L’application concrète des législations tunisiennes, notamment la Constitution qui garantit l’égalité des sexes, reste insuffisante à cause de la culture patriarcale qui caractérise la société. C’est ce qu’on souligné les participants à une conférence scientifique sur le thème : “Femmes et égalité en Tunisie”, organisée vendredi 19 avril à Tunis à l’initiative du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Le taux de chômage des femmes est estimé à 43%, ont-ils fait savoir, et que les risques de chômage parmi les femmes sont deux fois plus élevés que parmi les hommes.

La majorité des femmes rurales, dont le taux est de 35%, travaille dans des conditions précaires; seulement 4% parmi elles ont créé leur propre projet agricole.

30% des femmes âgées de plus de 18 ans sont au chômage

La présidente de l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD), Saloua Kanou, a fait remarquer que 30% des femmes âgées de plus de 18 ans sont au chômage, précisant que les compétences de cette population sont inexploitées en Tunisie et elle ne contribue pas au développement du pays.

Elle a proposé dans ce cadre le recours à l’économie solidaire et sociale en tant que solution alternative pour résoudre les problèmes économiques et améliorer les situations sociales précaires.

La présidente d’AFTURD a rappelé l’étude réalisée par l’institut arabe des femmes chefs d’entreprises en Tunisie sur les pays en développement, qui a montré que le salaire de la femme en Tunisie est inférieur à celui de l’homme soit un taux de 14,6%, évoquant les conséquences négatives de l’inégalité des salaires.

Kanou a regretté l’absence d’égalité au niveau des droits économiques entre les sexes en Tunisie aussi bien dans le secteur public que privé, évoquant les salaires, les conditions de travail et le taux d’emploi.

2% de postes de décision occupés par des femmes

De son côté, Dorra Mahfoudh, professeure de sciences sociales, regrette l’inégalité entre les sexes dans le travail, en dépit de l’existence de nombreuses législations en la matière en Tunisie.

Le travail est déterminant pour l’identité de la femme en Tunisie et un moyen pour son ouverture sur son environnement, alors que la loi ne lui garantit pas l’égalité avec l’homme, a-t-elle regretté.

D’après Mahfoudh, le taux des femmes travaillant dans le secteur public est de 40% et seulement 2% parmi elles occupent des postes de décision.

Discrimination positive en faveur de la femme

La magistrate Anouar Mnassri a appelé le législateur à prendre en considération l’inégalité et les charges supplémentaires de la femme, évoquant l’adoption des politiques internationales de la discrimination positive en faveur de la femme.

La loi tunisienne garantit l’égalité entre les sexes dans les différents domaines mais ne renferme pas de mesures préventives pour la protection des droits de la femme, a-t-elle dénoncé, appelant à un contrôle judiciaire de certains comportements ne respectant pas l’égalité notamment dans les domaines politique et économique.

Contradictions entre la législation et la réalité

Le président du FTDES, Abdejalil Bedoui a mis en garde contre les menaces à l’encontre des acquis économiques, politiques et juridiques de la femme tunisienne, soulignant les contradictions entre la législation et la réalité, la loi et les discours politiques et les acquis constitutionnels et les choix de développement.
Bedoui a appelé à une solidarité sociale et à une institution civique consacrant concrètement les droits de la femme.