Les méthodes s’affrontent pour réformer l’étiquetage nutritionnel

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étiquetage (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[16/03/2015 17:55:24] Paris (AFP) Tout le monde veut le réformer, mais personne ne s’accorde actuellement sur la méthode: l’étiquetage nutritionnel, qui permet aux consommateurs de déterminer quels sont les produits les plus adéquats pour leur équilibre alimentaire, fait depuis des mois l’objet de discussions animées entre le gouvernement, les enseignes et les industriels.

Pourtant, tous s’accordent à dire que le système actuel, reposant sur une information chiffrée autour des différents nutriments (glucides, protéines, lipides) pour des portions de 100 grammes, est trop peu lisible pour les consommateurs.

Mais après, chacun y va de sa méthode.

Lundi, c’est la FCD, fédération qui représente la quasi-totalité de la grande distribution française (Carrefour, Auchan, Casino, Système U …), à l’exception de Leclerc et d’Intermarché, qui a proposé son propre projet d’étiquetage.

Basé sur des pictogrammes colorés en forme de flèche, du vert au violet en passant par le bleu et le jaune, ce dispositif met l’accent sur la fréquence de consommation.

Ainsi, un aliment aux qualités nutritionnelles jugées optimales sera étiqueté d’une flèche verte, recommandant une consommation quotidienne. A l’inverse, un aliment à l’équilibre nutritif plus discutable sera pourvu d’une flèche violette, recommandant une consommation occasionnelle.

Du côté de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, on plaide pour un système de logo unifié pour améliorer l’information et ainsi prévenir davantage les risques d’obésité. L’idée figure dans le projet de loi Santé qui va être débattu en commission à l’Assemblée nationale à partir de mardi.

Pour l’instant “le projet de loi prévoit qu’un modèle soit arrêté, mais ne précise pas lequel”, a insisté lundi le ministère. Il sera dans tous les cas facultatif.

Parmi les propositions étudiées par la ministre se trouve notamment un système de codes couleur, issus du rapport du professeur Serge Hecberg, et librement inspiré du modèle anglo-saxon des feux tricolores, allant du vert pour les aliments jugés les plus sains au rouge pour ceux présentant le moins d’intérêt nutritionnel. “La ministre le trouve très intéressant”, a précise lundi le ministère de la Santé.

Or, c’est justement ce système contre lequel réagissent vigoureusement les industriels, le jugeant stigmatisant pour certains aliments qui se retrouveraient étiquetés rouge.

– ‘Raisonner par portion et fréquence de consommation’ –

Les enseignes de la grande distribution estiment elles aussi que ce type d’étiquetage “ne semble pas être le plus pertinent, et qu’il stigmatise certains produits”.

“Aujourd’hui, une bonne alimentation ne fonctionne pas en excluant tel ou tel aliment, il faut davantage raisonner par portion et fréquence de consommation”, juge la FCD.

L’UFC-Que Choisir qui, il y a quelques semaines, avait mené une étude pour estimer l’intérêt d’un étiquetage coloriel, s’est lundi réjouie de la proposition de la FCD.

“C’est très encourageant” notamment dans la mesure où cette proposition pourrait s’appliquer à tous les distributeurs et non plus seulement un seul, comme c’était le cas avec Carrefour, a déclaré Olivier Andrault, chargé de mission alimentation au sein de l’association de consommateurs.

Le groupe de Georges Plassat avait tenté à l’automne de mettre en place son propre étiquetage, basé lui aussi sur les fréquences d’achat recommandé, mais avait déclenché la polémique d’une partie de la communauté scientifique, jugeant que le distributeur ne pouvait pas attribuer lui-même des notations aux produits.

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ée nationale à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Maintenant, “nous voulons que les deux systèmes en lice (celui de la FCD et celui étudié par la ministre) puissent converger et que le mode de calcul qui sous-tend cet étiquetage puisse être validé par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation)”, a commenté M. Andrault.

En attendant, Marisol Touraine a d’ores et déjà prévu de “réunir rapidement les différentes parties prenantes” pour tenter de s’accorder sur un modèle unique.

Mais du côté de la grande distribution, on annonce déjà la volonté de tester l’étiquetage coloriel lié à la fréquence d’utilisation “d’ici les prochains mois” sur plusieurs gammes de produits à marques distributeur (MDD), qui peuvent représenter 30 à 50% des produits vendus dans certaines catégories.

Des discussions ont également été engagées, pour une éventuelle extension à d’autres produits, avec les industriels, dont certains “se sont déjà déclarés prêts à travailler avec nous sur cet étiquetage alternatif”, a également fait savoir la FCD.