Vatican : un Français à la tête d’une “banque du pape” rénovée

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évrier 2012 au Vatican, qui va être dirigée par un Français (Photo : Gabriel Bouys)

[09/07/2014 05:37:42] Cité du Vatican (AFP) Un Français, Jean-Baptiste de Franssu, doit remplacer l’Allemand Ernst von Freyberg à la tête de l’IOR, “banque du pape” rénovée et modernisée après des décennies d’opacité et de tribulations, qui ont contribué à ternir sa réputation.

Ce changement s’inscrit dans une vaste restructuration des activités économiques au Vatican, ordonnée par le pape François. Une remise à plat et une modernisation réclamées par nombre de prélats y compris au sein de la Curie, l’administration du Saint-Siège.

Depuis l’été 2013, des cabinets d’audit américains et des commissions d’experts extérieurs, dont Jean-Baptiste de Franssu, ont préparé le terrain de la réforme.

Nommé par le pape argentin pour diriger le nouveau secrétariat (ministère) de l’Economie, l’énergique cardinal australien George Pell doit exposer ce mercredi, lors d’une conférence de presse, “le nouveau cadre économique du Saint-Siège”, en compagnie de l’ancien et du nouveau dirigeant de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), von Freyberg et Franssu.

En publiant son bilan, l’IOR a annoncé mardi la “phase 2” de sa réforme, les quelque 19.000 comptes de la banque ayant été épluchés.

“Tout a été entrepris pour faire de l’IOR un fournisseur de services d’excellence dans le milieu de la finance catholique”, assure un communiqué.

Jean-Baptiste de Franssu, qui devient le laïc français de plus haut rang au Vatican, dirigeait jusqu’à présent à Bruxelles un cabinet de conseil en fusions-acquisitions, “Incipit” (“commencer” en latin). Longtemps PDG d?Invesco-Europe, il est aussi administrateur indépendant au sein de Carmignac Gestion, entreprise de gestion d?actifs.

Il s’est fait remarquer par des proches du pape en travaillant bénévolement au sein de la commission chargée à l’été 2013 de passer au peigne fin les dysfontionnements et lourdeurs du petit Etat.

Jean-Baptiste de Franssu est aussi engagé dans plusieurs organismes caritatifs de défense de la vie et de la famille, notamment l?Alliance mondiale de la jeunesse.

L’IOR revient de loin et sa gestion a donné lieu à de féroces rivalités: son ancien président italien, Ettore Gotti Tedeschi avait été brusquement débarqué en 2012, alors que le scandale des fuites de documents Vatileaks battait son plein.

C’est Benoît XVI qui avait commencé à réformer le désuet système financier du Vatican, sous l’oeil attentif du groupe d’experts européens Moneyval, qui lutte contre le blanchiment d’argent sale.

Dans le bilan de l’IOR pour 2013, les coûts exceptionnels des réformes engagées mais aussi les pertes de la gestion précédente –accusée par les médias de favoritisme italo-italien– se font encore sentir: son bénéfice net s’est effondré, passant de 86,6 à 2,9 millions d’euros.

Le cardinal Tarcisio Bertone, ancien secrétaire d’Etat de Benoît XVI, est notamment accusé par la presse italienne d’avoir encouragé un prêt hasardeux à un ami producteur de télévision, qui aurait causé une perte sèche de 15 millions d’euros. Il proteste de son innocence.

Au premier semestre 2014, une nette remontée –un résultat de 57,4 millions d’euros– a été observée.

Ernst von Freyberg, nommé par Benoît XVI début 2013, n’a pas été licencié et a mené énergiquement la première phase des réformes, malgré des relations pas toujours faciles, selon certaines sources, avec le représentant du pape à l’IOR et François lui-même.

M. Freyberg est crédité notamment pour avoir engagé une entreprise de consultants, Promontory, afin d’éplucher les comptes et pour avoir imposé la publication d’un rapport annuel, une première en 126 années d’existence pour cet institut connu pour son opacité.

Son départ s’expliquerait par la nécessité d’un poste de direction à temps plein alors qu’il faisait la navette avec Francfort où vit sa famille.

La remise en ordre de l’IOR a été assez radicale: la banque a fermé définitivement 3.000 comptes, dont 2.600 étaient dormants et 396 autres n’entraient plus dans la liste restrictive des catégories admises à l’IOR: institutions catholiques, clergé, employés ou anciens employés du Vatican, ambassades et diplomates accrédités. L’objectif ? Un recentrage sur sa vocation initiale de financement des oeuvres caritatives de l’Eglise.

359 autres comptes ne correspondant plus aux “critères” sont en voie de fermeture. Ceux de 1.329 personnes et de 762 clients institutionnels ont été provisoirement bloqués dans l’attente des informations requises.

Mardi, le Vatican a par ailleurs approuvé ses deux bilans (Saint-Siège et administration du Vatican) pour 2013, excédentaires à hauteur de 10 millions d’euros.