Pharmacie : Mylan entretient l’ébullition du marché en visant Perrigo

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é de 15,3 milliards de dollars et une position forte dans les médicaments génériques et sans ordonnances (Photo : Philippe Merle)

[08/04/2015 18:47:46] New York (AFP) Le spécialiste des médicaments génériques Mylan a dévoilé mercredi une offre de rachat de son concurrent Perrigo pour 28,9 milliards de dollars, une nouvelle étape de la course à la consolidation agitant actuellement le secteur pharmaceutique mondial.

L’opération créerait un nouveau poids lourd de la pharmacie, avec un chiffre d’affaires combiné de 15,3 milliards de dollars et une position forte dans les médicaments génériques et sans ordonnances, ainsi que dans les produits nutritionnels.

Perrigo, qui vient lui-même de boucler l’acquisition du groupe belge Omega Pharma, s’est dans l’immédiat contenté de prendre note dans un communiqué de cette “proposition non-sollicitée, non-contraignante”, que Mylan a conditionné à la possibilité d’examiner en détails les comptes de sa cible (due diligence).

Le conseil d’administration de Perrigo doit désormais se réunir pour discuter de l’offre, mais le communiqué de Mylan laisse entendre que l’opération ne devrait pas totalement le surprendre en disant avoir abordé le sujet à plusieurs reprises ces dernières années avec la direction de sa cible.

Dans une note le mois dernier, les analystes de RBC Capital Market estimaient également que Perrigo était une cible potentielle de rachat, citant Mylan parmi les prétendants potentiels aux côtés de Teva, Valeant ou Endo.

Dans le détail, Mylan propose de verser 205 dollars en numéraire et en actions par titre Perrigo. La répartition exacte n’est pas détaillée, mais Mylan fait miroiter “un paiement en cash très important” aux actionnaires de Perrigo, et “des rôles importants” dans le nouvel ensemble à ses dirigeants. Le PDG de Perrigo, Joseph Papa, se voit ainsi proposer un poste de co-président du conseil d’administration.

L’action de Perrigo, un groupe enregistré en Irlande mais coté à la Bourse de New York, avait clôturé à seulement 164,71 dollars mardi soir, et s’envolait de 19,21% à 196,35 dollars vers 18H10 GMT.

Mylan, qui a son siège aux Pays-Bas, sa direction au Royaume-Uni et une cotation à New-York, grimpait pour sa part de 14,12% à 67,98 dollars.

– Course à l’échelle –

“Un rapprochement de Mylan et Perrigo offre des avantages stratégiques et financiers clairs et incontestables, a une logique industrielle solide, et créerait un leader mondial avec un profil unique”, argumente le président exécutif du conseil d’administration de Mylan, Robert Coury, dans une lettre envoyée lundi au PDG de Perrigo et rendue publique mercredi.

“Dans un environnement où l’échelle et la portée deviennent de plus en plus importantes, le rapprochement de nos entreprises créerait dans une plateforme mondiale inégalée, des revenus et des synergies opérationnelles importants, et un potentiel accru de croissance à long terme”, fait-il valoir.

Il évoque en particulier la complémentarité des opérations des deux groupes, tant sur le plan géographique (ils sont présents sur “des marchés développés et émergents clé”) qu’en termes de produits proposés, et estime aussi qu’ensemble ils auraient “des plus grandes opportunités pour continuer à croître par des acquisitions”.

Le point de vue de Mylan est partagé par de nombreux groupes pharmaceutiques dans le monde. Un grand nombre d’entre eux se sont lancés récemment dans une frénésie d’acquisitions.

Les fusions-acquisitions dans le secteur avaient ainsi atteint un niveau record de plus de 200 milliards de dollars l’an dernier, selon une étude publiée en janvier par le cabinet EY (ex-Ernst and Young), qui prédisait une poursuite de cette tendance cette année en particulier sur le créneau jugé porteur de la biopharmacie.

Parmi les grosses transactions annoncées depuis le début 2015 figurent entre autres l’achat de l’américain Salix par le canadien Valeant (9,8 milliards de dollars), qui s’est ainsi consolé d’avoir dû laisser passer un autre américain, Allergan, sous la coupe du groupe Actavis (66 milliards).

Le géant américain Pfizer, éconduit l’an dernier par le britannique AstraZeneca, a lui mis sur la table 17 milliards de dollars pour son compatriote Hospira, spécialisé dans les produits injectables et bio-similaires. L’américain AbbVie a lui décidé de payer 21 milliards pour Pharmacyclics.