A Jakarta, les motos taxi version Uber font mouche

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à Jakarta, le 11 juin 2015 (Photo : ADEK BERRY)

[17/06/2015 10:36:01] Jakarta (AFP) L’application pour smartphone Go-Jek, qui sur le modèle d’Uber offre des services de taxi en motocyclette à Jakarta, est en pleine expansion dans la capitale indonésienne au trafic congestionné malgré les menaces des chauffeurs de motos taxi classiques.

La start-up Go-Jek, qui met en relation des passagers et chauffeurs de motocyclettes à travers cette application, tire son nom du mot “ojek”, appellation locale des motos taxi.

En Indonésie, les “ojek” sont des particuliers omniprésents en ville, souvent regroupés à des intersections, avec lesquels les passagers doivent négocier le prix du transport. Il s’agit d’un moyen de se déplacer très répandu dans ce pays d’Asie du Sud-Est au climat tropical.

Dans ce qui apparaît comme un service plus rassurant et ordonné, les chauffeurs de Go-Jek sont repérables à leurs vestes et casques de couleur verte, proposent des prix au kilomètre et circulent sur des motocyclettes plus neuves et fiables que celles des “ojek” classiques.

Les milliers de motos taxi Go-Jek gagnent en popularité auprès de passagers cherchant quotidiennement à éviter le trafic automobile dans la métropole de quelque 10 millions d’habitants embouteillée du matin au soir.

Jakarta a été classée par une récente étude comme la ville la pire au monde pour la circulation automobile. La capitale indonésienne est la seule métropole de cette taille à ne pas être dotée d’un métro dont la construction est à ses débuts. Les infrastructures de piètre qualité transforment le trafic quotidien en “enfer”, en particulier pour les millions d’habitants de la banlieue qui doivent se rendre à leur travail.

Lancée une première fois en 2011, Go-Jek s’est réorganisée en janvier avec une application nouveau look et de nouveaux chauffeurs. Le service a connu une croissance exponentielle au cours des six derniers mois et compte désormais 10.000 chauffeurs.

L’application a été téléchargée 400.000 fois, faisant de Go-Jek l’application la plus populaire en Indonésie, disponible sur les systèmes d’Apple et d’Android, selon le patron et fondateur de Go-Jek, Nadiem Makarim.

– “Moins cher” –

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à Jakarta, attendent le client, le 11 juin 2015 (Photo : ADEK BERRY)

Ce service de motos taxi n’est cependant pas la panacée et ne “résout pas” le problème de la circulation à Jakarta, reconnaît M. Makarim. Mais il permet à nombre d’usagers d’arriver plus rapidement à bon port sur des motocyclettes qui se frayent un passage entre les automobiles et slaloment entre les files de voitures.

“Avec Go-Jek, vous avez simplement à entrer votre destination et celle où vous vous situez — et vous connaissez le prix, c’est sans conteste moins cher”, comparé aux “ojeks” classiques, raconte à l’AFP, Dina Denso, une femme de 33 ans qui vient de commencer à utiliser ce service.

Mais comme c’est le cas pour Uber, confronté dans de nombreuses villes ou pays à l’hostilité des chauffeurs de taxi classiques et des autorités locales, Go-Jek doit faire face au mécontentement des “ojeks” classiques qui ne peuvent pas s’aligner sur les prix du nouveau concurrent et ressentent le contrecoup.

La semaine dernière, Go-Jek a ainsi été contraint de publier un communiqué condamnant les menaces de violences proférées contre ses chauffeurs, tandis que le gouverneur de Jakarta a été critiqué publiquement pour avoir apporté son soutien à la nouvelle application.

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à Jakarta, le 11 juin 2015 (Photo : ADEK BERRY)

Go-Jek est aussi confronté à l’arrivée d’autres start-up telle GrabTaxi, une application disponible dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est, qui a lancé en mai un service de moto taxi, GrabBike.

Prêt à faire face à la concurrence, Go-Jek se diversifie et a créé récemment un service de livraison de repas. La start-up propose aussi un service de livraison de marchandises tels des produits de consommation courante et des médicaments.

Des observateurs tel John Rossant, qui dirige le groupe de réflexion New Cities Foundation, basé à Paris, estiment que ce modèle de services via application sur smartphone pourrait inspirer à l’avenir d’autres métropoles au trafic congestionné, comme New Dehli ou Le Caire.