Épinglée par l’inspection du travail, la Croix-Rouge va se séparer de son directeur général

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ée le 9 septembre 2013 (Photo : Jacques Demarthon)

[09/06/2015 10:36:19] Paris (AFP) Épinglée par un rapport récent de l’Inspection du travail, la Croix-Rouge française va se séparer de son directeur général, qui quitte son poste en raison de “vues divergentes et non réconciliables” avec son président sur la stratégie de l’association.

“Le président de la Croix-Rouge française, le professeur Jean-Jacques Eledjam, et Stéphane Mantion, son directeur général, avaient depuis plusieurs mois des vues divergentes et non réconciliables sur la stratégie de la CRF. Ce qui les a conduits, le mois dernier, à engager une rupture conventionnelle”, a expliqué mardi l’association à l’AFP.

“Cette décision a été prise d’un commun accord”, a-t-on assuré. Si Stéphane Mantion est encore en fonction, il est “absent en ce moment” et Annie Burlot-Bourdil, directrice déléguée aux opérations et à la coordination, assure l’intérim.

L’Inspection du travail a rendu fin mars un rapport sévère sur le non respect par l’association de la législation sur le temps de travail. Elle a ainsi recensé plus de 3.300 dépassements de la durée quotidienne de travail maximum (10 heures) pour 2014. Ces dérives concernent plus de 300 des 480 salariés du siège parisien (sur 18.000 salariés au total).

Les infractions constatées sont sanctionnées de 750 euros, soit une amende de plus de 2,8 millions d’euros. En incluant la rémunération due aux salariés et leur indemnisation au titre du préjudice subi, la facture pourrait atteindre onze millions d’euros.

-Réunion au ministère du Travail –

La Croix-Rouge, experte en matière d’urgence et de secourisme, s’est défendue en expliquant être “malheureusement confrontée depuis de nombreuses années” à “la question des heures supplémentaires”, une situation liée à son “identité” et “à sa mission: sauver des vies”. Assurant chercher des solutions, la direction a rendez-vous dans les prochains jours au ministère du Travail.

Des responsables syndicaux s’inquiétaient mardi de la stratégie de la direction. “Nombre de directeurs sont partis les uns après les autres, c’est le cinquième depuis pratiquement un an”, s’alarme Philippe Perruchon, délégué syndical central CFTC.

Stéphane Mantion avait mis en place un projet d’optimisation de l’organisation consistant à regrouper les effectifs de la paie, du contrôle de gestion et de la comptabilité de huit régions dans deux centres, a expliqué Eric Laurent de la CFE-CGC.

Selon un délégué CFDT préférant rester anonyme, “le départ du DG est lié à l’injonction de l’inspection du travail et à la nouvelle organisation que prépare la Croix-rouge pour optimiser son organisation”.

Le comité central d’entreprise a voté en avril “un droit d’alerte sur la situation économique” de l’association et une expertise sur les conditions de travail et les risques psycho-sociaux dans le cadre de ce projet de réorganisation doit être présenté le 17 juin au CHSCT, rappelle le syndicaliste.

L’intersyndicale de la Croix-Rouge française rencontrera par ailleurs les 25 et 30 juin la direction des ressources humaines afin de discuter notamment des indemnisations du préjudice subi par les salariés.

Aujourd’hui “tout le monde se pose des questions. On ne sait pas où on va”, confie le délégué CFE-CGC, espérant que la Croix-Rouge française sorte de cette crise “par le haut” car “ses actions sont essentielles”.