Afrique du Nord : Le Printemps arabe est dû au manque de développement inclusif (BAD)

Par : TAP

printemps-arabe-680.jpgAvant que n’émerge le Printemps arabe, les cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) ont affiché une performance moindre en matière de croissance inclusive que la moyenne enregistrée dans les autres pays. C’est le constat établi par la Banque africaine de développement dans un récent rapport.

Dans son rapport annuel 2014 sur ses activités en Afrique du Nord, intitulé “la recherche de l’inclusion”, la BAD souligne combien croissance et développement inclusifs sont nécessaires. C’est notamment parce qu’ils faisaient défaut que des soulèvements ont agité certains pays de la région, début 2011.

Le rapport délivre le message suivant: “les pays d’Afrique du Nord ont une opportunité historique à saisir. Les dynamiques démographiques continueront de générer une masse de travailleurs sans cesse croissante jusqu’en 2020. Moyennant un marché du travail bien fonctionnel et un climat de l’investissement attrayant, cette dynamique pourrait favoriser une forte croissance”.

La Tunisie avait la meilleure note…

Ce rapport présente un nouvel indice permettant d’évaluer le caractère inclusif de la croissance, sur la période 2008-2010. C’est la Tunisie qui, dans la région, décroche le meilleur classement, suivie de l’Egypte, de la Libye, puis du Maroc et de l’Algérie.

Malgré les progrès enregistrés par les économies d’Afrique du Nord, tant en termes absolus que par rapport à d’autres économies en développement, le rapport affirme que les inégalités entre les groupes sociaux se sont fortement accentuées dans deux domaines: sur le marché du travail et entre les régions. Ce sont ces inégalités qui s’avèrent les principaux freins au caractère inclusif de la croissance. Or, une croissance inclusive dans ces pays permettrait justement un meilleur partage des richesses entre classes d’âges, catégories sociales et entre régions.

Autre constat d’importance mis en lumière dans ce rapport: les marchés du travail respectifs de la région sont à deux vitesses, marqués par une fracture importante entre secteurs formel et informel. Le taux de participation au marché du travail de la population en âge de travailler reste très faible, inférieur à 50 %, et du coup, celui du chômage avoisine les 10% dans tous les pays d’Afrique du Nord – considérablement plus que la moyenne mondiale.

Les femmes plus touchées…

Les jeunes de 15 à 24 ans risquent ainsi d’être trois fois plus au chômage que les adultes de 25 ans et plus. Le chômage est particulièrement élevé parmi les jeunes éduqués et les femmes –celles-ci sont deux fois plus susceptibles d’être au chômage que les hommes.

La situation s’avère encore plus grave pour les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, trois fois plus exposées au chômage que les femmes de plus de 24 ans.

Or, le chômage de longue durée conduit souvent à un retrait du marché de l’emploi, à la pauvreté chronique, à une marginalisation, et, comme l’a démontré le Printemps arabe, à des troubles sociaux.

Fortunes diverses…

Par ailleurs, une forte proportion des travailleurs Nord-africains occupe un emploi précaire dans le secteur “informel”, sans contrat ni protection sociale: seuls 30% des travailleurs au Maroc, 46% en Tunisie et 50% en Egypte sont dotés d’un contrat de travail. Les travailleurs du secteur informel connaissent généralement de piètres conditions de travail par rapport à ceux du secteur formel, et perçoivent souvent de bas salaires –voire aucun.

L’Afrique du Nord n’offre pas pour autant une image homogène. Le niveau des revenus et d’autres indicateurs de bien-être diffèrent sensiblement en fonction des zones géographiques, au sein même des pays d’Afrique du Nord. Ces différences se reflètent tant dans la qualité des services publics et des aides sociales octroyées qu’en termes d’opportunités d’emploi dans le secteur privé ou d’appui public au développement du secteur privé.

La BAD reste l’un des tous premiers partenaires de la région, elle y compte plus de 100 opérations en cours d’exécution, financées par des prêts et des dons, pour un montant total de 7 milliards de dollars américains.