Kering porte de nouveau plainte contre Alibaba qu’il accuse d’encourager les contrefaçons

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çois-Henri Pinault à Paris, le 17 février 2015 (Photo : Eric Piermont)

[18/05/2015 14:43:42] Paris (AFP) Le groupe de luxe et d’habillement sportif Kering a porté plainte contre Alibaba et vingt de ses revendeurs devant un tribunal de New York, accusant le géant chinois du commerce électronique d’organiser la vente de produits contrefaits de ses marques de luxe.

La plainte, déposée vendredi et dont l’AFP a obtenu une copie lundi, concerne les produits de luxe du groupe vendus sous les marques Gucci, Balenciaga, Bottega Beneta et Yves Saint Laurent.

Elle est identique à celle qui avait été déposée en juillet 201 4 contre Alibaba à New York (où est coté ce dernier) avant d’être partiellement abandonnée à l’issue de l’ouverture de négociations avec le géant chinois, même si le volet qui visait les revendeurs avait été maintenu.

“Les mesures présentées par Alibaba ces derniers mois pour contribuer à la lutte contre la contrefaçon ne paraissant pas de nature à se traduire par des effets concrets, nous avons été contraints de réactiver notre plainte”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de Kering.

Une source proche du dossier note que les Etats-Unis sont un marché où Alibaba et ses filiales ont un volume d’affaires important, tandis qu’il représente un marché clé pour l’avenir de Kering. En 2014, l’Amérique du Nord représentait 19% du chiffre d’affaires des activités luxe du groupe.

Le Français accuse le géant chinois d’avoir créé un “écosystème” qui rend volontairement possible la vente par “toute une armée de contrefacteurs” de produits copiés à travers le monde.

Alibaba et ses filiales “encouragent en toute conscience, assistent et profitent de la vente de produits contrefaits sur leurs plateformes en ligne”.

Alibaba a rejeté lundi avec virulence ces accusations, mettant en avant ses efforts pour enrayer la distribution de contrefaçons sur ses sites.

“Malheureusement, Kering a choisi d’engager une procédure judiciaire coûteuse en énergie, au lieu de prendre le chemin d’une fructueuse coopération avec nous” sur le sujet, a réagi une porte-parole d’Alibaba dans une déclaration envoyée à l’AFP. “Nous croyons que cette plainte n’a aucun fondement et nous allons la combattre vigoureusement”.

-“Dommages importants”

Selon la plainte, l’un des fournisseurs “Gold” (premium, NDLR) d’Alibaba, un statut qui implique en principe une inspection des équipes du groupe de e-commerce, a pu vendre “ouvertement en grande quantité des produits Gucci manifestement faux”. Un sac Gucci à 795 dollars s’est ainsi retrouvé vendu entre 2 et 5 dollars l’unité sur internet.

Kering note également qu’Alibaba et ses filiales redirigent la demande de leurs clients finaux vers les produits contrefaits en vendant aux contrefacteurs les marques de Kering comme mots clés, ainsi que le terme “copie”. Le moteur de recherche d’Alibaba suggère également des termes comme “Cucci” et “Guchi” quand le client entre “Gucci” sur la barre de recherche.

Kering attend d’Alibaba qu’il mette en place des processus permettant de faire disparaître les produits contrefaits. Un dédommagement pourrait par ailleurs être réclamé eu égard aux “dommages importants” causés par ce “modèle de racket”.

Un porte-parole de Kering en France a rappelé lundi, sans citer Alibaba, que le groupe prenait “très au sérieux la protection de ses marques mondialement renommées et son obligation de protéger ses clients contre toute tromperie de la part de contrefacteurs qui vendent des marchandises de qualité largement inférieure”.

Alibaba, avec sa plateforme Taobao, domine quelque 90% du marché des échanges de particuliers à particuliers sur l’internet chinois, tandis que sa plateforme Tmall contrôle elle la moitié des transactions en ligne entre professionnels et particuliers.

La SAIC, l’Administration étatique chinoise pour l’industrie et le commerce, a rendu public en janvier un rapport au vitriol sur Alibaba.

Le régulateur accusait le groupe d’agir très insuffisamment pour empêcher des “opérations illégales” de prospérer sur ses plateformes, et estimait que seul un tiers des produits vendus sur Taobao étaient authentiques.