“L’égalité sociale est la principale revendication de la révolution tunisienne, et elle n’a pas encore été réalisée”, regrette Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Lors d’un séminaire organisé vendredi 18 janvier à Tunis à l’occasion du 8ème anniversaire de la révolution tunisienne (14 janvier 2011), Romdhani a mis en garde contre les retombées de la poursuite de l’inégalité sociale et la détérioration de la situation sociale et économique.

“Cette situation pourrait mener le pays vers un tournant dangereux qui favorisera l’anarchie et la perte de tous les acquis liés à la démocratie et aux droits de l’homme”, a-t-il prévenu.

Dans ce contexte, le président du FTDES a souligné l’urgence de trouver des solutions rapides susceptibles de réaliser l’égalité sociale et le développement.

Il a ajouté que les mouvements sociaux qui ont démarré, depuis les événements du bassin minier en 2008, n’ont pas été menés par des partis politiques ni par des syndicats professionnels ni par des organisations de la société civile.

“Ces mouvements ont été observés par des citoyens qui appellent à la réalisation du développement et de l’équilibre régional ainsi que la création d’emplois”, a-t-il précisé faisant remarquer qu’il s’agissait d’une révolution sans élite.

Selon lui, la révolution n’était pas un objectif ultime mais les manifestants voulaient juste faire pression sur le régime en place pour réaliser le développement notamment au niveau des droits de l’homme et de la justice transitionnelle.

Romdhani a indiqué que ces mouvements se sont poursuivis avant et après la révolution pour revendiquer un nouveau modèle de développement qui puisse réaliser l’équilibre au niveau des régions sauf que ces revendications demeurent insatisfaites à ce jour.

De son côté, l’écrivain Chokri Mabkhout a souligné que les revendications des manifestants pendant la révolution étaient l’emploi, la liberté et la dignité nationale et seulement l’aspect politique a connu un développement ce qui a provoqué une grande déception populaire.

Pour sa part, l’écrivain et penseur Asef Bayat a souligné que les soulèvements arabes ont émis un grand espoir sur la possibilité de réaliser la démocratie et le développement dans le monde arabe mais ce sentiment s’est rapidement dissipé et s’est transformé en une grande déception.

Il a ajouté que ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et au Yémen n’était pas une révolution radicale comme celle qui a eu lieu au 20ème siècle en Iran et Nicaragua en 1979. “Il s’agit plutôt de réformes révolutionnaires visant à obliger les régimes en place à améliorer la situation sociale et économique et à consacrer la démocratie et la liberté”, a-t-il dit.

Organisé sous le thème “Les Révolutions populaires aux temps Néolibéraux : Succès, échecs et alternatives”, le séminaire a été organisé à l’initiative du FTDES en partenariat avec la fondation Friedrich Ebert.