher les sociétés dont la population est caractérisée par sa jeunesse.

Il est également question selon l’étude, d’une prise de conscience nationale qui incite à faire face aux multiples répercussions du phénomène en question et pour développer une réflexion sur l’avenir des retraités tunisiens.

L’étude indique ainsi que le vieillissement de la population tunisienne constitue l’un des phénomènes les plus marquants de la première moitié du 21 siècle.

La Tunisie connaîtra dans quelques années, selon l’étude, une nouvelle orientation démographique grâce aux différents efforts entrepris sur le plan social et sanitaire.

La société tunisienne est entrée dans une phase de transition démographique. Il en ressort que la proportion des personnes âgées ayant 60 ans et plus, a enregistré une évolution considérable durant la période (1966-2014) passant de 5,5% en 1966, à 11,4% en 2014, selon les derniers chiffres en date.

En nombre absolu, l’effectif des personnes âgées est passé de 249 334 en 1966 à 1 249 640 en 2014.

L’évolution est également observable de point de vue genre et niveau scolaire. L’étude démontre dans ce sens que les femmes ont enregistré une augmentation de 4,8% entre 1984 et 2014 contre une diminution du poids des hommes parmi la population âgée de 60 ans et plus, tandis qu’une répartition des personnes âgées de 60 ans et plus selon l’analphabétisme démontre que la grande proportion des personnes âgées de 60 ans et plus, est analphabète avec un taux de 59%. Ce taux comparé aux derniers recensements ne cesse de diminuer (à titre d’exemple, en 1994, il a été de 84,9%).

A la lecture des données disponibles, l’étude a élaboré la projection de l’évolution du nombre des retraités. Ainsi, la proportion des retraités parmi la population âgée tunisienne affichera une courbe ascendante, faisant passer l’effectif des retraités de 581.920 en 2014, à 1.244 559 en 2024.

Ces données continueront à augmenter durant les années à venir, selon l’étude, qui met en garde contre l’impact de cette évolution en nombre sur l’équilibre financier des caisses sociales et sur les dépenses en matière de santé étant donné que plusieurs maladies chroniques accompagnent l’avance en âge.

Parmi les axes principaux de l’étude, une analyse des principaux problèmes des retraités, tels que, le manque de préparation à la retraite en tant que facteur qui limite l’activité après l’arrêt du travail associé à une baisse de revenu, qui, aussi minime soit elle, engendre des difficultés pour maintenir un niveau de vie auquel les personnes concernées sont habituées.

La préparation du départ à la retraite est également d’ordre psychologique, indique l’étude, le statut de retraité pose un problème et fait que ce départ a la retraite est vécu comme une expérience pénible qui a pour effet de perturber le fonctionnement normal de la personne concernée.

S’ajoute à ce problème, des difficultés d’ordre administratif se manifestant par le versement tardif de la pension de retraite. Il est également question de manque d’activités culturelles et de loisirs, et de négligence par l’ancien milieu de travail.

L’étude conclut par une série de recommandations visant à garantir une vie de retraite active et équilibrée, dont, le développement par les administrations et entreprises de programmes de préparation à la retraite, la création d’unités de consultation (Comités de sages composés de retraités) qui pourraient être saisis pour donner leur avis dans leur secteurs d’activités et la mise en place d’un dispositif permettant la conception et la mise en œuvre de programmes socioculturels au profit des retraités.