Changement d’ère chez Oracle, le fondateur Larry Ellison abandonne les rênes

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énéral des logiciels professionnels Oracle lors du sommet de la Nouvelle économie à Tokyo le 9 avril 2014 (Photo : Toru Yamanaka)

[19/09/2014 06:21:21] New York (AFP) Larry Ellison, le médiatique fondateur et directeur général du géant américain des logiciels professionnels Oracle, a décidé de céder les rênes de l’entreprise qu’il a créée en 1977 devenant le dernier des piliers de la Silicon Valley à passer le témoin.

M. Ellison, 70 ans, va prendre la tête du conseil d’administration, a indiqué l’entreprise jeudi dans un communiqué.

Il passe la main à un duo formé de Safra Catz, 53 ans, et Mark Hurd, 57 ans, qui étaient ses adjoints depuis 2010.

L’action Oracle perdait près de 2% à 40,80 dollars à 02H00 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse.

“Safra et Mark vont désormais rendre compte au conseil d’administration et non plus à moi directement”, commente M. Ellison, cité dans le communiqué.

Outre ses fonctions de président du conseil d’administration, il sera aussi en charge de l’activité “Technologie”.

“Larry a dit clairement qu’il voulait continuer à se consacrer totalement au développement des produits et de l’ingénierie”, explique pour sa part le conseil d’administration.

Larry Ellison fait partie de la génération des patrons qui ont transformé la Silicon Valley, hissant des start-up fondées souvent dans les garages ou des chambres d’étudiants au rang de géants mondiaux de la technologie.

Parmi ses pairs, Bill Gates a abandonné les commandes de Microsoft il y a une dizaine d’années. David Packard et Bill Hewlett ne sont plus dans l’organigramme de Hewlett-Packard, et Steve Jobs, le co-fondateur d’Apple, est décédé.

Ces patrons emblématiques avaient en commun de n’avoir pas terminé leurs études lorsqu’ils ont créé leurs entreprises devenues des success-stories mondiales.

Larry Ellison, seul et unique patron du groupe depuis sa création, a fait d’Oracle un mastodonte pesant 185,1 milliards de dollars en Bourse à la clôture jeudi.

Ce succès a aussi fait de lui le troisième homme le plus riche des Etats-Unis, selon le classement du magazine Forbes, et le 5e plus riche au monde. L’an dernier, il a touché plus de 76 millions de dollars.

Son nom est aussi associé aux défis lancés dans le cadre de l'”America’s Cup”, la célèbre course de voiliers.

Divorcé à quatre reprises, il traîne une réputation de playboy et étale son goût du luxe: une flotte importante de jets privés, une collection de voitures de luxe…

La légende veut que Steve Jobs ait été désigné photographe officiel à l’un de ses mariages.

– Difficultés –

Ce changement d’ère intervient au moment où Oracle traverse une passe très difficile. Il souffre depuis plusieurs mois de la concurrence de petits éditeurs aux prix agressifs comme Salesforce.com ou encore Workday.

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ère chez le géant américain des logiciels professionnels Oracle (Photo : Gabriel Bouys)

Pour y faire face, il mise sur les acquisitions et le “cloud”, technologie qui consiste à stocker des données sur des ordinateurs distants et à les gérer via internet.

“Nous nous concentrons sur le +cloud+. Nous allons en être le numéro 1 dans l’avenir”, avait déclaré M. Ellison en juin.

Mais les résultats sont pour l’heure mitigés en la matière.

Après avoir stagné lors de l’exercice fiscal précédent, les ventes de nouvelles licences pour logiciels et les abonnements pour des services en ligne (dans le “cloud”) ont grimpé de 6% sur un an à 6,6 milliards de dollars lors des trois derniers mois. Mais ces ventes évoluent en dents de scie.

Les nouvelles licences sont considérées comme un bon thermomètre pour les bénéfices futurs car ce segment génère des marges élevées pour les groupes informatiques.

Assis sur un trésor de guerre de 39 milliards de dollars, Oracle compte également sur des acquisitions.

Il s’est offert en juin le spécialiste des logiciels utilisés dans l’hôtellerie et la restauration Micros Systems. Cette opération à 5,3 milliards de dollars est la plus importante depuis le rachat de Sun Microsystems en 2009.

Il n’est pas certain que ces transactions apaisent la frustration des marchés au vu des résultats trimestriels inférieurs aux attentes annoncés jeudi.

Sur le trimestre achevé fin août, Oracle a enregistré un bénéfice net de 2,18 milliards de dollars (-0,3% en un an), en-deça des prévisions des analystes. Le chiffre d’affaires ressort à 8,6 milliards de dollars, contre 8,78 milliards attendus.