Tunisie-Politique : Le Gouvernement Essid bataille–t-il sans voix?

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Plusieurs signes de crise au sein du gouvernement Essid ont été diagnostiqués par certains partis et personnalités politiques qui auraient dû réfléchir avant de s’enflammer. On a spéculé longuement sur les difficultés du gouvernement face aux grèves en cascade survenues dès que le gouvernement a pris place au point qu’on s’est demandé si l’UGTT ne visait pas carrément l’échec de Habib Essid parce que certaines parties ne pardonnent pas à Nidaa Tounes sa coalition avec Ennahdha…

D’autres critiques acerbes ont été occasionnées par les difficultés et les dissensions internes de Nidaa Tounes où on a cru à un moment que le parti aller se disloquer et emporter avec lui la coalition gouvernementale difficilement mise en place.

Du côté de l’opposition, deux sons de cloche se sont alternés pour dénoncer les déficiences du gouvernement Essid. Celui du Front Populaire d’un côté et celui autrement plus pernicieux des partis de la mouvance du CPR et ses satellites (Wafa, le Courant Démocratique de Mohamed Abbou, le mouvement Harak de Marzouki, etc.).

Ce qui a encore plus aggravé le sentiment de crise gouvernementale, c’est la position minimaliste du Quartet au pouvoir face aux crises qu’affrontait stoïquement Habib Essid. Il a fallu plus de 3 mois après l’installation du gouvernement pour qu’un suivi régulier et des mécanismes pertinents soient mis en place entre le Quartet et le gouvernement. Le chef du gouvernement a paru maintes fois batailler tout seul y compris au sein de l’ARP pour se faire entendre non pas par l’opposition mais surtout par les députés de la majorité.

Pendant ce temps, les ministres se sont démenés comme des bons diables pour honorer les engrangements des 100 premiers jours pris par Habib Essid devant l’ARP, et, démagogie mise à part, beaucoup ont réussi le défi de l’ouverture des dossiers difficiles et du début de résolutions de situations inextricables. 

Certes les réussites (en dehors du dossier sécuritaire plus ou moins visible) sont peu visibles encore, mais là intervient un autre problème pour le moins difficile concernant la communication du gouvernement. La crise est latente et depuis le départ de Moufdi Messedi, ancien chef de communication de La Kasbah, les choses ne tournent pas rond! Le professeur et spécialiste des médias, Arbi Chouikha, résume d’une manière claire cet aspect de la crise en écrivant: «”L’ingouvernabilité” dont souffre notre pays n’est pas une fatalité! Elle est la résultante d’une accumulation de causes disparates que tout esprit éclairé et rasséréné peut diagnostiquer et ses remèdes passent d’abord et avant tout par le rétablissement de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Le contraire alimenterait la confusion dans les esprits, la prolifération des rumeurs et, à longue, un climat d’instabilité et de désordre. Toutefois, convient-il de souligner que le processus du rétablissement de la confiance repose sur les stratégies de communication et de persuasion. Il faut donc communiquer, surtout savoir comment, à qui, et précisément, quoi communiquer. En communiquant, les gouvernants expliquent, rendent compte, persuadent et, à la longue, rassurent, sécurisent, convainquent».