La justice se penche à nouveau sur les abattoirs AIM

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és des abattoirs AIM manifestent à Villedieu-les-Poêles le 4 mars 2015 (Photo : Charly Triballeau)

[19/03/2015 07:06:28] Caen (AFP) La justice examine jeudi après-midi le sort des abattoirs en difficulté AIM, qui emploient 590 personnes en France, mais dont le principal site, à Sainte-Cécile (Manche), ne fait toujours l’objet d’aucune offre.

Report ou liquidation avec poursuite d’activité, les salariés de cet abattoir de plus de 350 personnes (375 selon les syndicats) espèrent que tribunal de commerce de Coutances leur donnera un peu de temps pour finaliser leur projet, encore à l’état d’étude, de société coopérative ouvrière de production (SCOP).

Une liquidation sans poursuite d’activité en revanche mettrait fin à tout espoir.

Selon la CFE-CGC, l’administrateur judiciaire va demander une liquidation avec poursuite d’activité.

“On va déposer notre projet de Scop devant le tribunal mais il ne sera pas finalisé, donc il y aura des clauses suspensives”, précise Sébastien Lafon, délégué CFE-CGC de Sainte-Cécile.

“Lors d’une assemblée générale mardi, une majorité de salariés se sont manifestés pour ce projet”, a assuré mercredi à l’AFP M. Lafon. Près de 150 personnes y ont participé selon lui.

Un rassemblement est prévu devant le tribunal à 14h30 mais les AIM devraient être moins nombreux que pour la précédente audience le 6 mars, où ils avaient été plusieurs centaines. En effet, ils ont repris le travail le 11 mars à Sainte-Cécile après presque trois semaines de grève.

“On augmente peu à peu notre volumétrie d’abattage, on est à 600 porcs abattus par jour” (contre 10.000 à 13.000 par semaine avant la cessation de paiement), précise M. Lafon.

Interrogée par l’AFP, la direction a confirmé la reprise de l’activité.

S’il aboutit, le projet de Scop, qui ne reprendra pas tous les salariés, aura le soutien du département de la Manche et de la Région via la société d’économie mixte créée en 2013 pour aider AIM et dont le capital a été augmenté en janvier.

Outre ce projet, le tribunal doit – sauf nouveau report – examiner les offres déposées en février sur l’autre principal site d’AIM, l’abattoir d’Antrain (Ille-et-Vilaine) où travaillent 179 personnes. Celui-ci fait l’objet de deux offres, l’une reprenant 71 personnes, l’autre 107.

– L’espoir d’une Scop –

Le projet de Scop pour Sainte-Cécile est né après que le site a, à deux reprises en moins de trois semaines, vu poindre des offres qui ont fini par tomber à l’eau.

Le 18 février, une petite entreprise de l’agglomération caennaise, Declomesnil, avait déposé une projet prévoyant la reprise de 118 salariés avant de le retirer quatre jours plus tard.

Puis, lors d’une table ronde au ministère de l’Agriculture le 26 février à Paris, les administrateurs avaient fait état d’une “piste sérieuse”, qu’ils avaient confirmée devant le tribunal le 6 mars. Mais le candidat, qui avait requis l’anonymat, a jeté l’éponge trois jours après.

Les salariés de Sainte-Cécile s’étaient mis en grève le 18 février car ils reprochaient à leur actionnaire et fournisseur principal, la coopérative Cap 50, de vendre son porc trop cher. Les éleveurs ont pris depuis l’engagement de ne pas pratiquer des prix dissuasifs.

Mais le parquet de Coutances a ouvert le 24 février une enquête préliminaire après avoir reçu un courrier de la CFDT accusant Cap 50 d’avoir fait perdre 22 millions d’euros en quatre ans à AIM en l’obligeant à acheter du porc plus cher qu’elle ne pouvait le revendre. La direction dément et rappelle que la production porcine est en crise continue depuis 2008.

AIM est l’un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l’entreprise est détenue à 64% par la coopérative et à 34% par le groupe d’aliments pour bétail JDIS. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 246,7 millions d’euros en 2013.

La société possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de cinq à 24 employés chacune, qui ne font l’objet d’aucune offre de reprise.