Le projet du Réseau Ferroviaire Rapide (RFR) de Tunis est en train de tourner au véritable serpent de mer. Cela fait près de dix-sept ans que le projet est sur la table. En effet, on a commencé à en parler en 2002 après l’élaboration du Plan de Développement Régional des Transports (PDRT). Et dès le début de la mise en œuvre du projet a été très lente.

Ainsi, il a fallu près de cinq ans pour réaliser l’étude sur les modes de transport en commun sur le Grand Tunis qui devait en guider la concrétisation. Réalisée par quatre bureaux d’études (Systra, SCET Tunisie, Studi et PCI), celle-ci est achevée en 2007. La même année voit la création de la Société RFR qui devait superviser la mise en œuvre du projet.

Poussif, celui-ci a «dévoré» en douze ans pas moins de douze ministres et une bonne demi-douzaine de présidents directeurs généraux.

Lorsque le projet commence à être discuté en 2002, c’est Houcine Chouk qui était ministre du Transport depuis près de cinq ans. Mais il n’aura pas le temps de s’y intéresser longtemps, car en septembre de cette année-là, il passe le témoin à Sadok Rabah qui occupera ce poste pendant vingt-mois.

En novembre 2004, c’est Abderrahim Zouari qui lui succède. Resté à ce poste près de sept ans –du 10 novembre 2004 au 14 janvier 2011-, il est le membre du gouvernement à s’être le plus longtemps occupé du dossier du projet RFR.

A l’exception de Abdelkrim Harouni (vingt-cinq mois, de décembre 2011 à janvier 2014) et à un degré moindre de Anis Ghedira (vingt moins, de janvier 2016 à septembre 2017), Radhouane Ayara (treize mois, de septembre 2017 à novembre 2018), Mahmoud Ben Romdhane (février 2015 à janvier 2016), Chiheb Ben Ahmed (janvier 2014 à février 2015), Hichem Ben Ahmed, l’actuel titulaire du poste, ne préside aux destinées de ce ministère que depuis novembre 2018, soit onze mois- tous les autres ministres du Transport –Yassine Brahim (janvier à juillet 2011), Salem Miladi (juillet à décembre 2011), et, surtout, Slaheddine Malouche (deux semaines, du 14 au 27 janvier), n’ont peut-être même pas eu le temps de comprendre les tenants et les aboutissants de cet épineux dossier.

En douze ans, la Société du Réseau Ferroviaire Rapide de Tunis a connu sept présidents directeurs généraux. L’actuel, Lotfi Chouba (ancien cadre de l’Office de la Marine Marchande et des Ports et ex-gouverneur de Monastir), a été nommé le 24 juillet 2019. Il succède à Mourad Kassab qui, avec Kamel Ben Amor (2007-2011), est celui qui a occupé le plus longtemps ce poste (2016-2017) de PDG de la société RFR.

Entre les deux ont défilé Taoufik Boukhris, Mokhtar Fenira, Rached Zaier, et Moez Lidinellah Mokaddem. Et il n’est pas exclu que la liste des «victimes» de ce projet –tant ministres que PDG- s’allonge davantage. Du moins si les prévisions pessimistes de Mourad Kassab devaient se confirmer : en 2018, alors qu’il était encore aux commandes de la société, celui-ci avait déclaré que les problèmes auxquels ce projet est confronté devaient perdurer, l’entrée en exploitation du RFR pourrait n’avoir lieu qu’en 2026.

Moncef Mahroug