Où sont les femmes?

Par : Autres

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Le sujet a régulièrement fait la une des médias tunisiens. Actives dans les manifestations, à la tête d’associations de la société civile, dans les partis politiques, mais restent quasi absentes dans la prise de décisions.
Notre sélection à l’occasion de la fête de la femme :

Où sont les femmes?

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Quasi absentes des plateaux de télévision, les femmes tunisiennes se déploient dans la rue à chaque manifestation ou marche. Qu’elles soient du côté de la Kasbah ou du Bardo, c’est au sein de la société civile, où elles président de très nombreuses associations, qu’elles sont le plus actives.

De fait, elles sont prisonnières d’un rôle de second plan bien que leurs libertés et rôles dans le projet sociétal en construction soient au centre d’un enjeu primordial. Elles ont été au cœur de la révolution, veillent et vivent la transition aux premières loges, pourtant elles restent rares dans le domaine politique. Pourquoi? Qui sont-elles? Comment réagissent-elles à leur non reconnaissance politique?

La parité, un combat qui n’est pas encore gagné

femme-tunisienne-2016-1.jpgPlus de 6000 femmes ont défilé samedi 9 mars sur l’Avenue Habib Bourguiba, non seulement pour célébrer la Journée internationale de la femme mais aussi pour affirmer leur volonté de préserver leurs acquis, appeler à une participation plus effective de la gent féminine dans le processus de transition démocratique et rappeler aux Tunisiens que l’assassinat de Chokri Belaïd doit être élucidé et que la vérité doit éclater.

En Tunisie, les femmes n’oublient pas, ne se soumettent pas et, surtout, ne se prêtent pas aux manœuvres de diversion…

PORTRAITS DE FEMMES

«Je rêve d’une Tunisie paisible, solidaire et travailleuse», Asma Ennaifer
«Tout ce que je fais aujourd’hui et ce que j’ai fait à l’international quand j’étais la représentante de Tunisair à Nice, c’est d’entreprendre des actions visant à rendre l’image de la Tunisie toujours plus rayonnante.

Asma_Ennaiefer-2016A.jpgCe qui se passe aujourd’hui me rend malade. Rien qu’à entendre les commentaires, du genre “le terrorisme sévit en Tunisie“, “l’environnement est dans un état désastreux“, “la pauvreté atteint des cimes insupportables“, me blesse au plus profond de mon cœur. La Tunisie, notre si beau pays, si riche par son histoire, son potentiel humain, ses réalisations malgré ses moyens limités me rappelle la citation de Douglas Kennedy “C’est un pays nu sous le ciel d’un bleu solide, affolant par sa taille…“.

La taille de la Tunisie n’est pas aussi grande que celles des USA mais sa lumière a attiré les peintres européens les plus importants dans ses contrées. Paul Klee ou encore Louis Moilliet ont entrepris il y a plus d’un siècle la traversée de la Méditerranée, afin de découvrir les riches couleurs de la Tunisie. Je n’épargnerai, personnellement aucun effort pour aider ma Tunisie, c’est notre seule possession. Nous pouvons vivre loin d’elle mais elle vit en nous».

Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA : «Je n’aime pas trop cette distinction entre chefs d’entreprise hommes et femmes»

wided_bouchamaoui-tunisie.jpgQui aurait cru que Wided Bouchamaoui, élue et plébiscitée à la tête de l’UTICA, aurait réussi aussi brillement sa mission de présidente du patronat?

Elle qu’on pensait incapable d’assurer aussi bien que ses prédécesseurs hommes de caractère, charismatiques et expérimentés? Wided Bouchamaoui a pris les rênes de l’UTICA alors qu’on pensait l’organisation vouée à l’effondrement tout comme l’avait été l’ancien régime.

Elle a pu doucement et discrètement, grâce à sa ténacité et sa sagesse, rétablir la situation de la centrale patronale et réussi un statut quo avec la centrale ouvrière en mettant en place le “contrat social“ auquel a totalement adhéré le gouvernement Jebali.

Lamia Debbabi, présidente de l’ATFJ: «Aucune femme en Tunisie n’a accédé aux hauts postes de la magistrature»

lamia-debba.jpgLamia Debbabi est présidente de l’Association tunisienne des femmes juristes, et membre du Barreau depuis plus de 25 ans. Brillante avocate spécialiste en droit civil commercial et droits de la famille, elle a également exercé le métier de journaliste à la radio et a été membre du bureau exécutif de l’Association des jeunes avocats. «Presque pas de femmes dans la nouvelle équipe gouvernementale, c’est inadmissible et révoltant», invective-t-elle.

Fethia Saidi du parti Al Massar : «La démocratie est une culture de “vivre ensemble“ comprenant convergences et divergences»

Fethia-Saidi-tunisie.jpgSi ce n’est l’importance de la phase actuelle par laquelle passe la Tunisie et les risques que nous encourons si nous nous contentons d’une posture passive et attentiste, Fethia Saïdi, sociologue, membre du bureau exécutif d’Al Massar démocratique et social, se serait peut-être contentée de plancher sur ses études et recherches évitant de dépenser son énergie et son temps dans la politique et préférant laisser son exercice très souvent douloureux aux passionnés du jeu du pouvoir et aux ambitieux.
Rencontre avec une universitaire qui craint aujourd’hui un retour en arrière des droits et acquis des femmes.

Amel Chahed, journaliste et productrice à la télévision nationale : «Je ne suis pas neutre, je porte les couleurs rouge et blanche du drapeau de la Tunisie»

amel-chahed-tunisie.jpgLes médias mis au pilori après la révolution? Rien d’étonnant. Ils l’étaient déjà bien avant le 14 janvier. A l’époque, ils étaient traités de collabos, aujourd’hui on les accuse d’être de menteurs, des fauteurs de troubles, trop agressifs, trop francs, trop tenaces et des fois trop partisans, ce qui nous renvoie au dicton populaire “kima el krouma, mettakla w madhmouma“… (comme le cou de l’agneau, dégusté et détesté).

Les femmes journalises, elles, représentent non seulement un enjeu en tant que porteuses de la «bonne parole» et des fois qui osent la “mauvaise“ … mais elles représentent aussi un enjeu culturel dans une société profondément conservatrice malgré un modernisme et une émancipation apparents. On les juge beaucoup plus durement, et bien que leur nombre soit supérieur à celui des hommes, elles n’atteignent pas aisément les centres de décisions et elles ne sont pas aussi bien perçues dans la société que leurs confrères hommes.