Tunisie – Entreprise : Un Club DRH de l’UTICA verra le jour

Par : Tallel

L’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat) a organisé, vendredi 16 septembre 2016, conjointement avec Business Med, un séminaire sur le thème: «Employeurs et dialogue social… Renforcement de capacités et adaptation à la nouvelle réalité».

Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du projet SOLID de renforcement du dialogue social dans la région sud-méditerranéenne,

A l’ouverture des travaux de ce séminaire, Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a déclaré que cette manifestation est une occasion pour confirmer l’importance du dialogue social dans la région méditerranéenne en général et en Tunisie en particulier, mettant en relief son enracinement dans le patrimoine culturel de la région.

Le Tunisien est communicant…

Selon lui, la réussite du dialogue social en Tunisie est due à la facilité de la population tunisienne à communiquer avec l’autre et aussi par la nature du tissu industriel tunisien, caractérisé par la dominance de la PME où le chef de l’entreprise est proche de ses employés et avec lesquels il communique presque quotidiennement et directement.

Cependant, le vice-président de l’UTICA estime que ce dialogue social a besoin de plus d’encadrement et d’institutionnalisation au niveau des structures et des institutions, et d’amélioration des compétences des intervenants afin qu’ils puissent mener un dialogue responsable dans le cadre de la réglementation en vigueur.

Un dialogue social adapté à la réalité du pays

«Les événements vécus par notre pays depuis 2011, ajoute Elloumi, caractérisés par des revendications excessives et le recul de la culture du travail et de la productivité, l’accroissement du nombre des conflits de travail ont mis en relief la nécessité de l’existence au sein de l’entreprise d’une fonction ressources humaines (DRH) forte, compétente à même de gérer ces conflits de travail. Nous avons en effet constaté que les entreprises qui ne disposent pas de DRH compétente ont eu du mal à gérer ces conflits. C’est d’ailleurs cette raison qui a poussé l’UTICA à lancer un “CLUB DRH de l’UTICA“ qui regroupera les responsables DRH des entreprises pour échanger leurs expériences et renforcer leurs capacités dans les domaines du travail et du dialogue social.

Le rétablissement de la paix sociale, le retour au travail et à la production sont la seule façon de sortir l’économie tunisienne de la crise, car nous avons besoin aujourd’hui d’un dialogue social adapté à la nouvelle réalité du pays après la révolution, une réalité qui nous impose d’atteindre des niveaux élevés de productivité et de qualité et une capacité de résister à la concurrence, a-t-il ajouté.

Pour finir, Elloumi a formulé le souhait de voir ce séminaire constituer le point de départ pour un diagnostic des forces et faiblesses du dialogue social afin qu’il puisse contribuer à la réalisation de la paix sociale et à la stabilité du pays, piliers les plus importants de la réussite de toute politique économique.

Un conseil national du dialogue social

A suite de Hichem Elloumi, le directeur régional du Bureau international du travail pour le Maghreb, Mohamed Ali Dayahi, a déclaré que “l’augmentation du volume des investissements, l’amélioration de la production, la promotion de l’emploi, la réduction des inégalités et l’amélioration des conditions de vie et de travail ne trouveront de solutions viables et fiables qu’au moyen d’un dialogue social porteur et promoteur”.

Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif et président de la Commission des affaires sociales à l’UTICA, rappellera que la première manifestation du dialogue social en Tunisie remonte à la rédaction de la première Constitution de 1959 à laquelle l’UTICA et l’UGTT avaient participé.

Il a donc présenté la genèse du dialogue social en Tunisie ainsi que toutes les étapes qu’il a traversées depuis l’indépendance. Ce dialogue, a-t-il affirmé, a toujours été principalement un dialogue bilatéral UTICA-UGTT et il a toujours été présent dans la vie politique et sociale du pays avant et après la révolution. 

M. Ghariani a ajouté que malgré l’explosion des revendications sociales en 2011, le dialogue social n’a jamais été interrompu et l’année 2013 a vu la signature du contrat social qui constitue une véritable feuille de route pour les partenaires sociaux puisqu’il traite de plusieurs questions sociales stratégiques, tel que le développement régional, la formation professionnelle et les relations de travail au sein de l’entreprise en introduisant la notion de souplesse et de flexibilité. Ce pacte social a également prévu la création du Conseil national du dialogue social qui n’a pas encore vu le jour.

Ce dialogue social est aussi l’initiateur de la création du Quartet du dialogue national, prix Nobel de la paix et il est aussi présent dans le dernier accord de Carthage qui a donné naissance au gouvernement d’union nationale.

Révision du dialogue social…

Dans son allocution de clôture du séminaire, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, a notamment déclaré que la période post-révolution nécessite une révision du dialogue social, mettant l’accent sur le rôle central des responsables DRH qui doivent disposer des compétences nécessaires pour mener ce dialogue. Il a aussi appelé à une protection des emplois existants et à plus de souplesse dans la gestion des ressources humaines.

En outre, il a souligné l’impératif d’appliquer la loi, et que la situation nouvelle de la Tunisie nécessite une nouvelle approche du dialogue social.