Moody’s Investors Service vient d’annoncer le changement des perspectives de la notation de la Tunisie -Ba3- de “stable” à “négative”.

Moody’s explique cette dégradation par :

  • les retards pris dans la voie de l’assainissement budgétaire, qui entraîne une dégradation du déficit budgétaire et une trajectoire dette / PIB qui s’écartent de plus en plus de la médiane des pays similaires;
  • l’augmentation des vulnérabilités externes résultant de déséquilibres persistants des comptes courants et d’une augmentation de la dette extérieure brute.

Moody’s souligne que la confirmation de la notation -Ba3- est appuyée par la force de ses institutions par rapport à ses homologues cotés et par le soutien continu des institutions internationales, sous réserve des progrès réalisés dans son programme de réformes.

Facteurs ayant entraîné la dégradation des perspectives de la notation

Le premier facteur de l’affectation d’une perspective négative est l’aggravation du profil budgétaire tel qu’indiqué par la loi de finances complémentaire 2016 et le projet de loi de finances pour 2017.

Le gouvernement a révisé à la hausse les prévisions de déficit budgétaire 2016 et 2017 à 5,7% du PIB et 5,4%, respectivement.

Le ratio d’endettement devrait également passer de 54,9% en 2015 à 63,2% du PIB à la fin de 2016, ce qui indique une détérioration significative du fardeau de la dette au cours de la dernière année en raison d’une croissance plus lente que prévue (1,5%).

Dans l’avenir, Moody’s prévoit que le ratio d’endettement de la Tunisie augmentera encore l’année prochaine, sa trajectoire pouvant dépasser 65% du PIB en 2017-2018.

Le financement des besoins bruts de la Tunisie d’environ 9-10% du PIB au cours des deux prochaines années dépendra des progrès réalisés dans les réformes convenues avec le FMI et d’autres bailleurs de fonds officiels pour environ la moitié des besoins annuels de financement. Le plan de financement pour 2016 et 2017 intègre également l’accès aux marchés de capitaux internationaux dans un contexte de resserrement des conditions de liquidité externe.