18ème édition du Prix SANOFI : Recherche médicale…quand université et industrie se donnent la main

Quand l’industrie veut bien et quand l’Université s’applique, la recherche progresse. Le capital et l’intelligence peuvent faire bon ménage.

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La 18ème édition du prix SANOFI de la “Recherche clinique médicamenteuse“ n’a pas dérogé à la règle. On a vécu un grand moment de science, de débat et de convivialité lors de la cérémonie de cette édition.

Deux lauréats ont été couronnés cette année. Ce fut l’occasion pour découvrir que la recherche scientifique en Tunisie se porte plutôt bien. Et, qu’elle pourrait aller bien plus loin.

Endeuillé par la disparition du Professeur Chokri Belkahia, partenaire du Jury du Prix Sanofi, le Cercle national de la recherche médicale, dans un élan louable de compassion, a honoré la famille du défunt. Dépassant son chagrin, ce cercle a su embrayer sur l’actualité nationale avec un speech du Pr Amor Chedly qui évoquait un lointain Prix Nobel de médecine, accordé au Docteur Charles Nicolle en 1928.

Ce nice gathering a également baigné dans une ambiance de convivialité, le temps d’un extrait Allegro des “Quatre saisons de Vivaldi“ qui tient lieu d’hymne officiel du prix SANOFI.

Prix 2015 : Des travaux de grande qualité

Le millésime SANOFI 2015 a été d’une grande qualité scientifique, ont souligné les huit membres du jury. Onze compétiteurs ont participé et ce fut une moisson respectable. Les deux lauréats toucheront une prime de 10.000 dinars chacun et qui sera majorée de 2.000 dinars en cas où leurs travaux seraient repris par une revue internationale.

Ainsi, depuis la création de son Prix, SANOFI aurait suscité la participation de près de 300 travaux de recherche.

Rappelons au passage que SANOFI est pionnière dans son secteur. C’est la première entreprise privée de fabrication de médicaments. Elle est leader du marché avec 80% des ventes locales. Et elle se hisse en tête des innovations avec un programme de 18 nouvelles molécules à mettre sur le marché en 2016.

A son honneur de se comporter en entreprise citoyenne. Ses actions de mécénat sont diverses et variées. Les dernières en date ont compté, entre autres réalisations, la création d’un centre de distraction à l’hôpital des enfants Béchir Hamza de Tunis.

Un lointain Prix Nobel en 1928

La communauté scientifique nationale est grisée, à l’instar de tous les Tunisiens, par le Prix Nobel de la paix. Toutefois, et à notre grande surprise, la Tunisie en aurait accueilli un prix antérieur, récompensant des travaux de médecine portant sur le traitement de la propagation du Typhus. Avec son phrasé sobre et son approche rigoureuse, Pr Amor Chedly nous a fait vivre un moment de vive émotion.

En effet, il nous apprend que, en 1928, le Nobel de Médecine a été attribué au docteur Charles Nicolle. Cet illustre médecin a démontré que le pou de tête était le vecteur de propagation de la maladie du typhus. Dr Charles Nicolle a pu établir qu’avec une hygiène stricte, on venait à bout de cette épidémie, soulageant ainsi l’humanité par son coup de génie. Ce Nobel récompensait un praticien français pour ses travaux réalisés en Tunisie. Dans ces conditions, ce prix nous revient-il de droit? Et c’était le cœur de la problématique soulevée par le Pr Amor Chedly.

Praticien Français, amoureux de la Tunisie, Dr Charles Nicolle a choisi d’y vivre, d’y exercer et d’y mourir. Cependant, il ne s’assimilait pas pour autant aux Tunisiens qu’il regardait comme des indigènes, attitude, hélas colonialiste! La Tunisie aura été un simple récipiendaire et non l’impétrant de ce Nobel.

On retient que cette terre a des antécédents de rayonnement scientifique et c’est toujours bon à prendre.

Sous un angle de prospective

Gloire, science et patrie, ce crédo de l’Ecole polytechnique avait bien illustré l’ambiance de cette manifestation qui fait une jonction heureuse entre l’université et l’entreprise industrielle. Et ce qui se fait avec le concours de SANOFI dans la recherche médicale pourrait faire métastase, nous le souhaitons de tout cœur.

La Tunisie occupe le rang de pôle d’excellence dans le secteur du médicament dans la région MENA. Pr Anis Klouz a rappelé que la Tunisie se classe 47ème mondial en matière de publications médicales, devançant ainsi l’Egypte et le Maroc. Elle arrive au 60ème rang mondial pour la fabrication de médicaments. Toutefois, la production nationale représente moins de 1% de ce vaste marché mondial, qui atteint 750 milliards de dollars.

Le ministre de la Santé, Saïd Aïd, qui présent à cette cérémonie, a souligné que c’est là une piste d’avenir qu’il convient d’exploiter à fond, d’autant que le pays est à la recherche de secteurs porteurs pour mettre sur pied sa refondation économique.

Le jury

Le jury de cette 18ème édition du Prix SANOFI de Recherche en santé était composé de neuf membres, à savoir:

Pr. Noureddine BOUZOUAIA, directeur général du Technopôle de Sidi Thabet
Pr. Chedly DZIRI, Société tunisienne des sciences médicales
Pr. Habib GAMRA, chef service cardiologie – Hôpital Fattouma Bourguiba – Monastir
Pr. Mohamed HSAIRI, Médecine Préventive – Faculté de Médecine – Tunis
Pr. Anis KLOUZ, directeur de la recherche – Ministère de la Santé
Pr. Mohamed LAKHAL, directeur général du Centre national de pharmacovigilance

Pr. Hechmi LOUZIR, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis

Pr. Khaled ZGHAL, directeur général de l’INAS.