Energie : Les entreprises pétrolières étrangères ont peur d’investir en Tunisie

Par : TAP

tataouine-petrole-680.jpg«Aucun puits d’exploration de pétrole n’a été foré, jusqu’à fin mars 2014, alors que trois puits l’ont été au cours du 1er trimestre 2010», regrette Ridha Bouzouada, directeur général de l’Energie au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines.

Il explique cette situation par la poursuite des mouvements sociaux qui ont eu un impact négatif sur la production et les activités de prospection et de recherche, ajoutant que plus d’une étude sismique a été bloquée et la réalisation de plusieurs puits d’exploration et d’évaluation retardée, en raison de la réticence des compagnies pétrolières à démarrer leurs travaux. Ces dernières craignent d’être obligées d’employer un nombre de personnes dépassant leurs capacités ou voir leurs activités bloquées, a t-il affirmé.

Ces problèmes ont été à l’origine de la suppression de plus de 7 permis durant l’année 2013 et le non octroi de nouveaux permis en 2014, a-t-il affirmé.

L’article 13 de la Constitution

Le flou juridique figure, également, parmi les défaillances caractérisant le secteur de l’énergie, notamment en ce qui concerne le code des hydrocarbures, à la suite de l’adoption de l’article 13 de la nouvelle Constitution.

Cet article a suscité, selon le responsable, la crainte des compagnies implantées en Tunisie, mais aussi celles qui envisagent d’investir dans notre pays. En effet, l’article 13, qui a fait l’objet de plusieurs interprétations, stipule que «les ressources naturelles sont la propriété du peuple tunisien, la souveraineté de l’Etat sur ces ressources est exercée en son nom. Les contrats d’exploitation relatifs à ses ressources sont soumis à la commission spécialisée au sein de l’Assemblée des représentants du peuple. Les conventions ratifiées au sujet de ces ressources sont soumises à l’assemblée pour approbation».

Afin de surmonter ces problèmes, “les services concernés recommandent de clarifier le cadre juridique, de garantir la stabilité sociale aux compagnies pétrolières et de les encourager à prospecter, tout en améliorant les incitations en vue de développer les champs, qu’ils soient «marginaux» ou les grands champs pétroliers et gaziers dans le sud du pays, et ce en assurant l’infrastructure nécessaire au transport de la production”.

Ils proposent, également, d’identifier les ressources du pays et les stocks d’hydrocarbures disponibles dans les zones non traditionnelles.

Régression de 14% des ressources nationales d’énergie primaire

Selon les données présentées par la Direction générale de l’énergie, les ressources nationales d’énergie primaire (production et redevance sur le gaz algérien) ont atteint, à fin mars 2014, 1,5 million tep, soit une baisse de 14% par rapport à la même période de 2013 et de 28% en comparaison au premier trimestre 2010.

Ce fléchissement est expliqué par la régression de la production de pétrole de 11%, la baisse de la redevance sur le gaz algérien de 58% (-71% par rapport au premier trimestre 2010) et la diminution de la production de gaz naturel de 2% (-13% par rapport à 2010).

Le directeur général explique cette situation par la réduction naturelle de la production des plus importants champs pétroliers et gaziers du pays (Adam, Cherouk, Ouedzar, Didon au sud) et l’absence de nouvelles découvertes importantes dans ce domaine. De même, le puits ‘Laariche’ à Tataouine a été fermé depuis le 21 mars 2014, en raison d’une panne au niveau du pompage, ainsi que le puits ‘Cercina’ à Sfax, le 13 février, à la suite d’une panne dans le générateur diesel. La production du puits “El Baraka” a été interrompue, durant 3 jours en février 2014, en raison des conditions climatiques.

En outre, la production a été réduite au niveau de plusieurs champs en raison de problèmes techniques, à l’instar des champs d'”Astrubal” et d'”Ashtart”.

Hausse de la demande sur l’énergie primaire

En contrepartie, la demande sur l’énergie primaire a augmenté pour atteindre 2,2 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) durant le premier trimestre de 2014, soit une hausse de 4% par rapport à la même période de 2013 et de 12% par rapport à 2010 (premier trimestre).

Cette hausse est due à l’accroissement de 6% de la demande sur le gaz naturel. En tonnes, la production du gaz naturel a atteint 1.215 TEP, soit 18% comparée à celle du premier trimestre de 2010.

La demande sur le gaz est due à la poursuite des actions du raccordement des régions au réseau du gaz naturel, pour assurer, en particulier, la consommation industrielle et aussi domestique et celle des services. Elle s’explique aussi par la production de l’électricité qui dépend d’une manière quasi-totale du gaz hormis l’électricité produite à partir des énergies renouvelables.

La hausse de la demande sur le gaz peut s’expliquer aussi par la hausse de 0,5% la demande sur les produits pétroliers par rapport à l’année écoulée et de 3% par rapport à 2010 (toujours durant le premier trimestre).

Le déficit de la balance énergétique s’aggrave

La baisse des ressources et l’accroissement de la consommation ont provoqué une aggravation du déficit énergétique, lequel a atteint 0,7 million TEP contre 0,4 million TEP durant le premier trimestre de 2013, selon le bilan d’énergie primaire.

Le bilan fait ressortir une baisse du taux d’indépendance énergétique, qui représente le ratio de la production nationale primaire par la consommation primaire. Ce taux s’est situé à 68% à fin mars 2014 contre 82% en mars 2013.

Selon les prévisions, le déficit de la balance énergétique pourrait atteindre 3 millions TEP en raison de la baisse des ressources de 5% et de l’accroissement de la demande de 2%.

Pour limiter ce déficit, M. Bouzouada estime qu’il est nécessaire de déployer davantage d’efforts pour rationaliser la consommation, à travers des campagnes de sensibilisation.

Aggravation du déficit commercial des produits pétroliers

Le déficit de la balance énergétique a provoqué une évolution des importations tunisiennes en produits pétroliers, lesquelles importations ont progressé de 15% (y compris la redevance considérée comme “importation à valeur nulle”) alors que les exportations ont augmenté de 6%.

En valeur, les exportations et les importations des produits énergétiques se sont accrues respectivement de 6% et de 25%, d’où une aggravation du déficit commercial.

A noter que les importations de pétrole brut ont augmenté de 33% en raison du report d’une cargaison de 60 kt (kilo-tonnes) initialement programmée en décembre 2013 en janvier 2014, et ce suite à l’incident au bac de stockage à la STIR.

Au total, 55 sociétés pétrolières sont actives en Tunisie, dont 41 étrangères, 5 tunisiennes et 9 mixtes. Ces entreprises opèrent dans les activités de prospection, de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures.

WMC/TAP