Après avoir créé Nidaa Tounes uniquement pour servir un dessein personnel, le président de la République devra à l’avenir se mettre au service d’un projet national, le plus important qui soit aujourd’hui : donner à la Tunisie un parti politique capable de faire contrepoids à Ennahdha.

C’est une lapalissade de dire que le président de la République vit très mal sa marginalisation sur le plan politique et n’est pas prêt à l’accepter de gaieté de cœur. Ses actes –réels ou prêtés par ses adversaires et détracteurs- des dernières semaines sont là pour le prouver.

Mais, pour pouvoir, de nouveau, avoir son mot à dire dans le jeu politique, le président de la République devra inévitablement changer.

Le président Caïd Essebsi –qui, comme le démontre sa gestion au cours des quatre dernières années, a créé Nidaa Tounes uniquement pour servir un dessein personnel- devra à l’avenir se mettre au service d’un projet national, le plus important qui soit aujourd’hui : donner à la Tunisie un parti politique capable de faire contrepoids à Ennahdha.

Cette formation politique –Nidaa Tounes ou autre- ne devra pas être un «machin» entre les mains de BCE, comme c’est le cas du parti présidentiel aujourd’hui. Pas une coquille vide comme Nidaa Tounes, faite par et pour une personne. Mais un parti politique digne de ce nom, où ce n’est pas seulement le chef qui commande mais un groupe composé de personnes démocratiquement élues par la base et non par le sommet.

Bref, BCE devra proposer aux Tunisiens un nouveau projet dont il serait le précieux père spirituel et politique et non un encombrant tuteur.

Une éventuelle et –apparemment- de plus en plus probable candidature pour un deuxième mandat présidentiel n’aurait de raison d’être et, surtout, d’être couronnée de succès que si elle s’inscrit dans cette perspective, tend vers cet objectif.

Le nouveau BCE –à supposer qu’il voie le jour- devra faire l’exact opposé de ce que fait l’actuel. C’est à ce prix qu’il pourra être de nouveau un acteur politique écouté, donc influent.

Le président de la République aime à dire et à répéter que la démocratie ne se décrète pas, mais s’exerce. Il en va de même de la crédibilité : elle ne tombe pas du ciel, elle se gagne.

Moncef Mahroug