“Les principaux défis à relever par l’agriculture tunisienne sont l’augmentation de la productivité et de la production ainsi que l’adaptation des produits de transformation aux attentes d’une population de plus en plus urbanisée. C’est ce qu’a souligné Jean-Paul Pellissier, directeur adjoint du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM-IAMM) de Montpellier (France).

S’exprimant lors d’un atelier tenu sur le thème “l’agriculture tunisienne alliant tradition et innovation”, organisé en marge de la 6ème édition du Tunisie Investment Forum (9-10 novembre 2017), Pellissier a indiqué qu’il y a également lieu de conquérir de nouveaux marchés pour les exportations en vue de contribuer à l’équilibre de la balance commerciale. Pour ce faire, il y a donc lieu de mettre l’accent sur les biotechnologies pour assurer une meilleure productivité des terres et d’innover en matière de nouvelles variétés plus résistantes à la sécheresse, aux pesticides et pouvant même être cultivées dans les eaux saumâtres, vu la rareté de l’eau.

Dans ce même contexte, Mohamed Amrani, représentant de la FAO pour l’Afrique du Nord à Tunis, a fait remarquer que seules les technologies peuvent améliorer le rendement des terres, précisant, à ce sujet, que les biotechnologies sont des techniques qui ne signifient pas toujours OGM (organismes génétiquement modifiés), tout en mettant en exergue la résilience de l’agriculture tunisienne dont la part dans le PIB pourrait atteindre, selon lui, 20%.

Il a appelé à une augmentation des investissements et a été rejoint dans cet avis par Abderraouf Laajimi, directeur général du financement, des investissements et des organismes professionnels au ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche qui a relevé que “le processus de croissance est fortement lié à l’investissement”.

Evoquant l’agriculture biologique, Samia Maamar, directrice générale de l’agriculture biologique au ministère de l’Agriculture, a rappelé que la Tunisie a été reconnue comme équivalente au système européen en matière de cultures biologiques et est reconnue par la Confédération suisse, ajoutant que les produits bio tunisiens sont exportés vers 40 pays sur les cinq continents.

Et de poursuivre que cinq zones pilotes ont été choisies, à savoir Sejnane (gouvernorat de Bizerte), Kesra (gouvernorat de Siliana), Mejel Belabes (gouvernorat de Kasserine), Hizoua (gouvernorat de Tozeur) et El Haouaria (gouvernorat de Nabeul), mettant l’accent sur la place grandissante que prend la production de l’huile des pépins des figues de Barbarie pour l’usage cosmétique.

Résumant la situation de l’agriculture en Tunisie, le secrétaire d’Etat aux Ressources hydrauliques et à la Pêche, Abdallah Rabhi, a rappelé l’appauvrissement des terres, le manque d’eau, la forte urbanisation, les changements climatiques et les différents gaspillages (eau, sols) évalués à 30%, outre l’inadaptation de certaines semences aux zones de production. Selon ses dires l’agriculture de demain est en fait un ensemble de facteurs à commencer par le choix des cultures jusqu’au mixage entre recherche-développement et vulgarisation.

Lors du dialogue qui a eu lieu entre les responsables et les présents à l’atelier, certains parmi ces derniers ont déploré la lourdeur des procédures administratives pour la réalisation des investissements agricoles, l’absence d’un cadre légal à même de soutenir les inventeurs en agriculture et de laboratoires au sein du centre technique de l’agriculture biologique.