Bergamini annonce la création d’un centre d’art contemporain avec l’aide de l’Union européenne

Depuis les Thermes d’Antonin de Carthage ayant accueilli, vendredi 14 juin 2019, la soirée diplomatique “L’Europe à la mode tunisienne”, l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, a annoncé le démarrage, bientôt, avec le soutien de certains Etats membres dont la France, des travaux de rénovation du musée de Carthage et du site de la Colline de Byrsa. Des discussions sont également en cours pour la création d’un centre d’art contemporain dédié aux jeunes créateurs tunisiens, a-t-il ajouté.

En ce qui concerne l’engagement manifesté depuis l’année dernière pour la rénovation du musée de Carthage et de l’ensemble du site de la colline de Byrsa, l’Europe accordera une dizaine de millions d’euros pour mettre en valeur tout cet héritage tunisien qui fait partie d’un riche patrimoine méditerranéen et du patrimoine archéologique et historique mondial, a-t-il expliqué.

Dans cette même logique de valorisation de la culture et du patrimoine tunisiens, il a fait part des discussions entamées à propos des formes juridiques et des engagements financiers pour la création, avec le soutien de la Municipalité de Tunis et des partenaires privés, à savoir la Fondation Kamel Lazar (FKL), d’un centre d’art contemporain aux abattoirs de Tunis. Ce centre sera destiné aux jeunes créateurs et créatrices pour mettre en valeur le savoir-faire tunisien afin que le monde entier puisse voir de visu toute cette effervescence créative en Tunisie.

Dans son mot d’ouverture, Bergamini a souligné que ces engagements sont des défis aussi bien pour l’Europe que pour la Tunisie” qui, a-t-il estimé, ” a besoin de la mobilisation de toutes ses énergies et de ses talents pour avancer”.

L’Europe a-t-il ajouté est prête à poursuivre son soutien à la Tunisie avec laquelle elle partage non seulement des liens d’amitié et de coopération de longue date mais aussi des valeurs communes, celles du vivre-ensemble, de la culture démocratique, du consensus et du compromis, autant de valeurs sur lesquels l’Europe insiste” a-t-il affirmé.

Le choix du lieu de la célébration cette année de la semaine de l’Europe, s’est porté sur les Thermes d’Antonin n’est pas fortuit, a-t-il précisé. Et d’ajouter “Mettre la culture à l’honneur ce soir, c’est mettre en valeur tout un patrimoine vivant…la culture c’est aussi ce lien entre tradition et modernité, c’est le patrimoine, c’est l’artisanat et la mode à la fois”.

Diversité de la Tunisie dans une large mosaïque de styles et de visions pour un vivre-ensemble

Donnant à voir et à découvrir des “tendances” variées conjuguant traditions et transmissions, huit maisons de couture, de création et de stylisme, inventées par quatre hommes et sept femmes, ont présenté leurs collections à travers un défilé subtil bien coloré, sur un podium soigneusement installé pour des jeunes mannequins qui ont, sous les feux de la rampe, présenté une mosaïque de modèles et de styles mettant en valeur devant une large assistance de membres du gouvernement, de personnalités politiques, de diplomates, d’intellectuels, d’artistes de Tunisie et d’ailleurs, des marques et des labels pour des goûts diversifiés servis selon le style de chacun des créateurs.

Des créateurs qui ont cherché leur inspiration dans l’imaginaire du monde qui les entourent ou dans la tendance qu’un designer aura conçue comme un lien entre l’ancien et le nouveau monde.

Le défilé, organisé sous la direction artistique de Nadia Baccouche, le Gendre avec une illustration sonore de Yessine Bouchareb et une conception graphique de Moez Akkari, a illustré “toute la diversité de la Tunisie plurielle, la diversité des styles, du savoir-faire et du patrimoine ancestral” a tenu à souligner Zied Ladhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale présent à cette soirée aux cotés du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Sabri Bachtobji.

En effet, la diversité de la scène-mode du pays s’est illustrée par des lignes couture signées Ali Karoui, l’élu des élégantes, l’habilleur de plus d’une vingtaine des célébrités de New York ou de Los Angeles, mais aussi le jeune créateur Amin Hajri avec sa marque “The past at the same time as the futur” en proposant un vestiaire de pièces uniques made in Tunisia valorisant les savoir-faire des artisans sur lesquels il s’appuie et dont la clientèle sont des jeunes femmes citadines indépendantes et disposant d’un certain pouvoir d’achat.

Et de poursuivre avec deux marques de prêt à porter en l’occurrence “Lyoum” (Claire et Sofiane Ben Chaabane) avec un life-style qui raconte un style méditerranéen alluré et décontracté en proposant un vestiaire urbain et contemporain ainsi que “My little Bagatelle” (Kenza et Soraya) pour qui le confort des coupes est une priorité. Avec un style à contre-courant, une marque traditionnelle “Leizu” de la styliste-modéliste Lilia Kriai propose des pièces travaillées avec des matières nobles notamment la soie où tous les métiers d’art sont à l’honneur.

Des ovations particulières ont été faites au label anti-fashion Salah Barka, costumier de cinéma, passionné de la fripe et l’un des précurseurs du recyclage des matières, plutôt étranger au bling-bling.

A l’opposé de la “fast-fashion”, “Filupo” un concept-store vintage de Sarah Alina Grosz donne à voir une sélection de fripes éclectiques avec des pièces rarement identiques à des kilomètres à la ronde.

S’est associée à cet événement aussi l’association artistique “Itinérances” (Caroline Perix et Alexia Tronel), une association fédérant artisans et acteurs du changement sur le pourtour méditerranéen… Sa collection présentée et intitulée “Guermessa” est le fuit d’une escale dans ce village troglodyte proche de Tataouine.

Dans cette collection, les broderies reproduisent des caractères arabes tirés du célèbre poème “Les femmes de mon pays” de feu Sghaier Ouled Ahmed … une ligne dont les mots d’ordre sont : immersion, transmission et sensibilisation.

“L’Europe à la mode tunisienne” est au final une manière de dire selon Bergamini qu'”à défaut de changer tout le monde, la mode permet de mieux comprendre le monde : la mode fait la part belle à ce qui fait rêver les femmes et les hommes aussi naturellement: des créations d’Azzeddine Alaia au service de la beauté des femmes de Ben Guerdane et du monde entier, aux marchés de fripes de Siliana, des concepts-stores tunisiens de Tunis ou Djerba qui exportent leurs produits désormais bien au delà de la Rive-Nord de la Méditerranée, des hubs design de Nabeul et bientôt de Djerba et Sfax, où artisans traditionnels et jeunes designers inventent une nouvelle manière de travailler et de vivre-ensemble”.