Farming Simulator, le jeu qui a fait entrer l’agriculture dans le monde du jeu vidéo

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Agriculture pour tester Farming Simulator (Photo : Loïc Venance)

[28/02/2015 16:54:40] Paris (AFP) Fans de tracteurs, agriculteurs ou simples curieux, une foule se presse au Salon de l’Agriculture pour tester Farming Simulator, un jeu vidéo qui permet de gérer sa ferme: un ovni dans le monde des “gamers” devenu un phénomène mondial.

Entre stands de chevaux et dégustation de vin, une vingtaine de bornes permettent aux joueurs, petits et grands, de s’essayer à “Farming Simulator 15” sur Playstation 4, la dernière version pour console qui doit sortir en mai, mais il faut attendre son tour.

“On part d’une exploitation qui est toute petite, on agrandit son entreprise au fur et à mesure avec de nouvelles parcelles”, en gérant ses revenus, s’enthousiasme Mathieu Duport, 35 ans ouvrier viticole venu de Champagne.

“Ce qui me plaît c’est qu’on peut faire de l’agriculture mais plus vite que la réalité. En vrai on ne pourrait pas acheter des tracteurs énormes, les agriculteurs n’ont pas les moyens, alors que là on peut le faire sans problème”, renchérit, Jean, 15 ans, qui joue beaucoup en réseau dans son lycée agricole dans le Nord.

Les plus jeunes disent leur plaisir à “conduire” des machines agricoles dernier cri, les monstres de New Holland, Deutz-Farh, ou Lamborghini, qui leur sont inaccessibles, et à nourrir les animaux. Les parents apprécient eux un jeu non violent, mais les filles sont en général moins convaincues.

Créé en 2008 en Suisse par une petite équipe de développeurs de Giants Software, ce jeu pour PC au début confidentiel, a été repéré par l’éditeur français Focus Home Interactive qui avait vu les joueurs allemands se passionner pour ce jeu sur des forums.

“Le développeur a réussi à trouver une recette magique, qui fait que ça plait à beaucoup de monde, même des gens qui n’ont rien à voir avec l’agriculture”, explique à l’AFP Cédric Laguarrigue, directeur associé de l’éditeur, soulignant que c’est aussi l’un des jeux les plus joués sur la plateforme en ligne Steam.

– Des débuts difficiles –

Pourtant, les débuts du jeu ont été plutôt difficiles: “La version 2008 ne s’était pas du tout vendue en France, c’était considéré comme un jeu PC pour les Allemands”, raconte le patron de l’éditeur. “Un jeu d’agriculture, ça ne pouvait pas exister sur le marché!”, renchérit-il.

“Mais on a pensé qu’il y avait un fort potentiel puisque beaucoup de Français jouaient à la version allemande” et “on a réussi à imposer en France” Farming Simulator en 2011, qui est devenu la meilleure vente sur PC”, “un beau coup”, poursuit-il.

Aujourd’hui plus de 3 millions de jeux, toutes versions confondues ont été vendus, et “Farming Simulator 15”, la quatrième édition, truste la première place des ventes PC en France ces trois derniers mois.

Sur les forums les discussions sur le jeu sont nourries, certains regrettent une conduite des véhicules pas très réaliste ou voudraient que la prochaine version prenne en compte les saisons.

L’éditeur parisien a fait grandir le jeu en l’accompagnant à l’étranger, et avec une version console. Aux Etats-Unis, les professionnels du jeu vidéo étaient pourtant très sceptiques face à ce jeu d’agriculture européen.

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évrier 2015 à Paris (Photo : Loïc Venance)

“Aucun éditeur n’a voulu prendre le risque financier de fabriquer les copies initiales, parce que les grands distributeurs Walmart et Gamestock n’en voulaient pas”. Focus a dû créer une filiale aux Etats-Unis pour le fabriquer lui-même.

Pour remporter la partie aux Etats-Unis, le jeu s’est adapté avec un nouvel environnement permettant de créer une exploitation à l’américaine, des machines américaines.

Au bout de quelques mois “c’est devenu un phénomène”, notamment en téléchargement, et “Walmart a fini par le référencer”. C’est “un jeu qui nous a fait prendre un raccourci vers le succès”, explique Cédric Laguarrigue dont la société fait aujourd’hui plus de 30% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis.

Focus Home Interactive, a levé près de 13 millions d’euros pour son entrée en Bourse en février sur Alternext, le marché de la Bourse de Paris réservé aux PME.

Devenu le troisième éditeur français derrière Ubisoft et Gameloft, il se concentre sur des jeux indépendants à fort potentiel.