Chine : l’empire Wanda entre en Bourse, confortant les ambitions de l’ex-1ère fortune

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érence de presse à Pékin

[22/12/2014 11:11:46] Pékin (AFP) Wang Jianlin, patron du conglomérat Wanda, pourrait redevenir la première fortune de Chine à la faveur d’une introduction en Bourse. A la tête d’un empire dans l’immobilier commercial, il ambitionne désormais de concurrencer Hollywood… et Disneyland.

Il y a le pari fou que s’étaient lancé deux milliardaires fin 2012, puis leur “bataille” pour le titre d’homme le plus riche de Chine, à coup d’introductions en Bourse records et sur fond de mutations accélérées des modes de consommation.

En direct à la télévision, M. Wang avait promis à Jack Ma, emblématique fondateur d’Alibaba, numéro un chinois du commerce électronique, de lui verser 100 millions de yuans (13,3 millions d’euros) si d’ici à dix ans, le volume des ventes en ligne dans le pays surpassait les achats réalisés en magasin.

Grâce à la fièvre du marché immobilier, Wang Jianlin a été sacré première fortune chinoise en 2013 par le magazine Forbes, avec des actifs de 14,1 milliards de dollars. Pour finalement se voir détrôner cet automne par Jack Ma, après l’entrée en fanfare d’Alibaba à Wall Street.

Mais la cotation de Wanda Commercial mardi à la Bourse de Hong Kong pourrait permettre à M. Wang, 60 ans, de retrouver d’ici peu sa couronne.

Wanda Commercial, deuxième propriétaire mondial de centres commerciaux, a levé 3,7 milliards de dollars contre 13% de ses parts, ce qui le valorise à 28,5 milliards.

Le conglomérat Dalian Wanda Group conserve 44% des parts de Wanda Commercial, son navire amiral. Et M. Wang contrôle plus de 98% de Wanda Group, mastodonte affichant l’an dernier 2,03 milliards de dollars de bénéfices.

-‘Rigueur militaire’-

En 1988, le groupe de Dalian (nord-est) dont Wang Jianlin devenait directeur exécutif n’était qu’un promoteur sous contrôle étatique et menacé de faillite.

Il asseoit sa réputation en rénovant des quartiers dégradés, puis rebaptise le groupe “Wanda” en 1992 et en rachète progressivement toutes les parts.

Ce “grand patron” du régime a été délégué au 17è congrès du Parti communiste chinois (PCC) de 2007 et a occupé des postes dans les assemblées consultatives sous direction du PCC, comme nombre de ses semblables.

M. Wang, qui avait intégré adolescent l’Armée populaire de libération, impose un management “militaire”, exigeant “rigueur et précision”, selon le magazine Fortune.

Les cadres doivent revêtir des costumes noirs, les employés ont trois repas gratuits quotidiens à heures fixes, et le groupe se targue de “n’avoir jamais livré un projet en retard ou en dépassant le budget”.

Wanda Commercial opère 175 sites en Chine, dont 71 malls Wanda Plaza, misant sur les villes moyennes et la vague d’urbanisation du pays.

Mais son ratio d’endettement est très élevé –88% fin juin–. Alors que les achats sur internet bondissent (+41% en 2013), la fréquentation des centres commerciaux fléchit, les ventes s’érodent… conduisant Wanda à s’associer récemment avec Tencent et Baidu, géants du web aux riches bases d’usagers, pour mieux affronter Alibaba.

A l’étranger, Wanda s’est distingué depuis 2013 par plusieurs acquisitions et investissements massifs: immeuble de bureaux londonien, gratte-ciel historique à Madrid, ou encore hôtel cinq-étoiles à Chicago.

-‘Hollywood de l’Orient’-

Au-delà de l’immobilier, M. Wang a la passion du ballon rond: ayant racheté le club de football de Dalian en 1994, il lui fait remporter quatre fois le championnat national. Ce succès sportif a largement contribué à la notoriété de Wanda.

A partir de 2009, la crise financière amène Wanda à élargir ses horizons à la culture. Wang lui-même est un collectionneur averti, et avait acquis un Picasso l’an dernier pour 28 millions de dollars.

Wanda rachète en 2012 pour 2,6 milliards de dollars l’américain AMC Entertainment, devenant le premier propriétaire mondial de salles de cinéma.

Le groupe chercherait désormais à investir dans le studio californien Lions Gate –détenteur de la franchise “Hunger Games”–.

Mais Wanda rêve surtout de rivaliser directement avec Hollywood avec son ambitieuse “Cité orientale du cinéma” à Qingdao (est), projet de studios et d’hôtels de 6,6 milliards d’euros, lancé en septembre 2013 à grand renfort de stars américaines sur tapis rouge.

Et à l’occasion de l’ouverture, ce week-end à Wuhan (centre), d’un vaste parc d’attraction dédié au 7e art, M. Wang a affiché son nouveau défi: “Nos complexes touristiques concurrenceront les Disneylands de Hong Kong et Shanghai en termes de visiteurs et de revenus”.

“Wanda va probablement construire des parcs d’attraction aussi aux Etats-Unis… pour exporter la culture chinoise à l’étranger”.