La grève est un constat d’échec et son coût indirect sera encore plus lourd. Même si les estimations du coût de la grève générale dans la fonction publique et le secteur public varient selon les spécialistes, c’est l’impact indirect qui inquiète le plus.

Pour Ezzeddine Saidane, “arriver à la grève, bien qu’elle soit un droit constitutionnel, est un constat d’échec. Cela signifie que tous les autres moyens de négociation ont échoué, et c’est très dommage, compte tenu de la situation économique et financière très difficile qui prévaut en Tunisie, actuellement”.

“Il semble que le gouvernement a manqué de vision globale. En l’espace de quelques mois, des augmentations ont été accordées au secteur privé, avec la bénédiction du gouvernement. Ensuite, des augmentations ont été accordées au secteur des entreprises publiques qui traînent des pertes cumulées de plus de 8 milliards de dinars, comme si on ne savait pas que, tout naturellement, les revendications de négociations allaient toucher aussi, la fonction publique”.

En effet, “le gouvernement qui a accordé des augmentations au secteur privé et aux entreprises publiques s’est mis dans une situation où il est à court d’arguments devant l’UGTT. La grève de la fonction publique aura un coût direct et un coût indirect”, a-t-il réitéré.

Et de poursuivre “le coût direct est difficile à calculer mais plusieurs estimations se recoupent l’établissant aux alentours de 300 MDT. Ce chiffre couvre aussi bien, le coût supporté par la fonction publique et les entreprises publiques mais aussi l’impact de la grève sur le secteur privé, car si les transports, les aéroports, les ports vont être paralysés, c’est que le secteur privé va en pâtir aussi”.

Mais le plus important reste selon l’économiste “le coût indirect, c’est-à-dire le coût sur l’image du pays et de cette jeune démocratie. Si on admet que la seule manière valable de redresser une économie, c’est l’investissement, il faut être conscient que dans des conditions pareilles et devant une situation sociale aussi tendue, le premier secteur qui va souffrir, c’est l’investissement aussi bien local qu’étranger”.

“L’autre fait important c’est l’après-grève. Va-t-on poursuivre l’escalade jusqu’à atteindre la grève générale, qui paralyserait tout le pays?, parce que contrairement à ce l’on pense, la grève de demain n’est pas une grève générale. Si la réponse serait oui, le prix à payer sera très cher pour le pays”, a-t-il conclu.