Selon un acteur des technologies de l’information, en 2017, la contribution du secteur des TIC aurait dépassé les 11% du PIB en 2017, déplorant que le gouvernement continue à financer sans limites le secteur touristique et ne faisant pas assez pour le secteur des TIC, seul créateur d’emplois en nombre depuis 2011 et la seule voie pour un nouveau modèle de développement, capable surtout de résorber, du moins en partie, le chômage des diplômes de l’enseignement du supérieur, estime-t-il.

Avec 8.000 ingénieurs TIC diplômés chaque année, dans une 50 d’établissements (entre écoles, facultés publiques et privées, la Tunisie constitue une exception en Afrique, dépassant des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et même l’Algérie ou le Maroc, qui ont des populations plus importantes.

Seule l’Egypte fait mieux en Afrique, avec 16.000 ingénieurs diplômés par an, mais anglophone, alors que les ingénieurs formés en Tunisie sont trilingues, avec une maîtrise de l’anglais, le français et l’arabe, nous explique notre interlocuteur.

Or lorsqu’on parle d’industrie TIC, dit-il, il faut de la matière grise et forcement des ingénieurs, dont plus de 50% sont des femmes. Le marché national et régional pourra même absorber 20.000 ingénieurs par an, ce qui constitue une réelle voie de reconversion pour plusieurs filières de l’enseignement supérieur ayant une très faible employabilité.

Afin de résorber très rapidement le chômage, il suffit de créer des filières informatiques dans toutes les facultés, écoles et instituts de l’enseignement supérieur publiques, surtout que l’investissement pour le faire est très faible par rapport à d’autres filières comme la santé.

Cette loi des nombres fait que le coût de l’ingénieur -donc du développement et de la production- est très complétif. Ainsi, citant une étude réalisée par l’UTICA, notre interlocuteur souligne que ce rapport est 8 fois plus compétitif que celui de l’Europe, 5 fois plus complétif que celui de l’Afrique subsaharienne (avec des pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud) et 3 fois plus compétitif que le Maroc.

Il faudra noter aussi que la Tunisie ne formait que 200 ingénieurs diplômés en l’an 2000. Et c’est grâce à une politique de prolifération des filières informatiques que ce chiffre a été porté à 8.000 ingénieurs en 2017.

Cette force de création et d’ingénierie a donné lieu à 2 modèles de start up. Les premières sont tournées vers l’Europe et fonctionnent sur le modèle du textile, particulièrement en sous-traitance de développement ou en plaçant des ingénieurs en régie avec des SSII et rarement en éditeur de logiciels.

Le deuxième modèle est constitué de start p “SSII“ ou éditeurs de logiciels, tournées plutôt vers le continent africain et regardant vers le sud et sont plutôt exportatrices de solutions logicielles complètes ou de services associés et du conseil. Avec une approche Made In Tunisia en logiciels.

Plusieurs success stories ont brillamment réussi leur expansion vers l’Afrique, dont Arabsoft, SIGA, Picosoft, ST2I, HLI, Athena, IDEE, BFI, Talys Consulting, Proway Consulting, Medianet, Xtensus, Vneron, MP, Devoteam, Oradist, et bien d’autres, qui ont à leur actifs des centaines de projets réussis sur toute l’Afrique.

A tel point que l’exportation des logiciels et services associés a dépassé, en 2017, 1 milliard de dinars, nous dit-on, faisant de ce fait la Tunisie un exportateur net de logiciels et services, ce qui est encore une exception en Afrique.

Alors, notre interlocuteur se demande ce qu’attend le gouvernement Chahed pour pousser le secteur des TIC.  Sachant que le Conseil national numérique qui se réunira le jeudi 29 mars 2018 permettra peut-être de trancher plusieurs problématiques qui entravent le développement de ce secteur, dont l’indisponibilité de terrains ou de zones économiques dédiées.

TB