Ce que Tunisair préconise pour remonter la pente

Par : Tallel

Une année a été perdue dans la mise en place du plan de redressement qui avait été arrêté fin 2012 et discuté avec le gouvernement depuis février 2013. Le premier CIM consacré à l’examen de la situation financière de Tunisair s’était tenu le 27 février 2013. Il avait été suivi par un autre CIM le 2 avril 2013 et c’est ce dernier qui a pris une panoplie de décisions qui n’ont malheureusement pas été toutes appliquées. Depuis le 6 septembre 2013, la direction générale de Tunisair a sollicité la tenue d’un CIM pour l’examen de la situation de la compagnie mais sans résultat jusqu’au 20 février 2014 qui a vu la création d’un comité pour traiter d’urgence la situation pour préserver l’année 2014.

Les trois volets du plan d’action de la compagnie

1) Réduction des dettes : depuis le 30 juin 2012, Tunisair a gelé ses dettes au niveau de l’OACA à travers un accord signé par le ministre du Transport et le PDG de l’OACA en attendant une décision gouvernementale. Le CIM du 2 avril 2013 a décidé la prise en charge par l’Etat de cette dette qui est de 165 millions de dinars, bien que celle-ci ait été provisionnée au niveau de l’OACA. La concrétisation de la décision n’a pas eu lieu à cause d’un problème juridique. Le dernier CIM du 20 février a décidé de résoudre la question en plus de l’annulation des pénalités de retard y afférentes.

2) Réduction des engagements (investissements). En 2008, Tunisair a signé avec Airbus un contrat portant sur l’acquisition de 10 Airbus A.320 et 6 gros porteurs (3 A330 et 3 A350) sur le principe que les 3 A350 remplaceront les A330. Sauf que dans ce contrat, aucune clause de reprise des A.330 par le constructeur n’a été introduite, sachant que le délai intermédiaire des livraisons était de 6 ans, ce qui pose le problème du devenir des A330 après 6 ans d’utilisation puisque l’entreprise n’a pas besoin de 6 gros-porteurs (elle n’a besoin que de 2 ou 3 avions de grande capacité). De plus, il s’agit d’un contrat qui n’était pas accompagné d’un plan de financement malgré le montant très élevé de la commande : 1250 millions de dollars. En 2008, la situation de l’entreprise était saine et dégageait des bénéfices et les horizons étaient favorables. Entre-temps la commande de l’A340 avait été passée avant que n’éclate la révolution en 2011 avec toutes ses conséquences.

Durant la période qui suivit, la compagnie a été incapable d’honorer ses engagements et a reporté certaines échéances. Toutefois, ces mesures ont été insuffisantes et il a fallu réduire cette enveloppe d’engagements. C’est ce qui a été fait en 2013: en renégociant avec Airbus, il a été procédé à l’annulation de la commande portant sur les 3 Airbus A350, générant une réduction de 407 millions de dollars sur les engagements pris. Tunisair a également renégocié certaines clauses du contrat, notamment le plafonnement de la formule de révision renégociée à hauteur de 3% maximum; ceci a permis de réduire certains frais; Tunisair a également négocié certaines réductions sur les A.330, négocié aussi certains équipements sur les A320 dont la livraison est à venir, tout ceci pour réduire l’enveloppe des engagements.

3) Réduction des charges : entre autres par le biais de réduction de l’effectif puisque Tunisair Groupe a un ratio de personnel par avion qui dépasse de loin le standard international, c’est pourquoi il a été préconisé depuis 2012 le départ de 2000 agents dont 300 départs à la retraite sans remplacement et 1700 départs à la retraite anticipée, programme qui aurait dû démarrer en 2013 mais jusqu’à présent n’ a pas été entamé dans son volet ’’départs à la retraite anticipée’’ et ce en attendant l’aval du gouvernement. Celui-ci a été sollicité pour prendre en charge 75% des primes de départ qui seront accordées au personnel concerné, soit 52 MDT, tandis que la Compagnie supportera les 23 MDT restants puisé sur son fonds social.

D’autres mesures seront arrêtées par le prochain CIM dont, notamment:

– Révision de la méthode de comptabilisation des charges aéroportuaires sur les compagnies aériennes résidentes sans porter préjudice aux intérêts de l’OACA et ce afin d’alléger le poids des fluctuations du change.

– L’Etat garantit les prêts que la compagnie envisage de contracter afin de lui permettre de poursuivre son plan de renouvellement de flotte.

En contre-partie, Tunisair s’engage à démarrer un plan d’étude stratégique par le biais d’un cabinet d’expertise extérieur qui élaborera un scénario de rétablissant des équilibres financiers de la Compagnie, mais aussi pour le développement de ses activités, la rationalisation de ses dépenses, l’amélioration de ses services et de sa rentabilité. Tunisair s’engage également à entamer l’exécution d’un plan concret pour améliorer ses services et notamment ce qui concerne le respect des horaires de vols et l’amélioration des prestations aussi bien au sol qu’en vol (accueil, enregistrement, catering et transport de bagages).