Amel Karboul : “Je tiens à remettre mon pays sur l’orbite des civilisations millénaires …”

«La stratégie du ministère du Tourisme doit impérativement changer d’orientation. Nous ne pouvons plus nous suffire de vendre du soleil, de la mer et du sable. Il y a également les dimensions culturelle et civilisationnelle et environnementales, qui sont indispensables pour rehausser la qualité des produits touristiques que nous offrons à nos hôtes. Nous nous y attelons, aussi bien moi que mes collègues, le ministre de la Culture et le secrétaire d’Etat chargé de l’Environnement».

amel-karboul-ghriba-052014.jpgC’est l’une des réponses apportées par Amel Karboul, ministre du Tourisme, aux interrogations des journalistes étrangers (allemands, canadiens, français, britanniques et autres) participant à la conférence de presse organisée à l’occasion du pèlerinage annuel de la Ghriba à Djerba.

200 contrôles ont été effectués sur des unités hôtelières ces trois derniers mois pour s’assurer de la bonne qualité de service à offrir aux touristes, a tenu à préciser la ministre. «Je ne vais pas réinventer le monde du tourisme. Je veux tout juste œuvrer à ce que mon département s’implique plus et mieux dans l’amélioration des prestations pour redonner à la Tunisie son aura d’antan, et je tiens à repositionner mon pays sur l’orbite des civilisations millénaires et lui redonner sa dimension universelle. Il est bien entendu que tous les efforts que nous déploierons ne serviront pas à grand-chose sans la sécurité. Et tout le gouvernement Jomaâ en est convaincu. D’ailleurs les conditions sécuritaires se sont nettement améliorées ces derniers mois. Vous le constaterez de visu ici à Djerba lors du pèlerinage d’El Ghriba».

Votre pays a besoin de vous

La ministre est revenue sur ses dernières visites à l’étranger: «Je me suis déplacée nombre de fois en France et je compte visiter d’autres pays. Ce que je veux est que tout le monde sache que la Tunisie à besoin de tous ses enfants, qu’il s’agisse de ceux de confession juive qui viennent renouer avec leurs origines locales, ou de ceux musulmans qui se sont complus dans leurs lieux de résidences étrangères et ont perdu foi en leur pays. A tous ceux qui ont perdu la foi et ceux qui veulent la retrouver, je dis: “votre pays a besoin de vous“».

Amel Karboul a également appelé les Canadiens à visiter la Tunisie: «Le Canada pourrait être un marché intéressant pour nous et nous pourrions autant être un site original, rafraîchissant et riche en produits culturels et historiques pour les Canadiens».

Ramadan…

Le mois de ramadan ne doit plus être celui où l’on déserte la Tunisie mais plutôt celui où on l’a découvre. «Il y a beaucoup de vie durant ce mois dans toutes les rues, les anciennes cités et les régions du pays. Chacune de ces régions célèbre ce mois saint à sa façon mais en communion avec les autres et dans le même esprit. La Tunisie a la chance de bénéficier d’un grand brassage culturel. Celui qui veut vivre une ambiance authentique, se mélanger aux gens, satisfaire sa curiosité de connaître l’autre pourrait bien en faire l’expérience au mois du ramadan. Il ne le regrettera pas car le tourisme est une rencontre humaine. Il est entendu que nous n’irons pas jusqu’à exiger que nos hôtes se plient à nos rituels. Nous voulons mettre en place des programmes spécifiques destinés aux touristes qui viendront. Nous sommes en concertation entre ministères concernés à ce propos».

A la question «Qu’est-ce qui fait le succès d’Amel Karboul?». La réponse fut: «Nombreux sont ceux qui pensent que derrière moi il y a une grande machine médiatique, or ce n’est nullement le cas. J’ai autour de moi une petite équipe réduite que je tiens à remercier pour tous les efforts qu’elle consent pour donner une image plus éclatante du secteur. En fait, je pense que c’est le fait d’être moi-même qui fait que je sois la plus populaire. Je suis peut-être très directe, je ne suis pas dans le classique. Je prends les décisions que j’estime être les meilleures pour la destination. Ce qui est extraordinaires dans ce nouveau gouvernement, c’est le fait de ne pas avoir été élus. Cela nous permet d’évoluer dans un champ d’action beaucoup plus large pour faire ce qui est bon, utile et rentable pour notre pays sans nous plier à des contraintes d’ordre électoraliste ainsi que la liberté d’agir. Je vous jure, c’est une chance inouïe à laquelle ne peuvent pas prétendre beaucoup d’autres…»