Fête de la Femme : «Je rêve d’une Tunisie paisible, solidaire et travailleuse», Asma Ennaifer

Asma_Ennaiefer-2016A.jpg«Tout ce que je fais aujourd’hui et ce que j’ai fait à l’international quand j’étais la représentante de Tunisair à Nice, c’est d’entreprendre des actions visant à rendre l’image de la Tunisie toujours plus rayonnante. Ce qui se passe aujourd’hui me rend malade. Rien qu’à entendre les commentaires, du genre “le terrorisme sévit en Tunisie“, “l’environnement est dans un état désastreux“, “la pauvreté atteint des cimes insupportables“, me blesse au plus profond de mon cœur. La Tunisie, notre si beau pays, si riche par son histoire, son potentiel humain, ses réalisations malgré ses moyens limités me rappelle la citation de Douglas Kennedy “C’est un pays nu sous le ciel d’un bleu solide, affolant par sa taille…“. La taille de la Tunisie n’est pas aussi grande que celles des USA mais sa lumière a attiré les peintres européens les plus importants dans ses contrées. Paul Klee ou encore Louis Moilliet ont entrepris il y a plus d’un siècle la traversée de la Méditerranée, afin de découvrir les riches couleurs de la Tunisie. Je n’épargnerai, personnellement aucun effort pour aider ma Tunisie, c’est notre seule possession. Nous pouvons vivre loin d’elle mais elle vit en nous». 

De l’émotion, de l’amour et de la détermination dans le ton d’Asma Ennaifer. La dame aux mains de fer et au cœur tendre, qui officie en tant que directrice générale des relations extérieures, RSE et Innovation d’Orange Tunisie, a réussi à assurer à la compagnie la visibilité et une présence médiatique tous azimuts non seulement au travers de ses produits mais aussi par les actions RSE.

Les plus importantes sont celles pour la promotion du site Tunisie à travers des applications mobiles qui permettent de découvrir les plus beaux coins et recoins de notre pays. Une opération baptisée «Tunisie Passion».

Une autre d’envergure également, celle des «Fablab» implantés au Club Jeunes Sciences à la maison de Jeunesse Cité El Khadra et dans nombre d’universités tunisiennes en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Depuis 2010, près de 6.500 jeunes ingénieurs ont reçu des formations dans l’Orange Developper center, le seul laboratoire gratuit de développement mobile, sans oublier les 30 écoles numériques équipées par l’opérateur téléphonique. «Voir les regards reconnaissants des élèves auxquels nous offrons l’accès aux nouvelles technologies représente pour moi une satisfaction indescriptible et un bonheur inexprimable. Quoi de plus gratifiant pour nous autres que de familiariser les élèves avec le numérique pour les aider à améliorer leurs résultats scolaires et les préparer à affronter les défis de l’avenir?».

Compter sur soi…

Pour Asma Ennaifer, familiarisée depuis longtemps aux techniques et aux subtilités de la communication institutionnelle, «chacun de nous doit jouer un rôle dans le sauvetage et le développement de notre pays. Arrêtons cette litanie de “il revient à l’Etat de tout assurer et de surseoir à toutes les demandes et les revendications“». Des messages qu’elle ne cesse de transmettre aussi bien aux représentants des médias qu’elle gère avec beaucoup de maîtrise qu’auprès des émissaires de la société civile qui viennent très souvent solliciter son aide et son soutien financier.

Pour elle, les femmes ont un rôle central à jouer dans la construction d’une nouvelle Tunisie. «Elles sont des battantes et porteuses de valeurs qu’elles transmettent aussi bien à leur progéniture que dans leurs milieux professionnels. Entières, elles s’investissent sans limites dans les missions qu’elles s’assignent, elles sont très présentes et très actives dans la société civile. Aujourd’hui, nous avons commencé à constituer une société civile solide et les femmes peuvent faire bouger les choses dans le bon sens. Tous les ingrédients de la réussite sont là, nous parviendrons à sortir notre pays de toutes ces crises qui le secouent».

Les axes de l’action RSE de Asma Ennaifer

Asma_Ennaiefer_2016B.jpgLe plan d’action RSE mis en place par Asma Ennaifer à travers Orange Tunisie et avec l’appui et le soutien de la Fondation Orange tourne autour de trois axes: les écoles numériques pour les enfants (30 écoles en 2016 et 60 en 2017) afin de les outiller pour prendre la relève. «Nous voulons mettre les poutres et les anneaux pour l’édification de la Tunisie de demain. Nous avons également conçu une stratégie en direction des femmes qui ont la lourde tâche de bien éduquer les générations futures. Pour ce, il faut qu’elles soient libres et autonomes économiquement. Les maisons digitales, c’est notre projet femmes, elles permettront à celles qui possèdent un métier de commercialiser leurs produits de là où elles se trouvent. Il y en aura une vingtaine d’ici l’année prochaine.  Nous nous sommes positionnés dans la logique des projets intégrés. Nous entrons dans un village, dans une région de l’intérieur et nous en occupons de A à Z dans la limite de nos moyens. A Kasserine, nous équipons les écoles et les rénovons, nous dotons aussi le dispensaire des équipements nécessaires et nous y implantons des maisons numériques. Deux villages bénéficieront de ce traitement d’ici septembre 2016. Environ 3.800 personnes en profiteront. Dans cette région, les habitants ne sont pas heureux, nous avons voulu ramener la joie à leurs enfants. Nous avons même conduit des artistes pour décorer les murs des classes et des cités. Nous voulons leur redonner du rêve. La Tunisie est aujourd’hui en difficulté et nous voulons que ces jeunes et enfants rêvent et espèrent de nouveau. Mon plus grand bonheur a été de voir les femmes et les enfants de Kasserine sourire».

Lors d’une action organisée à Jendouba, on avait dit à Asma Ennaifer: «Madame vous nous avez amené la gaieté». «Cela n’a pas de prix et au-delà du projet en lui-même, c’est la joie que nous suscitons chez nos concitoyens qui se croyaient délaissés qui prévaut sur tout le reste».

Il suffit de la présence, des médias en particulier, pour que toutes les autorités se mettent en branle afin d’améliorer le vécu des gens.

«Pour moi, aider les associations revient à susciter une dynamique socioéconomique dans des zones marginalisées. Nous formons les femmes aux TIC après qu’elles ont acquis le savoir-faire grâce à des organisations telles que la GIZ. Notre maître-mot est la solidarité. Si nous sommes solidaires les uns des autres, nous pourrons sauver notre patrie». Une solidarité qui doit naître dans les régions de l’intérieur elles-mêmes soutenues ensuite par des actions telles celles initiées par Asma Ennaifer. «Nous avons affaire à des personnes authentiques, et c’est ce qui me séduit le plus dans les actions que j’entreprends dans nombre de zones déshéritées de notre pays (encadrement et formation). Il faut leur donner leur chance et les doter des moyens de réaliser leurs rêves. Cela n’a pas de prix».

Tel père tel fille…

Asma Ennaifer incarne en quelque sorte la méritocratie à la tunisienne. Issue d’une famille qui a toujours cru en l’importance des études pour bien armer les femmes aux aléas de la vie, elle croit dur comme fer que les Tunisiennes sauveront notre mère patrie. C’est la digne petite fille de Cheikh Mohamed Salah Ennaifer, professeur à la Grande Mosquée ”Ezzeitouna”, secrétaire général et fondateur du premier syndicat tunisien des enseignants. Il a aussi fondé, en 1947, des écoles pour les jeunes filles, «L’école de la jeune fille musulmane» (Madraset Al Bint Al muslima).

Il avait pensé au pôle éducationnel bien avant les gouvernements tunisiens post-occupation. Les études des jeunes femmes démarraient à la maternelle, l’école primaire, pour passer ensuite du secondaire au supérieur.

Le rêve d’Asma Ennaifer est de voir la Tunisie vivre en paix et dans la sérénité. «Les Tunisiens sont des non-violents, ils sont très intelligents et sont dotés d’une grande capacité d’adaptation. Le Mahatma Ghandi a dit: “Devenons le changement que nous souhaitons voir dans le monde“, j’aimerais que nous soyons le changement que nous espérons avoir dans notre chère Tunisie. Apprenons à nous aimer, à être solidaires, croyons en nous, et le miracle tunisien se produira, à condition que nous travaillions. J’ai foi en la valeur travail, elle nous sauvera».