La coopération technique allemande GIZ est disposée à financer la modernisation des systèmes d’information et de digitalisation des banques publiques tunisiennes de manière à parer à ce problème qui entrave la bonne gestion et la lutte contre la corruption dans le secteur financier public tunisien, a affirmé Karim Bani, conseiller technique à l’Agence allemande.

La modernisation de ces systèmes qui nécessite d’importants financements, permettra à ces banques d’acquérir certaines technologies de pointe, à l’instar de la blockchain (système de stockage et de transmission de données sans contrôle) et des systèmes d’intelligence artificielle, a-t-il précisé, à l’Agence TAP, en marge du colloque tenu mardi, sur “la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption dans le secteur financier”.

L’apport allemand s’inscrira dans le cadre de l’appui au processus de transition en Tunisie et particulièrement, à la prévention et la lutte contre la corruption, dont le colloque constitue un des programmes en cours.

Pour le conseiller technique Bani, la lutte dans ce domaine doit être axée sur la gestion de la conformité aux standards internationaux dont l’intégrité, constitue le plus haut degrés de conformité. A cet égard, une corrélation entre le niveau de conformité atteint et la valeur ajoutée au sein de l’entreprise a été prouvée, a-t-il noté, précisant que la Tunisie a été davantage blacklistée en raison de l’absence de conformité entre les textes et les normes régissant l’activité financière et la réalité des pratiques.

Un retard a été enregistré dans la mise en œuvre de certains mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption particulièrement, dans les établissements publics en raison de différence dans “la hiérarchisation des priorités”, et le peu d’importance accordée à cette question, a reconnu, de son côté, le ministre des Finances, Ridha Chalghoum.

Le retard concerne particulièrement, le contrôle et l’adoption de nouvelles technologies dans la gestion des risques et de suivi des ressources, a-t-il indiqué, soulignant que seules deux ou trois banques privées détiennent des systèmes d’information développés.

Il a, cependant, tenu à défendre la place financière tunisienne, affirmant qu’elle compte parmi les plus saines dans la région Mena (Afrique du Nord-Moyen orient).

Les efforts se poursuivront pour garantir sa sortie de la black liste et développer encore le secteur; ce qui nécessite l’engagement de toutes les parties, y compris les huissiers notaires, les avocats, les comptables et les experts- comptables dont les structures professionnelles ont particulièrement résisté à la réforme (notamment contre la levée du secret bancaire).

A cet égard, la résistance à la réforme ne se limite pas à certains corps professionnels. Elles est également perceptible chez le personnel des banques y compris celui de la ligne commerciale (aux guichets) qui “se plaint de formalisme”, lors de l’entrée en relation avec le client, d’après le directeur de la conformité à l’Arab Tunisian Bank, Moncef Gassouma.

Ainsi la conformité demeure “le grand inconnu” y compris pour les banquiers, et est toujours tributaire de l’efficacité et la permanence de la logistique matérielle et humaine. Cette conformité aux normes et lois “doit être ventilée sur toutes les parties censées travailler sur la lutte contre la corruption”, a-t-il conclu.