Mon patron qui n’est pas si chiche que ça et ayant peur que mes fragiles méninges ne soient affectées par cette succession de crises qui affectent le pays, d’autant plus qu’entre le gourou et lacoubi, je savais plus où donner de la tête. Pour me faire plaisir et améliorer la qualité de mes papiers, il s’arrangea pour m’obtenir un visa et me mit dans le premier avion en partance!

Quand vous arrivez à l’aéroport de Tunis-Carthage, vous avez une chance sur deux ou presque de vous retrouver au départ pour Orly ou la province… les vieilles habitudes ont la peau dure : sur 150 vols par jour, une cinquantaine dessert notre ancienne mère patrie dont une quarantaine PARIS ….

Voilà comment je me suis retrouvée à PARIS, la ville lumière qui reçoit plus de 60 millions de touristes par an; j’ai même vu des magasins recruter des vendeurs qui parlent mandarin pour faire face au raz de marée asiatique.

Mais revenons au début de cette épopée parisienne et commençons par l’enregistrement à Tunis où on vous contrôle à la loupe : avez-vous un visa, quelle est sa durée, combien vous êtes resté dans l’espace Schengen ? Et si par hasard votre bagage dépasse les 23 kg, vous tombez sous les fourches caudines de l’excédent de bagage à 8 DT le kilo.

Quelle erreur stratégique quand on voit ce que font nos amis marocains qui, eux, tolèrent 30 Kg et plus en soute, en plus du bagage à main sur les vols subsahariens dans des avions pleins à craquer.

Du coup, à chaque vol –et ils sont nombreux-, les 200 voyageurs sénégalais ou burkinabé emportent avec eux de 6 à 10 tonnes de produits marocains. Que voulez-vous, ils n’ont pas besoin de forums Tunisie-Afrique pour s’exporter les Marocains, ils prennent des décisions simples et pratiques alors que nous on rame… en invitant des gens qui n’ont qu’un pouvoir de décision provisoire, le temps d’un remaniement : moi je les appelle des “ministres volatiles“.

Une fois arrivée a PARIS et répondu à la sempiternelle question du policier français sur «ce qu’on vient faire en France», on découvre «l’enfer de l’euro». Au cours du vol, votre allocation touristique a fondu et les prix des biens et des choses ont quelque chose d’hallucinant…

Pendant les quelques jours où j’ai flâné dans cette grande vieille ville chargée d’histoire où l’on croise plus d’étrangers que d’indigènes –généralement des octogénaires déambulant sur des trottoirs bien marqués mais empreints de crottes–, les billets de banque me brûlaient les doigts. Selon les quartiers et leur standing, le café crème coûte au moins 8 DT et peut atteindre le double voire le triple.

Autre chose d’exaspérant et de triste, la nouvelle ceinture de migrants installés dans des abris de fortune qui sont vens chercher un peu de liberté et qui ont découvert un autre enfer, celui de la misère dans un environnement plus riche que le leur.

La ville de PARIS est comme cette grande dame, hautaine, immuable et inaccessible, et selon ce qu’on vient y chercher : la capitale de l’amour pour tous ces Japonais qui viennent s’y marier, le temple de la mode et du shopping, l’espace de la  culture et du cinéma, l’auberge sacrée des fins gastronomes, mais aussi rien qu’à voir les métros et leurs habitués, elle a ses faiblesses et ses points noirs comme ces quartiers périphériques où sévissent une pauvreté et une misère quasi permanente. Car le drame dans cette ville, c’est qu’avec 1.000 euros par mois –le salaire d’un ministre tunisien–, on ne vit pas on survit … Alors messieurs les harragas, à bon entendeur salut !