Amel Karboul : «Le succès de la saison touristique dépend du succès du pèlerinage de la Ghriba»


karboul-26042014.jpgAmel
Karboul, ministre du Tourisme est revenue, vendredi 25 avril 2014, lors d’une
conférence de presse, sur la polémique suscitée par l’autorisation de touristes
israéliens à visiter le pays, sur la polémique qui a amené un groupe de députés
à demander à l’auditionner ainsi que celui délégué chargé de la Sécurité
nationale, Ridha Sfar.

Pour mémoire, selon le député Mongi Rahoui, les membres du groupe parlementaire
qui ont demandé cette audition sont ceux-là mêmes qui avaient rejeté, lors de
l’examen du projet de Constitution, «toute mention de criminalisation de la
normalisation avec Israël».

Comble de l’hypocrisie, Faycel Jadlaoui, un des initiateurs de la pétition
signée par 85 députés, est allé jusqu’à déclarer, lors d’un débat organisé sur
cette question par la chaîne Nessma Tv, que les pétitionnaires, loin de
perturber l’activité du gouvernement, entendent juste réclamer le licenciement
d’Amel Karboul.

Perez Trabelsi, chef de la communauté juive et président de la Ghriba, a déploré
cette fourberie populiste et déclaré, à Radio Shems Fm, que depuis toujours, une
moyenne de 300 israéliens munis de visas entrent en Tunisie pour accomplir, en
toute quiétude, les rites du pèlerinage de la Ghriba.

Réagissant, lors de la conférence de presse, à cette cabale montée par des
députés qu’Ahmed Brahim, président du parti Massar avait qualifiés de «désoeuvrés»
(leur mandat étant légalement achevé), Amel Karboul a apporté trois importants
éléments d’information.

Premièrement, il n’existe en Tunisie aucune législation claire qui interdit aux
touristes israéliens de visiter la Tunisie. Conséquence: leur séjour en Tunisie
est toléré selon l’usage, voire selon la tradition. C’est du moins ce que lui
avaient répondu les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur lorsque
son département avait sollicité des renseignements formalisés sur ce dossier.

Moralité : l’enjeu, pour elle, est aujourd’hui de formaliser ce type
d’autorisations.

Deuxièmement, l’interdiction, au mois de mars dernier, à une vingtaine de
croisiéristes israéliens de débarquer et son corollaire catastrophique, la
décision du croisiériste, la compagnie américaine «Norwegian Cruise Lines NCL»
d’annuler toutes ses escales en Tunisie ont impacté négativement l’image du
pays, d’où l’enjeu des autorisations accordées aux touristes israéliens à
visiter le pays.

Troisièmement, l’incident des croisiéristes israéliens refoulés a amené les
tour-operators à demander à son ministère des éclaircissements sur les
procédures à suivre pour les futures entrées d’Israéliens en Tunisie,
particulièrement lors du pèlerinage de la Ghriba dont le succès impacte,
toujours positivement, le reste de la saison touristique.

C’est pour cette raison que les ministères de l’Intérieur, du Tourisme, de la
Culture, des Affaires étrangères et des Affaires religieuses ont convenu de
conjuguer leurs efforts pour réunir toutes les conditions de succès à ce
pèlerinage qui aura lieu du 16 au 18 mai 2014.

Elle a ajouté que compte tenu de l’importance de cet évènement et de ces
incidences sur l’amélioration ultérieure de l’attractivité de la destination
Tunisie, trois ministres feront le déplacement à Djerba pour y prendre part. Il
s’agit du ministre des Affaires religieuses, Mounir Tlili (pour la première
journée), du ministre de la Culture, Mourad Sakli (pour la deuxième) et
d’elle-même (pour la journée de clôture, le 18 mai 2014).

Globalement, Amel Karboul, très sereine, estime que cette polémique est d’ordre
politique par excellence et concerne par conséquent les politiques. Quant à
elle, elle se veut avant tout technocrate au service du pays.

Au demeurant, cette polémique provoquée par des députés suicidaires et sans
lendemain politique constitue une opportunité pour s’interroger sur les missions
imparties aux institutions de l’Etat. Ainsi, si l’ANC entend être «dans son rôle
légitime» de contrôler l’activité des membres du gouvernement -en leur mettant,
ici, les bâtons dans les roues-, il est de bonne guerre qu’elle accepte d’être
contrôlée à son tour et de soumettre son rendement à l’évaluation populaire.