La libéralisation commerciale, seule réponse de l’UE à la crise tunisienne?

Par : Tallel

Suite aux manifestations qui secouent la Tunisie actuellement, plusieurs ONG dénoncent, dans un communiqué rendu public vendredi 22 janvier, l’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de la Tunisie, et ce «… après avoir pris connaissance de la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil concernant l’instauration de mesures commerciales autonomes d’urgence en faveur de la République tunisienne.

Ces ONG sont : Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux “FTDES“, Union générale tunisienne du travail “UGTT“, Ligue tunisienne des droits de l’Homme “LTDH“, Comité pour le respect des droits de l’Homme en Tunisie “CRLDHT“, Vigilance ATTAC et AITEC (France).

Ainsi, «nous prenons note de l’intérêt manifesté par les autorités européennes pour soutenir la Tunisie dans sa transition démocratique et son processus de développement durable», écrivent les ONG signataires. Puis, elles «rappellent que la Tunisie a toujours demandé en vain une amélioration de quota relative à l’exportation de l’huile d’olive tant pour accroître le volume global de ses exportations vers l’Union européenne que pour élargir le contingent tarifaire à droit nul».

Selon elles, «… la mesure annoncée par les autorités européennes n’a rien d’exceptionnel étant donné que l’effort fourni par l’adoption d’une telle mesure unilatérale de l’UE concernant l’huile d’olive est:

–      de type temporaire et ponctuel,
–      ayant une incidence budgétaire négligeable pour l’UE,
–      n’aura aucun effet positif significatif sur la situation économique en Tunisie sur le secteur agricole en Tunisie en termes de production, d’emploi et d’exportation. La médiocrité de la saison agricole en 2015 et le manque de pluie qui marque l’hiver 2015-2016 feront que la Tunisie aura même de la peine à épuiser son contingent tarifaire annuel à droit nul fixé pour l’huile d’olive à l’article 3, paragraphe 1, du protocole n°1 de l’accord euroméditerranéen. En plus, la capacité de création d’emploi dans le secteur oléicole reste fondamentalement tributaire des conditions climatiques aléatoires qui déterminent le volume de la production et le rythme de l’activité dans ce secteur et les revenus des agriculteurs». 

Les ONG soulignent également que «l’initiative, en apparence généreuse, intervient dans un contexte marqué par le recul de la production européenne de l’huile d’olive, la montée de la demande des pays émergents et l’augmentation du prix de l’huile d’olive sur les marchés mondiaux. De ce fait, cette mesure ne vise qu’à faciliter les exportations tunisiennes sur le marché européen afin d’aider les pays européens producteurs de l’huile d’olive à préserver leur part et leur position dominante sur le marché mondial».

Pour ces ONG signataires du document, «la situation économique et sociale actuelle en Tunisie est sérieusement menaçante pour la transition démocratique. Elle nécessite un traitement exceptionnel et global à moyen terme afin de préserver la paix et la stabilité dans le pays et faire face aux conséquences désastreuses pouvant en résulter en termes de terrorisme, de migration massive et d’instabilité régionale et méditerranéenne. Le traitement exceptionnel passe par l’établissement d’un bilan objectif et honnête des conséquences de l’application, durant les dernières décennies, d’une logique néolibérale à outrance avant d’avancer dans les négociations de l’ALECA. Il passe aussi par un effort réel consistant à repenser le partenariat Tunisie-UE dans un sens plus équilibré et plus favorable au codéveloppement et à un partage plus juste de la prospérité».

D’après communiqué