Dialogue social : quel vécu pour un DRH et un permanent syndical?

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éfense, près de Paris, le 15 mars 2013 (Photo : Fred Dufour)

[22/04/2015 08:01:19] Paris (AFP) Le dialogue social en entreprise est en passe d’être simplifié. Comment le vivent aujourd’hui ceux qui le pratiquent au quotidien? Pour Franck Don, permanent syndical chez PSA, c’est un “sacerdoce”, pour Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des DRH, “trop d’obligations tue l’obligation”.

Question: Comment se déroule le dialogue concrètement dans votre entreprise?

Réponse de Franck Don, délégué syndical central CFTC chez PSA: “Nous avons beaucoup de réunions: au moins cinq ou six par mois”, sans compter les Comités centraux d’entreprise (CCE).

“Après, il faut s’occuper du quotidien dans les usines”, c’est “un sacerdoce”.

“Il y a des choses qui peuvent être simplifiées: quand vous organisez un CCE uniquement pour renouveler des mandats ou pour apporter un avis sur un accord signé par des syndicats, faire déplacer des gens à Paris, c’est complètement ridicule”.

Réponse de Jean-Paul Charlez, DRH d’Etam: “Une centaine de réunions” se tiennent chaque année: Comité central d’entreprise (CCE), Comités d’entreprise (CE), Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)…

Ce rythme “ne m’angoisse pas”, dit M. Charlez, DRH depuis 31 ans. Il note toutefois que les procédures d’information-consultation “sont quand même lourdes” et “plus ou moins faites”, car “trop d’obligations tue l’obligation”…

Q: Que peut apporter la loi?

R: Le DRH voit d’un très bon oeil l’idée de regrouper les 17 information-consultation en trois grands rendez-vous (économique, social, stratégique).

Mais pour M. Don, ce n’est pas “un gros coup de poing dans la fourmilière”. L’ex-chef d’équipe, permanent depuis 2009, espère surtout une amélioration du parcours professionnel des représentants du personnel, jugeant “anormal” qu’ils ne soient “pas reconnus par rapport aux responsabilités qu’ils ont”.

“Aujourd’hui, il faut vraiment être convaincu de ce qu’on fait!”, dit-il.

M. Charlez juge que “la loi est intéressante sur beaucoup de points”.

Le DRH salue notamment le regroupement des instances avec “la généralisation des Délégations uniques du personnel (DUP) incluant les CHSCT dans les entreprises de moins de 300 salariés” et via des accords majoritaires dans les entreprises de plus de 300 salariés.

Il se dit “optimiste” sur la possibilité d’obtenir de tels accords, tout en notant qu’avoir l’aval d’organisations totalisant 50% des voix pourrait s’avérer “compliqué”.

En ce qui concerne le nombre de réunions, elles devraient diminuer avec le texte, estime aussi M. Charlez.

Q: Y a-t-il des inquiétudes, des regrets?

R: M. Charlez “espère que la loi ne sera pas trop détricotée au fur et à mesure des discussions”.

Il note qu’il “est prévu dans le projet de loi que beaucoup de choses soient renvoyées à des décrets”, la question “du nombre de représentants du personnel et le nombre d’heures de délégation” risquant d’être problématiques, alors que chez Etam, par exemple, “il y a 35 équivalents temps plein en heures de délégations”, ce qui représente les effectifs de 7 magasins.

M. Don regrette de son côté qu’en matière de dialogue social, la France soit “encore loin d’un système à l’Allemande où les syndicats sont en co-gestion”.

“Cela me semble essentiel si demain on veut dépoussiérer notre système de dialogue social”, mais “les organisations syndicales ne sont pas prêtes et le patronat pas prêt du tout non plus”.

Propos recueillis par Charlotte HILL