Pétrole à moins de 40 dollars : ces pays qui souffrent le plus

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LE SCAN ÉCO – Alors que le cours du baril a chuté aux alentours de 40 dollars, les grands producteurs d’or noir paient leur dépendance aux hydrocarbures. Revue de la situation économique de certains de ces colosses au pied d’argile.

Après avoir été stable pendant plus de trois ans, autour des 110 dollars, le pétrole a entamé une chute en juin 2014, jusqu’à environ 50 dollars le baril en décembre. Depuis le début de l’année 2015, les secousses sont vives, et la tendance est restée baissière: il vaut près de 40 dollars le baril à la fin août. Une telle déflagration a des conséquences particulièrement lourdes pour les pays dépendants de l’or noir. Surtout pour ceux qui connaissent par ailleurs des difficultés économiques. Le point.

• Ils sont dans une situation de crise avancée

Le Venezuela

La dépendance au pétrole de l’économie vénézuélienne est extrême. L’or noir représente en effet pas moins de 95% des exportations au Venezuela et constitue deux tiers de recettes de l’État. La chute inexorable des prix du pétrole entamée au second semestre de l’année dernière a considérablement diminué les rentrées monétaires vénézuéliennes et porté un coup terrible aux importations, entrainant la pénurie de nombreux produits de première nécessité. Autant d’éléments qui ont conduit à un taux d’inflation incontrôlé, au point que la Banque centrale du Venezuela se refuse à communiquer cette année les chiffres relatifs à l’augmentation des prix. Pour de nombreux analystes, le taux d’inflation, qui était déjà de 68,5% l’année dernière, pourrait dépasser 100% en 2015!

La Libye

La Libye est plongée dans un chaos sécuritaire permanent depuis l’avènement de la guerre civile libyenne en 2014. Des conflits armés qui impactent déjà largement l’économie du pays, qui doit désormais s’accommoder d’un cours du baril au plus bas, alors même que le pétrole représentait 95% des exportations libyennes en 2011. En conséquence, le PIB Libyen a décru à un rythme affolant, de 24% en 2014. Une tendance qui pourrait s’accentuer en 2015.

L’Irak

L’économie irakienne est très largement dépendante des hydrocarbures. Le pétrole représente à lui seul la moitié du PIB du pays et près de 80% des recettes de l’état. La menace sécuritaire constante que constitue l’État islamique (qui s’est emparé de plusieurs puits de pétrole irakiens) couplée à la baisse des prix de l’or noir devrait porter un coup sévère au déficit budgétaire du pays. Une note du FMI datant du 18 mars estimait que ce dernier atteindrait au moins 12% du PIB pour l’année 2015.

• Ils souffrent grandement de la baisse des cours

L’Algérie

L’Algérie retire des hydrocarbures 98% de ses exportations, près de la moitié de son PIB et 60% de l’ensemble des recettes fiscales de l’État. La baisse de 60% des cours de l’or noir initiée en juin 2014 a largement amputé les revenus des exportations de pétrole algériennes. La balance commerciale du pays est ainsi négative de 8 milliards de dollars sur les 7 premiers mois de l’année 2015, une première depuis 1994 en Algérie. Le pays peut s’appuyer sur ses importantes réserves de change pour tenir le coup mais celles-ci diminuent à un rythme inquiétant. Une situation économique complexe à laquelle s’ajoute une instabilité politique chronique avec pas moins de trois remaniements ministériels ces deux dernières années.

La Russie

Avec la moitié de ses recettes budgétaires retirées de l’exportation de pétrole, la Russie paye elle aussi lourdement la chute des prix de l’or noir. Indicateur marquant, l’impressionnante dégringolade du rouble, monnaie dans laquelle la confiance des acteurs économiques a chuté, du fait du recul du prix du baril de brut mais aussi des sanctions occidentales prises contre la Russie en raison de son rôle dans la crise ukrainienne. La chute du rouble renchérit significativement le prix des importations alors que la Russie est loin d’être auto-suffisante en biens de première nécessité (elle importe notamment près de 35% de sa consommation alimentaire). Mardi 25 août, le ministre russe de l’Économie, Alexeï Oulioukaïev, estimait que l’économie russe pourrait subir une contraction de 3,3% de son produit intérieur brut en 2015. Pour faire face à l’effondrement des cours du baril, la Russie peut néanmoins s’appuyer à moyen terme sur ses conséquentes réserves de change, évaluées à près de 380 milliards de dollars en 2014.

• Ils résistent grâce à leurs réserves monétaires

L’Arabie saoudite et les pétromonarchies

Le pétrole représente pas moins de 90% des recettes budgétaires de l’État saoudien. La chute des cours du baril a provoqué un déficit budgétaire inédit pour le pays, estimé par le FMI à près de 20% du PIB en 2015. L’Arabie saoudite n’est par ailleurs pas le seul pays exportateur de pétrole du Golfe qui est impacté: cinq des six nations du conseil de coopération du Golfe (CCG), qui réunit l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar devraient accuser un déficit budgétaire cette année. Reste que les monarchies du Golfe disposent de vastes réserves de devises, qui devraient leur permettre de maintenir leur train de vie. Celles de l’Arabie saoudite s’élèvent par exemple à 750 milliards de dollars! La crise de l’or noir n’a ainsi pas empêché l’État saoudien de prévoir un budget record de 188 milliards d’euros pour l’année 2015.

• lls paient aussi les conséquences de la baisse des prix du baril

Le Nigeria est significativement touché par la chute des prix du brut, même si l’or noir pèse pour «seulement» un tiers du PIB du pays. La situation est autrement plus complexe pour l’Angola, dont 75 % des recettes fiscales proviennent du pétrole. Le pays a vu son budget chuter de 72 à 54 milliards de dollars en un an. L’Iran va pouvoir revenir sur les marchés mondiaux du pétrole en 2016 mais la faiblesse des prix actuels (que la fin de l’embargo iranien contribue à accentuer) couplée à la dépendance du pays à l’or noir – d’où proviennent deux tiers des recettes de l’État – augurent une situation économique pour le moins tendue. Enfin le Kazakhstan, qui retire du pétrole les deux tiers de ses recettes en devises, pâtit lui aussi largement de l’effondrement des cours du brut: la monnaie kazakhe s’est ainsi effondrée brutalement de 20% en août.

AFP