Alstom dopé par le ferroviaire au premier trimestre, l’énergie en berne

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Alstom (Photo : Sebastien Bozon)

[23/07/2014 10:53:45] Paris (AFP) Alstom a dévoilé mercredi des commandes record au premier trimestre 2014-15 grâce à un contrat ferroviaire géant en Afrique du Sud, une annonce saluée par les investisseurs qui semblent faire fi de la situation difficile dans l’énergie, en cours de cession.

Les prises de commandes ont doublé d’une année sur l’autre pour atteindre 8,2 milliards d’euros, dopées par un contrat d’environ 4 milliards d’euros, le plus gros de l’histoire du groupe industriel français, pour la fourniture de 600 trains de banlieue à l’Agence des trains de passagers sud-africains (Prasa) sur 10 ans, et leur maintenance pendant 18 ans.

“Le début de l’année est marqué par un fort démarrage en termes de commandes, grâce à un Transport qui a maintenu une dynamique commerciale élevée”, a commenté le PDG Patrick Kron dans un communiqué.

L’impact de ce contrat sur les revenus du groupe “augmentera progressivement pour atteindre un montant d’environ 300 à 400 millions d’euros par an”, a-t-il précisé lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Le chiffre d’affaires s’affiche lui en recul de 4% à 4,34 milliards d’euros (-1% en organique), au terme, fin juin, des trois premiers mois de l’exercice décalé du groupe.

Mais comme pour les commandes, cette contre-performance masque une réalité contrastée: les ventes de la branche transport ont progressé de 16%, tandis que celles dans l’énergie sont en recul de 12%, faute notamment de grands contrats de projets clés en main dans l’activité principale des centrales thermiques (Thermal Power), pénalisée par un marché européen de l’électricité en surcapacité.

Les centrales au gaz sont particulièrement à la peine, souffrant de la double concurrence de l’électricité d’origine renouvelable et du renouveau du charbon, dont le prix a baissé en Europe du fait d’importations américaines bon marché.

Alstom doit céder cette activité de turbines à gaz au conglomérat américain General Electric, qui a mis 12,35 milliards d’euros sur la table au terme d’une bataille acharnée avec le tandem Siemens-Mitsubishi Heavy Industries (MHI) surveillée de près par l’Etat français.

L’équipementier français, qui fabrique les TGV, créera aussi avec GE trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur. Dans le même temps, il va lui racheter son activité de signalisation ferroviaire pour renforcer son pôle transport, sur lequel il entend se recentrer à l’avenir.

– Pas de prévisions –

Le titre Alstom gagnait 0,88% à 27,64 euros à 11H04 à la Bourse de Paris. “Le marché devrait surtout se focaliser sur la branche Transport désormais, maintenant que le deal avec GE est sur les rails”, a estimé le courtier Aurel BGC, alors qu’un autre analyste évoque une “publication sans surprise”.

Alstom a dit avoir déjà engagé “les premières étapes d’exécution” de ces transactions, notamment la consultation des partenaires sociaux et des autorités réglementaires, et a prévu de les soumettre à l’approbation d’une assemblée générale “avant la fin 2014”.

L?État français s’est donné 20 mois à partir de leur finalisation, prévue au premier semestre 2015, pour acquérir 20% du capital d’Alstom auprès de Bouygues, principal actionnaire du groupe avec une part de 29,4%, ou sur le marché.

Dans l’intervalle, Bouygues a accordé un prêt de titres à l?État, qui permet à ce dernier d’avoir des relais au conseil d’administration et de peser sur la stratégie.

A la fin juin, le carnet de commandes total d’Alstom atteignait 56 milliards d’euros, représentant plus de deux ans et demi d’activité.

Mais “dans les activités de l’énergie, le secteur Thermal Power n’a pas enregistré de grandes commandes en nouveaux équipements pour centrales”, a indiqué M. Kron.

Les ventes de ce secteur sont également à la peine (-10% en organique) comme pour les énergies renouvelables (-10%) et les réseaux électriques (-5%).

Alstom a dit ne pas pouvoir fournir de prévisions pour l’ensemble de l’année en cours “compte tenu des circonstances actuelles”, et qu’il préciserait celles d’Alstom Transport “en temps voulu”.

Le groupe a toutefois déjà prévenu que la croissance organique du chiffre d’affaires du transport au premier trimestre (+17%) n’était “pas extrapolable sur le reste de l’année”, même si “les ventes du secteur devraient montrer une progression soutenue”.